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Le lac Cree, trésor de la Saskatchewan

Il y a quelques endroits dans le monde où la nature est vierge et presque originelle, où la main de l’homme n’a quasiment pas fait de dégâts et où des trésors vous attendent. Le lac Cree fait partie de ces pépites… Nous revoilà parti avec mon ami Cyril Chauquet dans une nouvelle aventure et un nouvel endroit. Après de nombreuses péripéties et voyages ensemble à travers le monde, cette fois-ci, c’est un peu le retour aux sources… direction le nord du Canada. Coïncidence heureuse, ce voyage se déroule exactement dix ans après notre première aventure ensemble au lac Mistassini, au Québec. Cet endroit m’a tellement marqué que j’y organise chaque année un voyage, et, chaque année, je vis un rêve éveillé entouré de brochets géants… Mais cette nouvelle destination semble aussi prometteuse d’après le récit de Cyril, et c’est donc plein d’espoir et d’enthousiasme que nous partons en direction du Grand Nord canadien, dans la province de la Saskatchewan. Le lac Cree nous attend.

Ce lac est situé au sud du grand lac des Esclaves, qui est sans doute l’un des plus célèbres lacs pour pêcher d’énormes brochets et des truites grises. Plus petit que celui-ci, d’une longueur de 81 km et d’une largeur maximale de 57 km, ce lac est le quatrième plus grand de la Saskatchewan. Il comprend de nombreuses îles, dont une qui abrite la localité de Cree Lake. Présentant les mêmes caractéristiques que le grand lac des Esclaves mais en version réduite, il semble aussi productif. En effet, les nombreux récits de pêcheurs ayant capturé d’énormes truites grises (cristivomer) et des brochets géants dans ce lac laissent rêveurs.

Après un long voyage, l’arrivée en hydravion reste grandiose.
Crédit photo : Cyril Gressot

Une longue route avant d’arriver au paradis

Pour y aller, il faut d’abord rejoindre Calgary puis prendre un avion pour Fort Mac Murray et enfin, un hydravion pour le trajet final afin d’atteindre Cree Lake, à environ 260 km au nord de cette ville. Le voyage depuis la France est très long, plus de 30 heures, avec les temps d’attente. Mais quand on aime… Ce lac est ponctué d’îlots et de plages de sable fin qui font parfois penser aux Caraïbes. En effet, l’eau est transparente, et sa couleur a des reflets verts en certains endroits qui rappellent les îles lointaines, ce qui est particulièrement dépaysant en eau douce.

Les jeunes propriétaires
Crédit photo : Cyril Gressot

Ce sont deux frères, Adam et Brandon (les propriétaires de la pourvoirie), qui nous accueillent sur le quai à la sortie de l’hydravion. Cette pourvoirie est une histoire de famille. Ils l’ont acheté il y a onze ans avec leur père, et ils la gèrent tous les deux aujourd’hui avec femmes et enfants. Dès la sortie de l’hydravion, nous constatons une parfaite organisation. Simple mais efficace. Nos bagages sont récupérés et directement emmenés dans nos chalets qui nous attendent. Aucun luxe, mais tout est fait pour le confort des pêcheurs. Chaque chalet possède entre trois et quatre lits ainsi qu’une salle de bains privative et des toilettes. Nous en avons largement assez. Les repas sont servis dans une grande salle commune ; les boissons sont incluses.

Les chalets rustiques de Cree Lake
Crédit photo : Cyril Gressot

Les bateaux sont des Crestliner de 18 pieds, tous équipés de moteur puissant, et les guides indiens connaissent le lac comme leur poche. Un guide local pour deux pêcheurs, telle est la formule proposée. Notre guide pour la semaine sera Howard, un natif de cette région qui sera parfait durant les cinq jours de guidage. Tous les matins, le départ se fait à 8 heures et le retour à 18 heures, avec à midi une pause shore lunch ou sandwich (formule au choix suivant votre niveau d’acharnement…). Avec Cyril, nous voyons rapidement le professionnalisme et la rigueur, car nous avons l’habitude d’autres camps où l’organisation est beaucoup moins efficace.

Enorme grise de 44 lbs
Crédit photo : Cyril Gressot

Un début tonitruant

Le premier jour donne le ton. Nous décidons d’aller traquer les truites grises, car le temps particulièrement clément nous incite à essayer une nouvelle technique de jigging avec des leurres souples. Nous prospectons le lac à l’aide de l’échosondeur et, dès que nous voyons un écho, nous descendons nos leurres souples juste en dessous. La technique est assez simple, un leurre souple de 12 à 15 cm avec une grosse tête plombée d’au moins 30 g pour descendre très vite. Les touches se succèdent, et les belles truites grises comprises entre 3 et 5 kg s’enchaînent. À peine une heure après avoir commencé, j’enregistre une énorme touche qui m’arrache presque la canne des mains. Je dis immédiatement à Cyril qu’il s’agit d’un beau poisson. Les coups de tête et la lourdeur ne laissent aucun doute. Je prends mon temps, car je ne veux pas perdre ce poisson. Le combat s’éternise et, au bout de dix minutes, nous voyons apparaître en surface quelques bulles qui indiquent que le poisson est en train de monter. L’eau est tellement transparente que je l’aperçois à une dizaine de mètres de profondeur. J’identifie immédiatement une truite grise d’au moins 1 m. Je laisse éclater ma joie. Elle apparaît en surface, et nous voyons ce magnifique trophée, tout simplement énorme pour une truite. Nous sommes ébahis devant ce monstre. Elle rentre à peine dans l’épuisette. Nous la mesurons, elle fait 42 pouces, soit environ 1,07 m, équivalent du record du monde IGFA actuel. Je suis stupéfait devant une telle beauté et saute immédiatement dans les bras de mon ami Cyril avec lequel je profite pleinement de cet instant magique. La robe est magnifique et le poisson bien gras. Notre guide nous annonce un poids autour des 44 lbs, soit 20 kg tout rond… Incroyable ! Nous poursuivons toute la journée la traque de ces magnifiques poissons. Cyril capture un très beau poisson d’environ 30 livres, et j’en ferai un autre aux alentours de 25 livres. Nous ne comptons pas les plus petits poissons. Nous rentrons au camp avec un sourire immense, ravis et comblés de cette première journée qui laisse entrevoir les possibilités énormes de ce lac.

Notre guide, Howard
Crédit photo : Cyril Gressot

Un deuxième jour sous le signe du brochet

Le temps est au beau fixe, et Cyril décide de pêcher le brochet à la mouche. Les conditions sont parfaites pour cela. Pas de vent et des baies peu profondes avec des poissons localisés près des bordures. Je pêche derrière avec différents leurres souples. Cyril fait un véritable festival de brochets compris entre 70 cm et 1 m. Il est comme un fou, car c’est la pêche qu’il préfère. Toutes les pêches à vue sont en effet les pêches les plus excitantes pour nous. Habitué à pêcher les bonefishs sur les flats en Floride ou les truites et saumons canadiens, Cyril s’éclate littéralement sur ces brochets qui se jettent comme des fous sur ses mouches. Il est comme un enfant. Je m’arrête d’ailleurs de pêcher et en profite pour le regarder et le filmer, car le spectacle est passionnant.

Brochet à la mouche pour Cyril.
Crédit photo : Cyril Gressot

Un shore lunch émouvant…

Le shore lunch (repas sur la berge) est toujours un moment exceptionnel, car observer le guide préparer ce repas au milieu de nulle part est une expérience unique. Le voir partir dans la forêt avec sa hache, couper un arbre et le débiter en petites bûches puis faire un feu en quelques minutes avec une aisance déconcertante, découper ensuite les filets de poisson, les pommes de terre et faire cuire tout cela avec des oignons et des haricots rouges, pour enfin déguster tout ceci, c’est une aventure que je conseille à tout le monde. Nous avons eu la chance de vivre très souvent ces moments avec Cyril, mais celui-ci fut sans doute le plus émouvant que nous ayons connu. En effet, notre guide Howard, sans que nous sachions trop pourquoi (sans doute se sentant en confiance avec nous) nous a raconté son enfance. Arraché à l’âge de 5 ans à ses parents par des prêtres sous le prétexte de lui enseigner la langue anglaise, il a vécu l’enfer… abus en tout genre, privation, punition pour lui faire oublier sa langue natale et ses traditions. Les larmes nous sont montées avec Cyril, son récit étant tellement insoutenable. Je retiendrai sans doute ce repas et ce récit comme le moment le plus important de ce voyage. Je n’ai jamais eu l’occasion de vivre un tel moment dans une autre aventure, et c’est pour cela que je tenais à le mentionner… Autant vous dire qu’après cette confession, nous avons eu du mal à pêcher et à penser à autre chose, les poissons étaient loin d’être notre préoccupation ! Nous avons continué malgré tout à pêcher, mais en mode dilettante. Plusieurs brochets sont venus jouer avec nous, mais la tête n’y était pas…

Magnifique brochet du Cree Lake.
Crédit photo : Cyril Gressot

Une troisième journée en mode mix

Nous décidons avec notre guide de consacrer une demi-journée à la truite, puis une demi-journée au brochet… le luxe ! Nous allons dans un endroit différent du premier jour pour rechercher les truites grises. Le lac est plat, aucun vent et aucune dérive. Nous pêchons en plein milieu du lac sur des fonds d’environ 70 pieds. La pêche est moins facile que le premier jour, mais plusieurs beaux poissons d’environ 5 kg sont remontés à la surface. Il n’y aura malheureusement pas de gros poissons ce jour-là. Nous décidons vers midi, après un succulent shore lunch, d’aller traquer les brochets dans une petite baie où nous emmène Howard. Contrairement au lac Mistassini, la pêche peut être quelques fois un peu plus technique et difficile. Même au paradis, il faut savoir se remettre en question ! Ici, impossible de pêcher uniquement avec des cuillers ou des leurres durs (type jerkbaits), car l’eau translucide rend les poissons méfiants (même s’ils ne voient pas beaucoup de leurres !). Les leurres souples sont donc indispensables et font souvent la différence. La pêche en finesse peut même rapidement s’imposer lorsque l’on pêche les herbiers dans 50 cm d’eau… Le pattern est assez comparable à la pêche en France, slug en finesse sur les bordures pour les poissons à vue et gros leurres souples dans les zones plus profondes. Cette technique nous permettra d’enchaîner les brochets, dont deux ou trois poissons métrés, mais rien d’exceptionnel pour un tel endroit. Nous venons tout de même de vivre une nouvelle journée au paradis et en avons bien conscience…

Jolie grise de 25 lbs.
Crédit photo : Cyril Gressot

Un quatrième jour pluvieux mais heureux

Nous nous réveillons et constatons que la pluie est au rendez-vous ce matin. Il y a pas mal de vent, ce qui nous empêche d’aller pêcher les truites grises. Cela ne nous pose évidemment aucun souci, et nous partons joyeux vers des coins à brochets. Nous savons pertinemment que ce genre de temps est propice pour nos amis les pike. Howard nous conduit dans une baie un peu plus éloignée du camp, à environ dix minutes de bateau. Malgré le clapot, ce trajet est une formalité pour le Crestliner qui ne tape pas trop et, surtout, qui ne mouille pas. Nous arrivons donc en forme sur le spot d’Howard. Nous sommes étonnés de le voir s’arrêter à environ une cinquantaine de mètres du bord. Habituellement, nous pêchons plutôt les bordures, mais il semble que là, le poisson soit largement décalé. Je commence à prospecter avec un gros leurre souple de plus de 20 cm en dandinant du fond vers la surface, lentement. La sentence ne se fait pas attendre longtemps. Je suis littéralement stoppé dans ma descente par une touche très violente. Je crois que j’ai trouvé le bon leurre. Cyril ne tarde pas à me suivre, et les poissons de plus d’1 m s’enchaînent les uns derrière les autres. Nous faisons plusieurs doublés de poisson entre 100 et 115 cm, ce qui nous ramène dix ans en arrière lorsque nous étions allés pour la première fois ensemble sur le lac Mistassini. Nous nous éclatons comme des enfants… Le temps défile malgré la pluie et les conditions un peu difficiles. Durant plus de trois heures, nous allons sortir environ 25 brochets métrés, dont plusieurs compris entre 1,10 m et 1,20 m. Cela nous semble impensable, voire indécent pour un pêcheur européen et difficile à raconter… Nous rentrons au camp repus et fêtons cette magnifique journée autour de quelques verres ; puis nous nous endormons comme des bébés, avec des images de brochets géants plein la tête…

Les embarcations sont confortables et passent bien la vague.
Crédit photo : Cyril Gressot

Un dernier jour de folie

Nous demandons à Howard de nous ramener au même endroit que la veille. À peine arrivés dans cette baie qui nous avait valu d’énormes brochets, nous commençons dès le premier lancer un véritable festival de géants. Le vent qui souffle assez fort et la pluie qui tombe ne nous dérangent pas le moins du monde, bien au contraire, car nous savons que c’est le temps idéal pour les brochets. Nous sommes littéralement en furie avec Cyril, une véritable euphorie. Nous enchaînons les brochets de plus d’un mètre les uns derrière les autres. Les poissons sont tous monstrueux, compris pour la plupart entre 1,15 m 1,20 m. Nous ne prenons pas le temps de faire la moindre photo, trop pris par la passion et le plaisir de l’instant. Au milieu de ce festival, Cyril capture un nouveau poisson qui nous semble encore plus gros que les autres. Le guide décide alors de le mesurer. Rapidement, il s’en saisit et prend la mesure le long de sa jambe avec une règle verticale. Il nous annonce 49 pouces et le remet immédiatement à l’eau. Une nouvelle fois, nous n’avons même pas pris la peine de le prendre en photo, tellement emportés par l’enchaînement des touches.

Un lac où les doublés de gros brochets sont choses courantes
Crédit photo : Cyril Gressot

Et on continue à pêcher… Deux minutes après, Cyril se retourne vers moi et me dit que lorsque Howard a mesuré le poisson, la queue touchait le sol et était recourbée avec au moins un ou 2 pouces de plus. Nous calculons rapidement et prenons conscience que le poisson faisait au minimum 51 pouces, soit plus de 130 cm. Nous rigolons tous les deux de ne pas avoir pris le temps de mesurer correctement ce poisson ni même de le prendre en photo, pris par cette folie de poisson. Mais c’est peut-être cela la vraie pêche, sortir du concours, de la mesure et des photos, juste vivre le moment présent pleinement. Profiter tout simplement d’un moment unique. Nous avons tellement pris de gros poissons ce jour-là que nous n’avions plus aucune notion de taille ni de nombre. Pensant tous les deux à la difficulté de prendre un poisson record en France ou dans bien des pays, le mot « indécent » nous vient à l’esprit après ce que nous venons de vivre. Une chose est sûre, même si nous n’avons pas mesuré un seul poisson ni pris une seule photo, nous avons conscience d’avoir vécu un moment exceptionnel qui restera gravé à jamais. Le lac Cree est sans aucun doute l’un des meilleurs lacs au monde pour les truites grises et les brochets. Nous en sommes certains. En cinq jours, nous n’avons pêché qu’une infime partie de ce lac et nous avons vécu des scènes incroyables. Aucun doute, nous allons revenir pour explorer le reste…

Le Cree Lake Lodge

Adam et Brandon Schreiber ainsi que leur famille sont propriétaires du légendaire Cree Lake Lodge depuis 2009. Au fil des ans, ils ont travaillé sans relâche pour améliorer l’hébergement et l’équipement offerts à leurs clients, avec notamment la rénovation du pavillon principal en 2018. Le lac Cree est un endroit exceptionnel, et la famille Schreiber s’engage à contribuer à son statut légendaire et à faire en sorte que votre expérience de pêche soit inoubliable. Situé sur une longue péninsule à l’extrême nord du lac, le pavillon principal et les chalets offrent une vue spectaculaire sur le lac. Les hébergements du Cree Lake Lodge sont rustiques, mais avec le confort nécessaire pour se détendre après une longue journée de pêche. Le pavillon principal abrite la cuisine et la salle à manger principale. Tous les soirs, les clients savourent une copieuse cuisine nordique faite maison. Les hébergements se composent de cinq chalets confortables, chacun avec salle de bains privée et douche. Les cabines varient en taille, pouvant accueillir de deux à six personnes. Les bateaux sont tous des Crestliners de 18 pieds, avec une plate-forme de lancer et des moteurs 4 temps de 60 CV conçus pour affronter des conditions difficiles. La saison débute en juin et se termine en septembre.

 

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