Les sites du groupe Info6TM

La température de l'eau

La température d’un milieu aquatique est un élément fondamental pour son bon équilibre.

Crédit photo Jean-Baptiste Nurenberg
La température qui règne dans un milieu aquatique, et surtout ses variations dans le temps, sont des données essentielles qui régissent toute la vie de la flore et de la faune présentes. Tous les poissons n’ayant pas les mêmes besoins, en oxygène notamment, n’y réagissent pas de la même façon.

Avant de concerner directement les poissons, la température de l’eau influence le milieu aqua tique lui-même. La présence de certains éléments est d’une importance capitale pour tout être vivant dans l’eau. C’est le cas de l’oxygène, gaz faiblement soluble dans l’eau, dont les concentrations de saturation évoluent en fonction de cette température. Plus elle s’élève, plus la saturation en oxygène diminue. C’est à 8°C que cette concentration est maximale (12 mg/l). À 25°C, elle descend à près de 8 mg/l. Or, chaque espèce possède ses exigences particulières en matière d’oxygène. S’il tend à manquer, l’impact est important sur la vie des poissons, quel que soit leur âge. 

Des températures basses et un beau courant donnent des eaux riches et saturées en oxygène. Des conditions qui vont convenir parfaitement à bien des salmonidés.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

De la truite au silure 

La truite par exemple (comme tous les salmonidés) est une espèce dont les besoins en oxygène sont importants. En dessous de 5 mg/l, elle est en état de stress. C’est pourquoi on la trouve dans les eaux fraîches et très saturées. À l’opposé, un poisson comme le silure est capable de coloniser des milieux aux concentrations très basses, jusqu’à 1 mg/l. 

Certaines espèces exotiques, comme ici cette coryphène, ont profité du réchauffement climatique pour étendre leur aire de répartition.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

La qualité de l’eau 

Si on peut considérer qu’un excédent en oxygène n’est finalement pas une mauvaise chose pour le milieu aquatique, une trop forte concentration de certains éléments peut avoir des effets néfastes sur la qualité d’eau. C’est ce que l’on observe durant le cycle de l’azote, processus très important dans le milieu aquatique que les aquariophiles connaissent bien. Une température élevée favorise l’augmentation du taux d’ammoniac (NH3) dissout, toxique pour tous les poissons. 

Une température d’eau élevée va favoriser une eutrophisation en général très néfaste.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Les aires de répartition

Contrairement à nous, les poissons sont presque tous (voir encadré) des animaux poïkilothermes (à sang froid), incapables de réguler leur température corporelle, égale à celle du milieu. Ils subissent donc directement chaque fluctuation thermique, quotidienne ou saisonnière. Suivant les espèces, les tolérances face à ces variations diffèrent considérablement. Les poissons dits eurythermes (carpe, silure, black-bass, par exemple) supportent d’importantes variations de température. À l’opposé, ceux que l’on qualifie de sténothermes (truite notamment) sont beaucoup moins tolérants. La température est en fait une véritable barrière naturelle, jouant un rôle prépondérant dans l’étendue et l’évolution de l’aire de répartition de chaque espèce. Les pêcheurs en mer connaissent parfaitement ce phénomène qui, avec le réchauffement climatique, favorise l’arrivée de nouvelles espèces sur leurs spots habituels tandis que d’autres régressent. Cette dépendance totale à la température conduit à une variation de l’activité métabolique des poissons. L’élévation thermique a pour réponse une accélération du métabolisme qui, à un certain stade, devient optimale pour la croissance. Ainsi, un poisson qui grandit plus vite digère plus vite et donc mange plus. Cela explique la saisonnalité des pics d’activité, sachant qu’on a démontré que les poissons occupent instinctivement l’habitat dont la température est la plus propice à leur croissance. Chez le brochet adulte, par exemple, la plage propice au grossissement va de 10 à 24°C. Ces valeurs évoluent et sont différentes suivant le stade d’évolution de l’individu (embryon, larve, juvénile, adulte). Dans certains cas, l’équilibre thermique peut être très fragile car l’accélération du métabolisme exige des besoins en oxygène supérieurs, sachant que sa concentration diminue avec l’élévation de la température. Pas simple, en effet… 

La température a un impact direct sur les pics d’activité des poissons.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

L’incubation des œufs 

D’une rivière, d’un lac ou d’une année à l’autre, l’incubation des œufs de poisson est très variable, totalement liée à la température. C’est la raison pour laquelle on compte la maturation des œufs en degré-jour. Pour ce qui concerne la truite, la durée totale d’incubation est d’environ 400 degrés-jours. Cela signifie que dans une rivière à 10°C, il faudra près de 40 jours pour observer l’éclosion des larves vésiculées. Ce temps sera doublé (80 jours) si l’incubation a lieu dans une eau à 5 °C. Pour le brochet, ce temps est beaucoup plus court, de l’ordre de 120 degrés-jours (12 jours dans une eau à 10°C). L’incubation est encore plus rapide chez de nombreuses espèces de poissons blancs, 60 degrés-jours, par exemple, pour la carpe. 

La température peut aussi bien dynamiser que restreindre les capacités d’un poisson à grandir et grossir.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

La reproduction

Les poissons sont très sensibles aux variations thermiques, capables de ressentir un écart de l’ordre de 0,01 °C. Cette faculté est loin d’être un hasard puisque la température de l’eau a une influence capitale sur le cycle menant à la reproduction, processus étroitement lié aussi à l’évolution de la photopériode. Ainsi, chaque espèce est saisonnièrement réglée et se reproduit à une période précise. Quand la truite apprécie la fin de l’année, le sandre et le black-bass préfèrent le printemps. La reproduction n’est en fait que l’ultime étape d’une longue préparation engagée dès l’augmentation ou la baisse de température du milieu. Ce signal provoque des stimuli qui pourront déclencher la maturité sexuelle, la production des gonades ou, plus simplement, migrations, regroupements ou préparation d’un espace de ponte. Très souvent, chacune de ces grandes étapes, notamment celle de la ponte, est provoquée par un choc thermique. 

Les pathologies sont souvent saisonnières et nombreuses avec des cycles très liés à la température de l’eau.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Les maladies

Comme l’air, l’eau est aussi un vecteur de propagation de maladies, les poissons étant des cibles parfaites. Dans la majorité des cas, un individu infecté vit sans qu’aucun trouble particulier soit visible, surtout s’il est à la base en pleine santé. D’abord porteur sain donc, c’est souvent suite à une phase de stress ou de déséquilibre que l’affection se déclare. Et chaque saison a ses pathologies, sachant que la température est souvent à l’origine de l’apparition puis de la propagation d’une maladie. C’est ainsi qu’on arrive à prévoir certains épisodes chaque année. Bactérie, virus, champignon ont, comme les poissons, leurs exigences particulières, certaines températures repères dynamisant leur expansion sur l’hôte ou au sein du milieu aquatique.

C’est souvent un choc thermique qui déclenche le processus complexe de la reproduction.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

 

A sang chaud

Les poissons sont des animaux dits à sang froid, mais on connaît quelques exceptions à sang chaud. C’est le cas, par exemple, du thon rouge ou du grand requin blanc. Selon les études les plus récentes, il semblerait que cette capacité de pouvoir réguler leur température corporelle rendrait ces prédateurs meilleurs nageurs pour leurs longues migrations et lorsqu’ils chassent.

Suivant le niveau de température du milieu, la durée d’incubation des œufs est variable.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

Biologie – Environnement

Magazine n°917 - octobre 2021

Biologie - Environnement

Biologie - Environnement

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15