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Les chiffres du chevesne

Le chevesne est sans doute le cyprinidé le plus répandu et le plus populaire des eaux françaises. Mais certains de ses traits de caractère écologiques et biologiques sont encore assez méconnus de beaucoup de pêcheurs. Zoom sur les chiffres clés de ce blanc-carnassier si familier.

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Si le chevesne fait partie de ces poissons possédant une ribambelle de noms vernaculaires, le nom latin, lui, est unique et universel. Il a longtemps porté celui de Leuciscus cephalus, que lui attribua Linné en 1766, après sa description. Mais en 2008, le chevesne a été déplacé vers le genre Squalius, terme scientifiquement plus approprié à l’espèce… Malgré cet isolement taxonomique, le chevesne côtoie dans les eaux françaises de proches cousins : l’ide mélanote, l’aspe et la vandoise. Plusieurs cas d’hybridation avec cette dernière ont d’ailleurs été déjà observés.

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Notre chevesne est aujourd’hui l’une des espèces les plus abondantes du réseau hydrographique français, avec une répartition spatiale très large. Ses qualités d’adaptation lui facilitent grandement la tâche et on le retrouve peuplant et colonisant des milieux différents et variés. Ces dernières décennies, le réchauffement climatique a facilité son implantation dans de nombreux cours d’eau et on retrouve le chevesne dans tous les départements français, excepté trois territoires : le Finistère sur la pointe bretonne, le Nord, les Landes. Cette absence est certainement le fruit de l’histoire géologique et climatique de notre pays. Même l’isolement de la Corse n’a pas suffi à lui éviter son introduction récente, volontaire ou non, dans l’un de ses cours d’eau.

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Le chevesne est l’espèce d’eau douce possédant de loin la plus grande élasticité écologique. Omnivore, opportuniste invétéré, il est capable de se délecter en une seule et même journée de végétaux, fruits, poissons, mollusques, insectes, pain, etc. Cette faculté est couplée à une rusticité exceptionnelle qui lui permet de peupler une multitude d’habitats très différents. Le chevesne peut par exemple supporter une eau acide (pH 6) ou basique (pH 8). Idem pour sa tolérance aux variations de températures d’eau qui peuvent aller de 4 à 25°C. Si son biotope de prédilection est en gros l’équivalent de celui du barbeau commun, son caractère pousse le chevesne à s’acclimater à la vie en rivière, en canal, en lac et même en estuaire, tout en accomplissant, avec plus ou moins de facilité, son cycle biologique.

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Le territoire français est le pays le plus à l’ouest de l’aire naturelle de répartition du chevesne qui s’étend vers l’est sur les pays de l’hémisphère nord. On trouve le chevesne sur une vaste zone allant de la France jusqu’aux confins du nord de la Russie. Au total, pas moins de 31 pays l’abritent naturellement. On le trouve aussi en Angleterre, les pêcheurs au moulinet adorant pêcher le chub. Cependant dans trois pays où il a été introduit – Espagne, Italie et Croatie –, il est considéré comme nuisible et même invasif.

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Comme de nombreux cyprinidés, le chevesne se reproduit au printemps, dès lors que la température de l’eau dépasse 15°C. C’est à ce moment qu’il est possible d’observer des regroupements de plusieurs dizaines d’individus sur les radiers peu profonds des rivières. Bien qu’il apprécie les zones de courant, ses faibles exigences font qu’il lui est possible de pondre en l’absence de brassage. Cette élasticité se ressent aussi dans le choix des supports de ponte, très variés, végétaux ou graviers. Le chevesne est en effet phyto-lithophile. La forte adhésivité de ses œufs garantit leur fixation sur ces substrats variés. Une femelle est capable de pondre plusieurs dizaines de milliers d’œufs, environ 50 000 par kilo. L’éclosion est rapide avec une incubation de trois jours dans une eau à 18°C.

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Si le chevesne abonde, les grands sujets sont de manière générale assez rares. Ce n’est pas un hasard : même si le milieu est riche et les conditions physico-chimiques favorables, la croissance du chevesne est pour le moins lente. Et pour cause, il est établi qu’il faut près de sept ans pour qu’un sujet atteigne une quarantaine de centimètres. Mais le chevesne fait preuve d’une longévité importante, surtout chez les femelles. Si celle des mâles plafonne à neuf ans, les femelles sont susceptibles de vivre près de treize ans pour atteindre une taille proche de 65 cm. On rapporte même l’existence d’un poisson hors norme de près de 8 kg dont l’âge a été estimé à 22 ans (il s’agissait probablement d’un individu maintenu en captivité). Cette exceptionnelle force de l’âge s’accompagne d’une maturité sexuelle plutôt tardive et assez rare chez les cyprinidés : deux ans pour les mâles et trois pour les femelles.

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L’info ne date pas d’hier mais étonne toujours. En 2007, une vaste révision taxonomique en Catalogne, française et espagnole, a mis en évidence la présence d’une espèce nouvelle et endémique à ce territoire transfrontalier : le chevesne catalan (Squalius laetanus). À première vue, la distinction entre ces deux espèces est loin d’être évidente. Ce proche cousin catalan se distingue par sa bouche plus petite et orientée vers le bas, mais aussi par une pigmentation spécifique au niveau des écailles. Des études moléculaires ont parallèlement confirmé la réalité de la distinction de ces deux espèces. En France, l’aire de répartition de ce second chevesne semble surtout limitée à quelques cours d’eau des Pyrénées-Orientales, en particulier l’Agly et le Tech.

Attention aux vifs

Le chevesne est très capable de coloniser des milieux totalement improbables. Sa présence peut même devenir préoccupante pour tous ceux qu’il colonise. Par exemple, c’est le cas dans de nombreux lacs de montagne alpins et pyrénéens où on le retrouve parfois au-dessus de 2 000 m d’altitude ! La cause ? Les pêcheurs de truites au vif ou au manié qui, à la fin de leur sortie, vont relâcher sans précaution leurs appâts dans les eaux lacustres.

 

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Biologie – Environnement

Magazine n°911 - avril 2021

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