Les sites du groupe Info6TM

Anatomie d'un shad

Crédit photo Michel Tarragnat
Le comportement et la nage du plus connu de tous les leurres souples, le shad, sont liés à un ensemble de paramètres qui font que tel ou tel modèle est plus ou moins adapté à tel ou tel type d’utilisation. Et si on comprend bien les mécanismes qui le mettent en mouvement, on peut choisir alors en connaissance de cause.

Afin de bien choisir un shad pour une utilisation spécifique (verticale, traction, lancer-ramener), il faut comprendre comment il fonctionne et l’incidence qu’ont la forme du corps, de la queue, la texture de la gomme dans sa manière d’évoluer. La meilleure façon d’acquérir ces connaissances consiste à observer le comportement de différents modèles, de formes variées, et de les comparer. Le problème est que les mouvements de nage sont tellement rapides qu’on n’a qu’une vague idée de ce qui se passe réellement. Il existe une façon pour contourner cette difficulté : faire nager le leurre à côté d’un bateau à différentes vitesses (relevées au GPS), filmer la nage sous l’eau puis visionner la séquence au ralenti, à une vitesse assez lente pour décomposer les mouvements. Il devient alors facile de comparer la nage en fonction de la vitesse de progression. C’est ce que je me suis amusé à faire avec une trentaine de modèles! Voici donc le résumé de ces investigations. Même s’il n’existe pas deux shads identiques, on s’aperçoit malgré tout qu’il y a de réelles grandes lignes.

La forme du flap caudal –que l’on peut appeler aussi paddle– est l’un des éléments qui vont déterminer l’évolution du shad.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les trois parties

Un shad classique est composé de trois parties: corps, flap caudal (partie mobile de la queue) et pédoncule caudal, qui relie les deux. En jouant sur ces trois parties ainsi que sur la dureté de la gomme, on détermine sa nage.

Le corps : sa forme joue surtout sur la silhouette (mince, trapue) et le volume d’eau déplacé. Mais elle a aussi une incidence sur le rolling. Un rétrécissement ou une segmentation du leurre favorisent les mouvements de queue latéraux (effet godille).
Le pédoncule : sa longueur et sa section influent sur la liberté de mouvement du flap. Long et fin, il facilite la nage à faible vitesse mais au détriment de la solidité et de l’intensité des vibrations.
Le flap : c’est la partie mobile, un peu le «moteur » du leurre. Sous la pression de l’eau, il crée le mouvement et les vibrations. C’est également lui qui provoque le fameux mouvement de rolling

La gomme

Commençons par le plus simple : la dureté de la gomme. On sait que plus celle-ci est tendre, plus le shad nage facilement, au détriment de sa solidité. C’est exact mais demande à être nuancé. Une gomme très tendre est surtout intéressante dans deux cas de figure: si on pêche très lentement ou en utilisant le montage texan. Dans ce dernier cas, c’est simple : une gomme trop dure compromet la qualité du ferrage et occasionne des ratés, notamment dans le cas d’un corps plein. Avec un corps fendu, c’est déjà moins critique. Pour ce qui concerne la vitesse, une gomme tendre permet au flap caudal de se mettre en mouvement à plus faible vitesse, quelle que soit sa forme. Parmi mon échantillonnage de shads, aucun ne nageait correctement à moins de 1km/h, et six seulement nageaient entre 1 et 1,2km/h, autrement dit entre 28 et 33cm/s, ce qui est très lent. Pour donner une idée, si vous employez un moulinet qui récupère environ 60 cm/tmv, ça correspond environ à un demitour de manivelle par seconde !

Il y a shad et shad et, en fait, peu de choses en commun entre un gros swimbait destiné à la pêche du brochet et un petit shad très souple avec lequel on cherchera le sandre en verticale.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Fragile

Mais attention, si une gomme tendre est donc bien un atout pour les pêches lentes, elle n’apporte rien pour les pêches rapides, et serait même plutôt un inconvénient. D’abord parce qu’elle est inutilement fragile et tient mal sur la tête plombée, mais surtout parce qu’un shad fait d’une gomme dure émet plus de vibrations. Les meilleurs shads pour la pêche en traction (tirées vives), animations sèches et récupération dynamiques sont généralement en gommes dures.

La queue d’un shad peut effectuer une rotation proche des 180° de part et d’autre du pédoncule, pour peu que la souplesse du pédoncule qui le porte lui en laisse la liberté
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le flap caudal

Le flap est la partie essentielle du shad, pour ce qui concerne sa nage. Le ralenti permet de comprendre comment ça fonctionne. D’abord, tous les flaps agissent de la même façon, quelle que soit leur forme. Ce qui change, c’est la force requise pour le mettre en mouvement, et donc la vitesse minimum de nage, l’intensité des vibrations, etc. Cette nage commune est une rotation alternative, pas un battement latéral comme on pourrait le penser. Sous la pression de l’eau, le flap pivote sur le plan vertical en tordant le pédoncule jusqu’à ce que la torsion devienne trop forte. Il s’arrête alors et pivote dans l’autre direction, et ainsi de suite. À vitesse soutenue, il pivote jusqu’à 180° voire plus, de chaque côté, dans une alternance de demi-cercles, un coup à droite, un coup à gauche. Il n’y a donc aucun inconvénient à monter un shad à l’envers (paddle vers le haut) puisque, à la récupération, il sera aussi souvent orienté vers le bas que vers le haut.

Un shad de petite taille monté sur une tête plombée perd beaucoup de sa souplesse même si celle-ci peut être plus ou moins rattrapée comme ici par la segmentation du pédoncule caudal.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La forme du flap (profil et taille) a une grande incidence sur la facilité avec laquelle il se met en mouvement, et donc sur son inertie à la pression de l’eau. Il existe deux grands profils: le disque (mince et plat, bord d’attaque souvent vertical ou peu incliné) et le biseau (épais en haut, mince en bas, bord d’attaque incliné). Les deux peuvent être plus ou moins épais ou moins inclinés, de surface et de forme variables : ronde, carrée, oblongue, triangulaire, etc. Si on ajoute dans l’équation la dureté de la gomme, le nombre de combinaisons possibles est quasi infini, ce qui explique qu’il existe autant de modèles.

Péconcule caudal fin terminé par un flap en forme de disque.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le disque

Les paddles en disque sont légers (faible inertie) et souvent proches du plan vertical donc, subissant une pression maximale, ce sont ceux qui se mettent en mouvement le plus facilement. Ils sont parfaits pour les pêches lentes voire très lentes avec une gomme tendre. Ils font des mouvements amples mais déplacent moins d’eau et émettent moins de pulsations, communiquent moins de rolling au corps. Ils sont parfaits pour la verticale si le flap est de petite taille, et pour le lancer-ramener lent s’il est de grande taille. Parmi les shads testés, tous ceux qui nageaient à faible vitesse (entre 1 et 1,4km/h) étaient de ce type.

Flap caudal en biseau, incliné sur l’arrière. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le biseau

Les paddles biseautés sont plus massifs (donc plus lourds) et souvent inclinés vers l’arrière, recevant moins de pression, se mettant en mouvement moins facilement mais pulsant fortement. S’ils sont de surface modérée avec un pédoncule plutôt raide et une gomme ferme, ils demandent beaucoup de pression (vitesse) pour bien travailler.

Souplesse et flap caudal en forme de disque impliquent des mouvements amples mais avec une fréquence de battement limitée.
Crédit photo : Michel Tarragnat

En traction

On a là la recette du shad pour pêcher en traction avec une fréquence vibratoire élevée, que l’on sent souvent vibrer jusque dans la canne, mais qui ne vaudra pas grand-chose en pêche lente. Toutefois, certains paddles biseautés de grande taille (swimbaits) ont une telle surface d’attaque qu’ils peuvent être ramenés assez lentement, surtout si le pédoncule caudal est assez fin. Ce genre de flap massif donne généralement un fort rolling au corps, qui peut même devenir excessif si on force l’allure. La plupart des modèles de ce type testés ne commençaient à nager qu’entre 1,4 et 2km/h, soit 40 et 60cm/s.

Les shads prévus dès la conception pour être montés sur un hameçon texan ont tout intérêt à être moulés dans une gomme souple pour bien dégager sa pointe au moment du ferrage.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le rolling

Ce qu’on appelle rolling est le mouvement de roulis du leurre sur son axe, qui génère beaucoup d’effets visuels. C’est la rotation du flap qui déclenche ce mouvement, par contrecoup des torsions exercées sur le pédoncule. Plus le flap a d’inertie, plus il donne de rolling, mais la forme du corps joue également un rôle. À flap identique, les corps aplatis (plus larges que hauts) montrent très peu de rolling et sont donc plus furtifs. Ceux qui sont plus hauts que larges en ont plus facilement, notamment ceux qui sont plus larges en bas qu’en haut (centre de gravité plus bas). Il se dit souvent que les têtes plombées football accentuent le rolling en lancer-ramener, mais mes essais n’ont rien montré de tout ça! Une légende urbaine…

 

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

Astuces

Magazine n°911 - avril 2021

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15