Interview de Salah El Barbouchi, champion de pêche en kayak

Quel est ton métier en Allemagne ?
Salah El Barbouchi : Je fais partie de ces personnes chanceuses qui ont fait de leur loisir leur métier. Je travaille pour la société de pêche Spro Germany en tant que Media Designer; je fais de la publicité pour la marque et je suis responsable de YouTube.

Depuis combien de temps pêches-tu en kayak ?
S. E. B.: En 2013, j’ai acheté mon premier kayak simple, après avoir tout essayé (le float tube, le Zodiac). J’ai vite compris que pour pêcher correctement, il fallait avoir les mains libres. Je suis alors entré en contact avec la marque Hobie et depuis je ne roule qu’en kayak Hobie.

Quel âge as-tu ? Depuis quand pêches-tu ?
S. E. B. : J’aurai 43 ans cette année. J’ai fait mes premiers essais de pêche à 12 ans. Je suis originaire de Marrakech et je n’ai malheureusement pas eu la chance d’y pêcher ou dans les environs quand j’étais enfant. Pendant l’été, nous passions chaque année des vacances à la mer. Au lieu de jouer ou de nager, j’ai acheté des plombs, du fil et des hameçons et j’allais tous les jours avec mon petit frère sur les rochers. Nous avons attrapé nos premiers poissons avec des moules et des vers.

Pourquoi le kayak ? Est-ce une embarcation appropriée à tous les environnements ?
S. E. B. : Ma première pensée à l’époque était de savoir comment accéder rapidement et confortablement à de bons spots avec peu d’efforts. Ce n’est que plus tard que j’ai réalisé que le kayak apportait de si bonnes sensations sur l’eau. Avec le kayak, je suis mobile sur l’eau, mais aussi sur les routes ; je n’ai pas besoin de remorque ni de mise à l’eau. En ce qui concerne les coûts, un kayak est nettement moins cher à entretenir qu’un bateau. Je peux pêcher partout, même là où les bateaux et les moteurs sont interdits. Beaucoup de plans d’eau magnifiques, comme les petits lacs et les rivières, n’ont pas de mise à l’eau, alors que j’ai accès à tous les plans d’eau en tant que pêcheur en kayak. Je peux approcher silencieusement les bons endroits, je peux pêcher avec le kayak dans les herbes sans rester coincé, je peux aussi pêcher des zones très plates sans problème.

Quel est ton palmarès en compétition kayak ?
S. E. B. : La première compétition que j’ai gagnée était la Kayak World Predator Classic 2017 en Hollande. En 2018, j’ai été champion du monde au Hobie Fishing World Championship en Suède. J’ai ensuite gagné le Hobie Fishing Open. Et en 2021, je suis devenu champion d’Europe au Hobie Fishing European Championship 2021.

À quel type de concours participes-tu ?
S. E. B. : Malheureusement, en Europe, nous n’avons pas beaucoup de possibilités de participer à des compétitions. Les compétitions de pêche sont interdites en Allemagne. Je participe autant que possible au peu de compétitions de kayak. Ce que j’aime aussi faire, ce sont les compétitions bateau. L’année dernière, j’ai terminé deuxième au Boat World Predator Classic.

Le Maroc ne te manque-t-il pas trop ?
S. E. B. : Bien sûr, le Maroc me manque, surtout ma famille et le black-bass. Mais je me sens aussi très à l’aise en Europe, surtout en tant que pêcheurs, car il y a de nombreuses opportunités de poursuivre cette passion.

Peux-tu faire du kayak au Maroc ?
S. E. B. : Oui, on peut très bien pêcher au Maroc avec un kayak. De nombreux réservoirs sont interdits aux bateaux à moteur, donc un kayak est parfait. Nous avons de grands stocks de black-bass.

Quels sont les avantages de la pêche en kayak ?
S. E. B. : La première chose qui vient à l’esprit est la flexibilité et la liberté. Avant d’énumérer les avantages, je veux vous dire à quel point c’est génial de pêcher en kayak. On peut vraiment profiter de la nature et se détendre. Les poissons se battent plus intensément que depuis le bord ou depuis le bateau. Avec le kayak, je peux atteindre des endroits qu’aucun pêcheur à pied ou en bateau ne peut atteindre. Je suis presque silencieux sur l’eau. Avec le Hobie Drive par exemple, je peux facilement faire 20 km par jour, soit beaucoup plus de distance que du bord. Je n’ai pas besoin de mise à l’eau ni de remorque. Il y a de nombreux avantages, et une autre chose que peu de gens savent, c’est que les échosondeurs fonctionnent mieux sur un kayak que sur un bateau.

Quels équipements utilises-tu ?
S. E. B. : L’élément le plus important en kayak est un gilet de sauvetage. Et pour les pêcheurs qui pêchent très loin, une combinaison étanche est aussi essentielle, mais aussi pour la pêche en hiver. La lumière et un petit drapeau sont également importants pour la sécurité. J’utilise des cannes courtes pour le kayak, entre 1,90 m et 2,20 m et, plus important, il faut que le talon ne soit pas trop long. L’épuisette doit également être assortie au kayak, ni trop longue ni trop grosse. Il faut être très organisé quand on fait du kayak.

Quel poisson préfères-tu pêcher ?
S. E. B. : C’est une question difficile. Ce qui m’importe surtout, ce n’est pas tellement le poisson, mais plutôt la méthode avec laquelle je l’attrape. J’aime les défis, j’aime pêcher avec plusieurs méthodes sur une espèce de poisson. La perche en Europe est très intéressante pour moi, sinon j’aime aussi pêcher le sandre, car c’est un poisson très lunatique.

Comment penses-tu que la pêche en kayak en Europe va se développer ?
S. E. B. : La pêche en kayak devient de plus en plus populaire, de plus en plus de marques arrivent en Europe. Je connais de nombreux pêcheurs en bateau qui sont passés au kayak. Et notamment à cause de l’environnement, beaucoup voudront ou devront passer au kayak. Je pense que nous verrons beaucoup plus de pêcheurs en kayak dans les cinq prochaines années.

Le kayak de pêche est-il populaire auprès des jeunes pêcheurs ?
S. E. B. : Comme la plupart des bons kayaks, ils sont chers. Il y a malheureusement peu de jeunes pêcheurs avec des kayaks. Mais de nombreux pêcheurs bien connus font maintenant du kayak et cela le rendra beaucoup plus populaire.

Connais-tu le nombre de pêcheurs en kayak en Allemagne et en Europe ?
S. E. B. : Non, je ne sais pas, mais j’ai un bon contact avec les revendeurs. Je sais que de nombreux kayaks sont vendus chaque semaine. Un autre in dice est que sur Facebook et Instagram, le nombre de membres des groupes kayaks augmente.

As-tu déjà pêché en kayak en France ?
S. E. B. : Malheureusement non, mais j’ai très envie d’aller faire du kayak en France pour pêcher le silure. J’espère faire des petites rivières sauvages avec des leurres de surface pour le silure, ce serait un rêve !