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La profondeur, élément clef pour trouver les carnassiers (partie 1)

Crédit photo Michel Tarragnat
En dehors des biotopes vraiment peu profonds, où cette question ne se pose évidemment pas, la profondeur à laquelle se trouvent les carnassiers recherchés est toujours l’objet d’intenses spéculations. Et c’est bien normal puisque c’est en effet la clef principale. Dans ce premier volet théorique, Michel Tarragnat revient sur les cycles biologiques qui régissent le comportement des carnassiers.

Dès que la profondeur moyenne d’un milieu excède quelques mètres, on peut commencer à observer une répartition des poissons par couches d’eau. Mais c’est surtout dans les grands lacs, où elle peut atteindre 5, 10, 20 m et plus, que ce phénomène devient critique puisque le risque est alors grand de perdre son temps à prospecter des couches d’eau vides de tout poisson (du moins de l’espèce recherchée) ou trop faiblement peuplées pour être intéressantes, ou bien encore peuplées seulement de petits sujets (répartition différenciée par tailles). C’est cette fameuse « troisième dimension » propre à ce type de milieu, qui complique les prospections et alimente les spéculations. Pour être honnête, ces histoires de « bonne » profondeur concernent plus le pêcheur embarqué (bateau, float-tube, kayak, etc.) que celui qui pratique du bord. Ce dernier est en effet limité dans le choix de la profondeur prospectée et ne dispose pas d’un échosondeur donnant des indications, quoique les sondes à lancer, de type Deeper, aient tendance à être de plus en plus utilisées.

Même en pêchant du bord, il est utile de connaître la profondeur de chaque spot exploré. Un petit sondeur portatif de type Deeper peut ici rendre bien des services.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Deux piliers

Néanmoins, même du bord on devrait accorder de l’importance à la profondeur de tenue des poissons, ne serait-ce que pour choisir son secteur de pêche, sa distance de lancer, le type de poste ou de technique à privilégier, etc. La quête de la bonne profondeur s’appuie sur deux piliers : une bonne connaissance des comportements des poissons (biologie) et une approche technique cohérente (prospection). La théorie et la pratique, donc. Nous aborderons ici le premier aspect, le second sera bien sûr abordé dans un autre article. Si, comme toujours à la pêche, rien n’est gravé dans le marbre, il existe des tendances assez fiables. Les exceptions ne sont pas rares mais on ne construit pas une méthode logique et efficace en se basant sur des cas particuliers, il faut juste se souvenir qu’ils existent. Parmi ces principes, deux se vérifient très souvent : la profondeur de tenue change avec les saisons d’une part, et d’autre part avec la clarté de l’eau. Ces deux règles obéissent à l’influence de certains paramètres essentiels : température, préférences biologiques, reproduction, chaîne alimentaire...

L’été, il vaut mieux éviter les zones de faible profondeur dont les eaux sont trop chaudes. 
Crédit photo : Michel Tarragnat

La température

Dans un milieu profond, la stratification thermique, c’est-à-dire la température de l’eau en fonction de la profondeur, évolue avec la saison pour passer par quatre phases distinctes du printemps à l’hiver (voir encadré).

Températures des eaux : les quatre saisons

  • Printemps : réchauffement des couches superficielles avec des couches profondes restant froides et (a priori) moins hospitalières.
  • Été : réchauffement progressif des couches profondes peu à peu plus confortables, tandis que les eaux de surface peuvent devenir trop chaudes. Formation d’une thermocline qui se stabilise vers 15-20 m en général.
  • Automne : refroidissement des couches de surface qui redeviennent plus confortables. Le refroidissement des eaux profondes, progressif ou brusque (turn over), entraîne la disparition de la thermocline.
  • Hiver: température homogène sur toute la colonne d’eau, à l’exception de la couche de surface qui fluctue de quelques degrés selon la météo.

On comprend facilement les raisons pour lesquelles on trouve plus facilement du poisson peu profondément au printemps et en automne et pourquoi il a tendance à s’enfoncer l’été. Mais il est difficile d’expliquer pourquoi il cherche la profondeur en hiver, quand la température est la même à tous les niveaux. On lit parfois qu’en hiver l’eau serait un peu moins froide en profondeur mais pour avoir fait de nombreux relevés de température hivernaux dans différents biotopes profonds, je peux affirmer que c’est faux (sauf cas particulier type résurgence profonde).

N’exploiter que les bordures, sur de grands biotopes, en général assez profonds, ne rapporte bien souvent que de petits poissons
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les zones intéressantes

Quoi qu’il en soit, ce qu’il faut retenir c’est que, typiquement, les carnassiers se tiennent moins bas au printemps et en automne qu’en été et en hiver, encore que cela mérite d’être tempéré en fonction des espèces et des classes d’âge. Les zones peu profondes et en pente douce sont donc souvent plus intéressantes au printemps et en automne. L’été et l’hiver, les zones plus abruptes avec rapidement de bonnes profondeurs sont généralement mieux peuplées. Par ailleurs, les juvéniles étant bien plus tolérants que les adultes aux hautes températures, on les trouve souvent dans très peu d’eau au plus chaud de l’été. La nature est bien faite, c’est là que leurs chances de survie sont les meilleures. Cela explique aussi pourquoi celui qui en été fait les bordures, les plages et les fonds de baies se contente souvent de brochetons, petites perches et sandrillons.

Dans les plans d’eau aux rives très abruptes, forcément très creux, trouver la profondeur où évoluent les poissons est l’élément déterminant.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La carté de l'eau

Le second principe est que plus l’eau est claire, plus les poissons ont tendance à se tenir en profondeur (eaux calcaires, lacs alpins, par exemple). Deux raisons à cela : une intolérance aux fortes luminosités et le fait qu’une eau de surface très claire est pauvre en plancton qui peut se tenir plus bas, entraînant avec lui toute la chaîne alimentaire à sa suite. Là aussi, c’est variable selon les espèces et on sait bien que le sandre est plus gêné par la lumière que le brochet.

Dans les lacs aux eaux très claires, les poissons méfiants ont tendance à gagner les profondeurs. Raison de plus pour explorer les tombants plutôt que les bordures.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que quand l’eau est trouble ou teintée, il est fréquent que les carnassiers montent de plusieurs mètres ou se tiennent même dans très peu d’eau. C’est important parce que dans beaucoup de grands biotopes, on trouve des zones plus ou moins claires au même moment. En lac de barrage, il est classique d’avoir des eaux plus teintées près des arrivées d’eau et en fond de baie (zones limoneuses riches) que vers la zone profonde proche de l’ouvrage, souvent rocheuse et moins affectée par les coups d’eau. Il en résulte que dans un même milieu et le même jour, la profondeur de tenue peut varier de plusieurs mètres selon les secteurs.

Dans les très grands lacs alpins, les carnassiers comme ce beau brochet adoptent volontiers un comportement plutôt pélagique qui ne facilite pas leur recherche.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le garde-manger

Une troisième règle plus complexe est que cette profondeur moyenne de tenue est souvent liée à la ressource alimentaire. Dans le cas des carnassiers, ça veut dire l’espèce de poisson fourrage dominante. Complexe parce que les tenues du fourrage lui-même sont fluctuantes et qu’il est bien rare qu’il n’en existe qu’une seule espèce. La règle est plutôt de disposer de plusieurs niches alimentaires dans un grand biotope avec des espèces ou des individus se spécialisant sur un type de proie. Mais globalement, si la perche-soleil ou l’ablette sont les proies dominantes, les carnassiers chasseront forcément moins en profondeur que s’ils en ont après la perchette ou l’écrevisse.

Une concentration de plancton attire le poisson fourrage. Les carnassiers devraient être juste en dessous !
Crédit photo : Michel Tarragnat

Grégarisme, pélagisme

L’ablette a en outre la particularité, de par son mode de vie souvent en pleine eau, de générer des comportements pélagiques chez les carnassiers, ce qui n’est pas le cas de la perche-soleil ou de l’écrevisse. Certaines espèces, comme la perche et le sandre, ont également des comportements grégaires pélagiques lorsqu’ils sont au stade juvénile abandonnés en grandissant.

Le sandre, on le sait, n’aime guère la lumière. et va se tenir le plus souvent en profondeur.
Crédit photo : Michel Tarragnat

 

En période de reproduction

Cas à part, la période printanière de reproduction est la seule pendant laquelle la tenue des carnassiers est déconnectée de la chaîne alimentaire. Ils ne se positionnent pas en fonction de la présence de proies mais uniquement selon cet impératif biologique. Au sortir de l’hiver, il est donc fréquent de trouver des carnassiers sur les bordures alors même que le fourrage dont ils se nourrissent est resté en profondeur. C’est même un classique dans les lacs profonds plus longs à se réchauffer.

(Lire la partie 2)

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