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Le swimbait, un leurre indispensable pour le brochet

Un poisson correct qui n’a pas eu peur d’intercepter un gros swim ramené rapidement.

Crédit photo Arnaud Brière
Littéralement « leurre qui nage », la première définition d’un swimbait est d’être un leurre qui n’a pas besoin d’être animé et qui nage de façon ultra-réaliste sous le simple effet de la récupération. La dictature de la pêche du black-bass est passée par là et c’est encore à ce diable de poisson et ses plus gros passionnés (les Américains) que nous devons son invention. Merci… Le swimbait est une arme à brochet absolue. Facile à utiliser et redoutablement efficace, cette famille de leurres intéresse les plus gros spécimens, même dans les eaux pêchées régulièrement. Un must have !

Les swimbaits sont nés aux États-Unis. Difficile de savoir qui a inventé le premier, mais l’histoire retiendra Allan Cole, un traqueur de spécimen de l’Ouest américain qui, à défaut de créer un leurre très réaliste, avait réalisé les premiers leurres de la taille des gros poissons fourrages, soit 30 cm. Évident aujourd’hui mais beaucoup moins il y a 50 ans. D’autres petits malins ont également eu l’idée d’associer la tête des Rapala Magnum avec un gros leurre souple afin d’accentuer sa nage. Avec les premières imitations de truites arc-en-ciel du lac Castaic, les « swims » étaient nés et l’histoire était en marche. Aujourd’hui, les swims sont complètement popularisés et de nombreux pêcheurs les utilisent pour traquer différentes espèces. Les pêcheurs de brochet y trouvent particulièrement leur compte. En associant une nage attractive et des tailles importantes, ils correspondent parfaitement à notre époque qui voit des pêcheurs devenir exclusifs dans leur traque. Parfois véritables œuvres d’art, ils cristallisent les passions et sont l’objet de tous les fantasmes. Très souvent composés de différentes sections articulées entre elles, les swimbaits adoptent une nage ondulatoire très proche de la réalité. Mais des modèles sans articulation existent aussi. En fait, cette grande famille regroupe de nombreuses sous-catégories. On peut distinguer les « hard swimbaits », en matière dure (le plus souvent de la résine) composés d’au moins trois sections, et les soft swimbaits en matière souple, sectionnés ou non. La plupart des « swims » ne possèdent pas de bavette, mais certains en sont pourvus. Nous mettrons de côté les leurres en deux parties, Freddys Catwalk ou les Deps Slide Swimer par exemple, qui représentent une sous-catégorie trop importante et méritent un article à part entière. Ce sont les Gliders.

Les hard swimbaits sont composés de plusieurs sections qui sont reliées entre elles par des armatures métalliques.
Crédit photo : Arnaud Brière

Catégorie hard

Les hard swimbaits sont donc composés de plusieurs sections qui sont reliées entre elles par des armatures métalliques (Spro BBZ ou Illex Gantia) ou par une armature centrale de type « filet » (BC Lures, ou S-Trout et Seven Biwaa). Ces leurres adoptent une nage ondulatoire et fluide, plus ou moins chaloupée, qui ne heurte pas l’eau et imite parfaitement un poisson en train de nager. Si on a l’impression que ces modèles sont silencieux, ils sont en fait assez bruiteurs du fait des chocs entre les différentes sections. Dans cet esprit d’imiter parfaitement un poisson, les finitions proposées sont de plus en plus réalistes et perfectionnées. Certaines références sont de véritables œuvres d’art, et le prix s’en ressent. Les BBZ comme les S-Trout proposent de grosses tailles qui les incluent directement dans la classe des bigbaits. C’est assez logique quand on pense à la traque des gros spécimens. Le dernier best-seller en date se nomme « Balam ». Ce swim de 30 cm distribué par Madness (il existe aussi en 245) est un véritable phénomène. Sa taille et ses finitions ont conquis de nombreux pêcheurs qui ont cru en cette grosse bouchée et sont devenus de véritables afficionados. On ne compte plus les pêcheurs qui ont pris leurs premiers vrais gros brochets avec ce leurre. Au-delà de cette force imitative, la taille des swims joue un rôle fondamental. À l’image des gros leurres souples, ils représentent une véritable opportunité alimentaire. On se représente assez bien mentalement le « craquage » d’un gros brochet face à cette grosse bouchée qui offre un rapport effort/apport de calories archi-favorable.

Les softs swimbaits sont utilisés dans des grosses tailles dans le but de viser les gros poissons.
Crédit photo : Arnaud Brière

Côté soft

Les soft swimbaits, quant à eux, se déclinent en deux catégories. Ceux à section, comme les « durs », qui utilisent souvent la technologie de l’armature filet interne. Je pense au 4D Line Thru de chez Savage, qui est devenu lui aussi un véritable best-seller (je vous conseille de revoir l’armement original, trop faible à mon goût). En version truite ou gardon, ce sont de véritables killers de poissons. Mais je pense aussi au Fox Rage Replicant jointed ou à sa nouvelle version (Realistic). La plupart du temps, ces leurres sont utilisés dans des grosses tailles dans le but de viser les gros poissons. Ces swims souples de 20 ou 25 cm sont devenus monnaie courante et ne choquent plus personne. Il existe même des versions gigantesques chez Savage Gear ou Fox avec des leurres qui peuvent peser 500 g et plus. Réservés à la traîne à mon sens. Enfin, dernière catégorie, les soft swimbaits sans section. Ils ressemblent à des gros shad avec plombée interne et armement intégré. Je pense au Réplicant de chez Fox ou au Castaic Swimbait Trout, par exemple. Ceux-là sont toujours assez gros, et c’est le paddle qui nage à la récupération. Petite mention spéciale pour les Savage Gear Line Thru Pulse Tail. Ce leurre avec un gros paddle nage droit et les vibrations émises par la queue sont courtes et rapides. Il a une véritable capacité à déclencher les gros poissons, surtout par jour de grand vent. S’il n’est pas très visuel, il est très efficace.

Avec les swims, les attaques sont lourdes et puissantes.
Crédit photo : Arnaud Brière

La pêche au swim

Comme je l’évoquais plus haut, un swim est un leurre qui nage tout seul. Pas besoin de lui imprimer une action avec l’aide de la canne. Il devient réaliste et imite un poisson dès que l’on attaque la récupération. Mon constat sur l’eau est sans appel, ils sont parfaitement efficaces ramenés en linéaire. À chaque fois qu’un pêcheur me demande comment il doit animer son BBZ, je lui réponds la même chose : « Pas d’animation. Tu lances et tu ramènes ! » En fait, si vous souhaitez absolument animer un leurre, c’est simple, utilisez un jerk, un souple ou ce que vous voulez, mais pas un swim. J’en vois déjà qui se hérissent au souvenir d’un beau poisson pris avec un swim savamment animé… Je les renvoie à tous les poissons qu’ils auraient pu prendre s’ils n’avaient jamais animé. La seule animation possible est la pause, et encore, dans des situations bien spécifiques. Nous y reviendrons. Cependant, deux autres paramètres sont à prendre en compte et ils peuvent vraiment changer la donne: la vitesse de récupération et la profondeur de nage. J’entends très souvent, à raison, que les swims doivent être ramenés lentement, parfois à la limite de la nage du leurre. Certes, c’est une bonne façon de procéder, mais ce n’est pas la meilleure et en tout cas pas la seule. Lorsque nous avons découvert les BBZ en Irlande il y a une douzaine d’années (oui, je sais, tout le monde pêche avec depuis 25 ans !), je voyais encore beaucoup de pêcheurs qui pêchaient en spinning. Malgré nos exhortations à ralentir, certains pêcheurs continuaient de mouliner normalement avec un 4000 qui ramenait 80 cm au tour. Il en résultait une nage rapide et… pas moins de poissons. Voire plus ! À tel point que dans certaines situations, je demande plutôt aux pêcheurs d’accélérer… Tout cela pour dire qu’un swim ne fonctionne pas uniquement sur des récupérations lentes et que, si ce type de vitesse ne donne rien, il ne faut pas hésiter à pêcher plus vite, voire franchement plus vite. Certains leurres sont excellents d’ailleurs dans ces retours rapides. Je pense au S-Trout, mais aussi aux Balam qui se prêtent très bien à ce petit jeu de la touche réaction. Belle nage, leurre hyper réaliste et grosse bouchée… qui va vite et risque de s’échapper ? Non, pas question, « Bam » dans le gosier. Nous avons déjà évoqué ces pêches rapides qui déclenchent des touches réactions, que ce soit pour les gros leurres souples, des spinners ou des lipless. C’est la même chose avec certains swims qui s’y prêtent bien. Essayez de ramener un Seven à toute vitesse au-dessus des herbiers (à une vitesse où vous vous diriez qu’elle ne prendrait jamais un poisson), vous serez surpris. La subtilité de la pêche au swimbait, c’est souvent de trouver la bonne vitesse de récupération. Voilà une donnée fondamentale. L’autre paramètre qui change tout, c’est la profondeur de nage. J’ai remarqué que celle-ci dépendait vraiment de la période.

Un beau spécimen pris au BBZ.
Crédit photo : Arnaud Brière

Saisonnalité en question

Il y a clairement une saisonnalité dans les leurres. Le début de saison est nettement dominé par les jerkbaits, puis avec l’arrivée de la belle saison, autour du mois de mai, les swimbaits prennent le dessus. À cette saison, les swims ne doivent pas nager trop loin de la surface. Sans passer juste sous la couche d’eau, ils ne doivent tout de même pas être trop immergés. Ils sont alors parfaits pour passer sur les champs d’herbiers. À cette occasion, surtout si les potamots ou les élodées montent haut, ils peuvent nager vite. Les brochets regardent d’un œil gourmand les poissons qui nagent près de la surface et n’hésitent pas à accélérer pour prendre une proie passant rapidement dans leur « strike zone ». C’est dans ces situations de pêche très rapide que l’on peut introduire une animation consistant en de courtes pauses, qui signaleront au poisson que la proie offre des temps morts favorables à son interception. Le deuxième grand temps fort des swimbaits se situe à l’automne, quand les poissons fourrages se rassemblent en bancs compacts dans les fosses. Ce sont alors des leurres redoutables pour faire sortir les brochets de leur garde-manger. J’appelle cela la théorie de la brebis égarée. Les loups tournent dans le troupeau et n’attaquent pas les imitations d’agneau qui passent dedans. En revanche, si un individu s’éloigne du troupeau, la sanction est immédiate. C’est un peu pareil avec ces gros bancs de gardons. En pêchant dedans, on n’arrive pas toujours à déclencher des touches. Cependant, un joli swim qui passe deux ou trois mètres au-dessus fait sortir les prédateurs. À ce moment-là, votre leurre ne doit pas évoluer trop près de la surface. Si votre fourrage est stocké sur trois mètres d’épaisseur dans 10 mètres d’eau, un swim qui passera entre 2 et 3 mètres de profondeur sera parfait. Un brochet n’a aucun problème à monter dans la couche d’eau et il n’hésitera pas à faire plusieurs mètres pour venir saisir sa proie. De même, dans certains plans d’eau où la végétation aquatique reste deux ou trois mètres sous la surface, il ne faudra pas hésiter à faire passer votre leurre juste au-dessus des herbiers, donc un peu plus profond.

Différents lests en fonction des situations.
Crédit photo : Arnaud Brière

Le lestage

Si certains swims comme le Fox Rage Jointed, pêchent naturellement creux du fait de leur densité, d’autres leurres pourront facilement être replombés afin d’augmenter leur vitesse d’immersion. Les petits plombs agrafes, ou sinkers, sont parfaits pour cet exercice. En fonction des leurres, vous viendrez les fixer sur le nez ou sur l’armature du triple de tête. Cet ajout vous permettra de faire évoluer votre leurre plus profondément ou de pêcher plus vite. N’oubliez pas que l’angle formé par la canne avec la surface influera fortement sur votre profondeur de nage. Une canne orientée vers le ciel tire votre leurre vers la surface, et inversement. Bonne profondeur de nage, angle de la canne et vitesse de récupération sont le cocktail gagnant de l’animation d’un swimbait. Les coloris sont eux aussi à la fête avec cette gamme de leurres. Il est fort possible de réussir avec trois ou quatre coloris: un gardon, un « perche », un blanc et l’inévitable Fire Tiger. Mais les offres sont innombrables et d’autres couleurs peuvent devenir indispensables: orange, noir, coloris truites. Les coloris orange et Fire Tiger feront toujours le travail quand la luminosité est faible et le temps maussade. Le noir marche bien par forte luminosité (idéal par grand vent un jour lumineux) et les coloris naturels seront à choisir en fonction des milieux et des poissons fourrages dont ils recèlent.

La boîte spécifique d’Arnaud Brière.
Crédit photo : Arnaud Brière

Avec une canne longue

Je vous conseille d’utiliser une canne assez longue pour gagner en confort lors des lancers. Ces leurres sont souvent engamés par-derrière, ce qui limite les ratés (bien moins qu’avec un jerkbait, par exemple). Le ferrage devra être ample et puissant. Pour la tresse, je vous conseille une 8 brins, plus souple et souvent moins bruyante qu’une 4 brins. En tout état de cause, choisissez un coating qui la rende la plus silencieuse possible. Les swimbaits coûtent cher et sont souvent assez lourds, il ne faut donc pas trop lésiner sur le diamètre. « Satelliser » un leurre à 80 € n’est jamais agréable… Pour le moulinet, certains vous diront d’utiliser des ratios lents afin de pêcher lentement. J’opte plutôt pour des ratios intermédiaires qui permettent de tout faire. Vous l’aurez compris, j’ai toujours une boîte de swimbaits avec moi quand je vais pêcher le brochet. Ils sont absolument indispensables à certaines périodes de l’année et rendent la plupart du temps de fiers services. Chacun y trouvera son compte. Swim à la vie à la mort ou arme efficace en temps utile ; simple leurre parmi d’autres ou objet de collection, tout est permis. Mais quand on sait que les touches sont souvent violentes et que de nombreux gros poissons y succombent, le doute n’est pas permis.

 

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Magazine n°135 - Octobre à décembre 2023

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