Les sites du groupe Info6TM

Ouverture du brochet : il ne faut pas la rater

Crédit photo Michel Tarragnat
À la veille d’attaquer une nouvelle saison, de nombreuses questions se posent dans la tête du pêcheur désireux de ne pas rater cette première sortie tant attendue. Plutôt que s’aventurer à l’aveuglette, Michel Tarragnat conseille de bien considérer trois paramètres essentiels –niveaux et turbidité des eaux, météo– qui doivent orienter vers des choix techniques assez cohérents.

Pour aborder au mieux cette journée tant attendue qu’est celle de l’ouverture du brochet, nos choix techniques doivent répondre avant tout à des considérations logiques, basées sur les circonstances et la connaissance du poisson. Un premier élément de réponse, relevant du simple bon sens, tient dans la configuration des lieux à prospecter. Sur un plan d’eau riche en herbiers et peu profond, on peut éliminer pas mal d’options, à savoir tout ce qui plonge beaucoup, coule très vite et est bardé d’hameçons triples, parce que là c’est sûr, ça va mal pêcher.

Il n’est pas question ce jour-là, surtout si vous pêchez du bord, de traîner avec vous toutes vos gammes de leurres. Ne prévoyez pas vos sélections à la légère.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Milieux et conditions

Mais en général, ce qui va le plus influencer nos choix, c’est un mix entre les caractéristiques du milieu (profondeur moyenne, encombrement, type de structures, courant) et les conditions escomptées pour le jour J : niveaux, météo (pas juste jour J mais aussi les semaines précédentes), turbidité, développement des herbiers, etc. Ces conditions changent forcément d’une année sur l’autre, il n’y a jamais deux ouvertures identiques. Elles ont une incidence déterminante à la fois sur la tenue des poissons, sur leur comportement à l’instant t, sur le degré d’avancement du cycle biologique, etc.

Des niveaux forts vont sans doute caler de nombreux poissons au cœur des bordures.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le niveau d'eau

Un niveau bas peut résulter d’un déficit de pluviométrie au printemps qui aura sans doute retardé la reproduction du brochet, souvent déclenchée par une crue en février-mars. En l’absence de crue, les femelles ont tendance à retenir leurs œufs. Le cycle biologique est décalé et nous avons plus de chances de trouver le poisson près des bordures, les fonds de baies, etc. Et pas que pour le brochet, toutes les espèces sont affectées. Il va s’agir donc de considérer non seulement les niveaux actuels mais tout l’historique des derniers mois. S’il y a eu un temps doux et de fortes pluies au printemps, il est probable que le frai est terminé depuis longtemps et que les brochets sont dispersés, plus au large et plus profond. Mais un niveau très haut change aussi la donne en matière de tenues et de postes potentiels. Si l’eau arrive dans la végétation de bordure (roseaux, buissons surplombants, arbres immergés, etc.), les chances de trouver du brochet collé à la rive sont bien plus grandes que si le niveau est bas et que les postes de bordure sont moins attractifs voire asséchés. Avec en prime une eau probablement claire. Dans ce cas, les postes de pleine eau seront de toute évidence bien plus intéressants.

Par eaux très claires, un petit popper discret peut décider un brochet à s’extraire de sa cache pour venir en surface.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les conséquences

En quoi est-ce que ça oriente notre choix technique ? Qui dit pêche de bordure dit pêche précise de postes, souvent avec risques d’accrochages et peut-être même difficultés de lancer en cas de végétation importante. Un leurre pouvant se lancer sous la canne, capable d’insister sur place ou de passer dans la végétation pour pêcher les postes à cœur est plus indiqué : jig avec un gros trailer pour ralentir sa descente, spinnerbait, jerkbait minnow suspending, leurre souple en texan peu plombé et, à la rigueur, leurre de surface seront sans aucun doute les plus indiqués. Si au contraire le niveau est bas, les postes de bordure rares ou inexistants et que les brochets doivent se tenir au large, alors les choix s’inversent. Les leurres à grand rayon d’action, conçus pour être lancés loin, faire de longues trajectoires et ratisser large (gros jerkbait ou swimbait, crankbait, vibration, etc.) prennent l’avantage, ne serait-ce qu’en termes de gain de temps.

Un printemps précoce et des températures agréables sont de nature à mettre les carnassiers assez tôt en activité.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La turbidité

Le degré de clarté de l’eau conditionne à la fois la tenue du poisson, le choix d’un type de leurre et même sa couleur. Ça fonctionne souvent main dans la main avec la luminosité et donc la météo du jour. Dans des eaux piquées ou carrément troubles, on trouve souvent les poissons dans de faibles profondeurs, proches de la rive ou à découvert, les faibles luminosité et visibilité les rassurant. Inversement, une eau très claire les incite à se tenir plus profond, plus au large, ou à se mettre à couvert sous les herbiers, dans les obstacles, etc. Tout cela est d’autant plus vrai que la luminosité est très forte et la surface de l’eau lisse, un vent soutenu ayant pour effet de réduire fortement la luminosité sous l’eau.

Des leurres à large rayon d’action seront indiqués si les niveaux sont encore très bas.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Comment choisir

L’incidence de la turbidité sur nos choix techniques est forte. Si les eaux piquées rendent le brochet moins méfiant, elles diminuent aussi la visibilité de nos leurres. Plus c’est trouble, moins il utilise sa vision pour détecter les proies, se servant plutôt de sa ligne latérale. On privilégie alors les leurres à fortes vibrations, très bruiteurs et aux coloris fluo ou contrastés: spinnerbait à grosse palette, chatterbait, crankbait ou lipless crankbait à billes, poisson-nageur à la nage puissante et certains leurres de surface à hélice ou battoirs faisant beaucoup de bruit.

Des niveaux forts installés depuis assez longtemps laissent présager que le stress du frai est déjà loin.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Discrétion

Inversement, des eaux claires vont plaider pour des techniques plus lentes, avec des animations moins agressives, des leurres plus discrets, éventuellement de plus petite taille et des coloris naturels: poissons-nageurs réalistes, leurres souples ramenés sans animation, cuillers tournantes argentées, et l’arsenal des leurres anti-accroc pour fouiller les obstacles (spinnerbait, montages texans, jig, etc.). Pour les leurres de surface, on préférera ceux qui permettent d’insister sans faire trop de bazar: frog, popper ou stickbait.

Dans des eaux très turbides, on a intérêt à multiplier les signaux visuels et vibratoires, pour parvenir à capter malgré tout l’attention de quelques prédateurs.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La température

La température est elle aussi un paramètre important, étant entendu qu’il ne faut pas considérer juste cette donnée à l’instant t ni même le jour J mais son évolution dans les jours qui précèdent. Début mai, les eaux ne sont pas encore bien réchauffées et les poissons, affaiblis par le frai, sont assez sensibles aux variations. Si la tendance est au réchauffement, ils seront sans doute plus facilement actifs que si l’on subit une vague de froid, et le choix des techniques s’en ressent. Des poissons actifs autorisent les techniques rapides et agressives, avec un rayon d’action important. Dans le cas contraire, optez pour des techniques plus lentes, plus insistantes, plus naturelles.

En eau claire, au contraire, la discrétion sera plutôt de rigueur. Cette frog peut ainsi être animée très lentement au cœur des herbiers.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le bon vent

Attention à ne pas confondre mauvais temps et refroidissement, ce sont souvent deux phénomènes indépendants en début de saison. Tant que les eaux sont froides, un temps venteux et pluvieux peut conduire à un réchauffement de l’eau. Par exemple, un vent fort par 14°C va vous sembler plus que frisquet mais si l’eau est à 12°C, eh bien il la réchauffe !

Un léger vent qui vient rider la surface vaudra souvent mieux qu’un calme absolu
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le choix dans le choix

Il est rare que les circonstances imposent une technique unique. Un arbitrage entre différentes options pertinentes est à la fois l’occasion de se faire plaisir en privilégiant votre préférence ou de chercher à creuser davantage pour trouver, parmi plusieurs options possibles, celle qui aura le plus la faveur du poisson. Car ce n’est pas parce qu’une technique est adaptée aux conditions de pêche qu’elle l’est forcément à l’humeur de notre brochet. Et, comme toujours, le pêcheur propose mais le poisson dispose.

Certaines techniques peuvent en fait rester polyvalentes dans la plupart des conditions. Le spinnerbait, par exemple, pêche bien presque toujours (sauf vent de face). Un leurre souple sur hameçon texan lesté aussi. Ces techniques sont donc tout terrain tant que la profondeur n’augmente pas trop. Elles permettent de pêcher vite ou lentement, plus ou moins profond selon la vitesse de récupération et le lestage, en terrain dégagé comme en milieu hostile. Elles ne seront pas forcément les plus performantes le jour J mais elles ne seront jamais hors sujet !
Crédit photo : Michel Tarragnat

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

Brochets, Sandres, Perches

Magazine n°924 - Mai 2022

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15