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En bordure aux appâts : l'amorçage à long terme

La traque furtive des silures avec des bouillettes et des pellets est une approche qui décuple les sensations. Pour obtenir de beaux succès réguliers, une stratégie d’amorçage à long voire très long terme peut être mise en œuvre.

Pêcher le silure en bordure, parfois juste dans ses pieds, aux appâts, s’inspire de ce que les carpistes appellent stalking. C’est une approche très addictive requérant peu de matériel et en fait plutôt simple techniquement. Un ensemble canne-moulinet adapté à l’environnement, une bobine de monofilament pour les bas de ligne, quelques mon-rages et un seau d’appâts (voir encadré) suffisent à se lancer à la poursuite de sensations fortes. En action, la discrétion est la clé de la réussite. Après avoir déposé le plus précisément mais le plus discrètement possible mon montage, je détends complément la bannière et pose ma canne pour éviter tout mouvement de fil non naturel.

Dans son rappel régulier, Lilian incorpore quelques pellets d’eschage de gros diamètre, entiers ou en tronçons.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

La recette de Lilian

  • Une part de pellets extrudés de 15, 20 et 30mm
  • Une part de croquettes pour chien Frolic originales
  • Une vingtaine de gros pellets d’eschage de 30mm (entiers ou réduits)
  • Liquide de trempage : Monster Crab

Un rappel bruyant

Le tout étant bien en place, je lance trois poignées d’appâts en cloche de manière à ce que leur impact dans l’eau soit le plus sonore possible. De manière plus large, je termine par quelques appâts lancés un par un dans un rayon de cinq à six mètres autour du coup. À partir de là, je n’ai plus qu’à attendre, à profiter du spectacle, en restant strictement immobile jusqu’à la touche. Je peux me délecter de chaque montée d’adrénaline lorsque je vois les silures ou même leur ombre sinueuse planer au-dessus de mes appâts... jusqu’à les aspirer.

Pas évident d’aller déposer à terme un montage au milieu de tout ce fatras mais c’est typiquement le genre de spot qu’il faut tenter d’exploiter
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Simple mais addictif

Rien de plus simple, donc, mais aussi de plus excitant et addictif, sans la moindre difficulté technique ou matérielle. Mais, dans cette traque, l’action de pêche n’est en fait que le sommet d’un énorme iceberg. C’est en effet en amont, lors de la phase (très) laborieuse de préparation et de réalisation de l’amorçage à long terme des spots que se construit un éventuel succès. De mon point de vue, 90 % de la réussite tiennent dans les trois à six mois qui vont précéder l’action de pêche proprement dite.

L’amorçage à long terme est une école de patience et de précision. Il faut savoir attendre.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

On part de zéro

On peut bien sûr toujours exploiter certaines opportunités mais, en règle générale, il s’agit bien de partir de zéro. Nous ne parlons pas ici d’une pêche de bordure en sortie d’eau chaude en hiver ou de courant oxygéné en été. Il est question certes d’une pêche de bordure, sur des postes abritant régulièrement des silures, pas parce qu’ils y tirent un avantage environnemental indépendant de ma volonté, mais bien parce que je l’ai choisi moi. La stratégie suit un raisonnement de type enton- noir. Le cours d’eau choisi doit être resté sauvage. Sur les très grands biotopes canalisés, les poissons passent la majeure partie de l’année bien trop loin des bordures. L’objectif est à terme de fixer des poissons enclins à s’alimenter sur des bordures dans moins de trois mètres d’eau. Je vais donc cibler des cours d’eau dont les berges sont très denses en végétation. Il ne faut pas hésiter à viser les biefs ou les secteurs les plus difficiles d’accès, ce qui ne facilite pas la logistique. Float-tube, petite barque, bateau pneumatique, ou simplement une bonne paire de chaussures montantes et un petit coupe-coupe sont autant de solutions pour accéder discrètement à ces zones prometteuses. Attention à ne pas « suraména-fer » les spots retenus. Votre passage doit rester le moins visible possible, sur le chemin comme sur la berge : pas de terrassement, pas d’élagage sauvage, vous devez vous adapter au terrain au prix parfois d’un peu de rusticité et d’efforts physiques.

Rien n’est gagné d’avance, les combats se déroulent toujours en milieu encombré
Crédit photo : Li

Tranquilles

Le bief doit donc rester le plus calme possible, pour que les silures trouvent à l’année le maximum de quiétude possible. Sur une large zone potentiellement intéressante, je sélectionne enfin une grosse douzaine de postes que des silures pourraient déjà fréquenter plus ou moins régulièrement. C’est le critère déterminant. Peu importe si l’ensauvagement de la zone empêche de prime abord toute pêche. Gros amas de branches, tapis végétaux impressionnants, monticules de pierres, etc. sont autant de détails qui retiennent mon attention, sans compter un éventuel repérage visuel de silures bien entendu.

Dans cette approche, c’est surtout la fonction GPS du sondeur qui est utile pour noter les points remarquables lors de chaque prospection.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Tombés des arbres

Mes postes étant sélectionnés, je peux attaquer la phase de conditionnement des poissons en démarrant mon amorçage à long terme. Ce dernier diffère d’un amorçage classique d’un jour ou deux ou en cours de session, où l’idée est d’attirer les poissons gravitant dans les parages. Sur la durée, au contraire, nous allons miser sur la formidable faculté d’adaptation des silures, cette forme d’intelligence évoquée récemment dans notre magazine. Les silures répondent en effet exceptionnellement vite et fort au conditionnement classique. Ce mécanisme comportemental fut décrit pour la première fois par Ivan Pavlov, prix Nobel de physiologie ou médecine en 1904. Dans son expérience, menée avec des chiens, Pavlov répète dans le temps l’association d’un son de cloche (inconnu au départ des chiens) et d’un apport de nourriture, jusqu’à ce que les chiens manifestent des comportements alimentaires au simple tintement de la cloche, même en l’absence de nourriture. C’est sur ce mécanisme bien connu aujourd’hui que nous allons nous appuyer. Par un amorçage récurrent dans le temps et dans l’espace, l’objectif est de conditionner les silures pour « leur faire croire » que nos bouillettes et pellets tombent régulièrement des arbres ou poussent littéralement au fond de l’eau à cet endroit-là. L’idée, c’est que les silures de cette zone puissent régulièrement et paisiblement consommer ces appâts jusqu’à les intégrer pleinement dans leur régime alimentaire, dans leurs mœurs d’alimentation. Il est donc nécessaire que ces aliments croisent souvent la route des silures et surtout que ceux-ci ne leur associent aucun danger. Par conséquent, pendant toute cette période d’amorçage, je ne pêche pas. Au regard de la démarche, le travail précédent de sélection des secteurs prend tout son sens puisque, moins les poissons sont dérangés, plus vite et plus régulièrement ils viendront sans crainte sur ces zones. On comprend aussi que le moindre collègue qui viendrait pêcher cette zone réduirait ces efforts à néant !

L’approche doit être légère. Le poisson est le plus souvent saisi, décroché et relâché sans être sorti de l’eau. On pêche d’abord les émotions
Crédit photo : Lilian Fautrelle

La bonne fréquence

Dans cette longue phase d’accoutumance, l’un des paramètres cruciaux est la fréquence de rappel. Idéalement, j’aimerais réellement observer l’impact d’une fréquence de rappel régulière tous les deux jours, étalée sur plusieurs mois. Si vous en avez la possibilité, un amorçage de 2kg d’appâts par spot tous les deux jours est un rythme vraiment optimal. Mais se libérer ainsi est on le comprend difficile. D’un point de vue pratique, j’officie plutôt sur un rythme d’une à deux fois par semaine voire tous les dix jours. Je compense cette faible fréquence par des quantités de nourriture plus importantes, et surtout par une longue durée (six mois). Généralement, cet amorçage à long terme se solde par une habitude prise par des silures de toutes tailles de passer sur les spots pour vérifier s’il y a quelques protéines faciles à ramasser. Je profite de certaines sessions d’amorçage, bien sûr, pour m’offrir de longues heures d’observation, me permettant de sélectionner de manière plus fine encore les postes où je vais enfin déposer un montage.

Une seule canne, une petite sacoche de matériel, et un sac pour les appâts. Rien de plus !
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Et la récompense

On comprend que cet amorçage à long terme n’est pas la meilleure stratégie en termes de rentabilité si on met en parallèle le temps passé et le nombre de captures. Mais c’est une pêche qu’il faut mettre en œuvre pour les sensations, le côté paisible le calme des phases d’observations. Rien à voir avec le shoot d’adrénaline qui suit la première touche qui a tout de même un sacré parfum de récompense !

Les limites de l'approche

Cette approche, d’une richesse inégalée en termes de sensations et d’enseignement sur le biotope et sur l’espèce, présente quelques désavantages. Elle est notamment assez coûteuse (appâts, carburant). Pêcher en binôme pour se partager le temps et l’entretien des spots est une solution sachant que, sur un même poste, on ne pratique qu’à une canne. Enfin, c’est une approche qui ne sélectionne pas la taille des poissons. La capture d’un gros sujet sera toujours minoritaire.

 

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Magazine n°926 - Juillet 2022

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