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Siluremania : bien gérer le sondeur

Deux flotteurs partis en même temps sur un poste à gros : rare mais pas impossible si les étapes de repérage et d’approche ont été menées comme il faut

Crédit photo Lilian Fautrelle
La quête exclusive des très grands silures est une approche bien particulière qui impose divers processus de recherche spécifiques et notamment d’être extrêmement prudent dans l’utilisation de votre échosondeur.

La capture de très gros poissons au cours d’une partie de pêche, toujours espérée, s’avère généralement exceptionnelle, relevant bien souvent d’un concours heureux de circonstances, dont certaines sont provoquées par le pêcheur bien évidemment. Le specimen hunting (en français, la chasse aux spécimens) est une pratique à part entière dans laquelle la recherche méthodique, spécifique des plus grands individus est le seul et unique objectif.

Phase de prospection minutieuse : un œil sur le biotope, un œil sur l’écran du sondeur.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Une aiguille

Dans une rivière, les populations de poissons n’occupent en fait qu’un petit espace. Autrement dit, à un instant donné, la plus grande partie d’un biotope est déserte. Le choix du ou des postes explorés est donc un paramètre fondamental dans le succès ou l’échec. Et dès que l’on s’attaque au specimen hunting, c’est encore pire puisqu’on sait bien qu’avec la pyramide des âges, la très grande majorité des silures présents ici et là sont loin d’être des spécimens. Autant dire que viser les silures records, c’est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Et dans ce contexte, l’échosondeur est un outil précieux pour accélérer cette recherche.

La sonde, tantôt meilleure alliée, tantôt pire ennemie du specimen hunter.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

De longs repérages

La capture d’un beau géant impose donc bien souvent des heures et des heures de repérage et de recherche, sans la moindre action de pêche canne en main. Bien entendu, il existe des zones à sonder en priorité. Ces plus gros poissons prennent toujours place sur les endroits qui leur conviennent. Il faut identifier les meilleures zones de repos et de chasse. On commence généralement par les spots classiques: ouvrages d’art, épaves, confluences, courants l’été, calmes et morts en hiver, etc. Néanmoins, ces postes, bien visibles, subissent généralement une pression de pêche intense. Sans que ce soit totalement rédhibitoire pour la tenue des plus gros spécimens, il ne faut pas s’en contenter. On doit prospecter minutieusement les alentours de ces hauts lieux de concentration de poissons puis s’en éloigner peu à peu en cas d’absence avérée.

Ce banc de beau fourrage compact ne devrait pas tarder d’intéresser les plus gros prédateurs du coin.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

La vue latérale

On doit donc chercher des indices de tenues adaptées à la taille des poissons espérés. Ces spécimens sont en effet souvent isolés ou se tiennent par petits groupes de quelques individus seulement. Une souche d’arbre, une carcasse de voiture, un bloc de pierre suffisent amplement à abriter un beau géant. Au sondeur, pour repérer de loin de tels indices, la vue latérale avec une sonde qui émet à hautes fréquences apporte un excellent ratio efficacité de détection-couverture de prospection.

Perception très fine

Le revers de la médaille, c’est que cette détection, basée sur un système d’écholocalisation, a un effet sonore non négligeable. Il est clair aujourd’hui que le silure a la capacité sensorielle de percevoir les ondes de propagation mécanique des sons émis par la sonde à travers la couche d’eau. Vous pouvez vous-même essayer de tendre l’oreille, en vous immergeant sous une sonde en action, ou tout simplement en plaçant les doigts sur la face inférieure d’une sonde émettant à hautes fréquences : on ressent immanquablement les ondes ! Après plusieurs années de pratique, de recherche organisée et bien spécifique des plus grands silures, un peu partout en France et en compagnie de plusieurs spécialistes, le constat chiffré est sans appel : désormais, la probabilité de capturer un très grand silure sans sonde en action à l’aplomb est significativement plus grande qu’avec une sonde active. Pour expliquer cette observation, l’hypothèse d’un conditionnement de type pavlovien sur ces spécimens apparaît probable (voir encadré).

Le chien de Pavlov

Le Russe Ivan Pavlov démontra au début du XXe siècle qu’en associant de manière répétée la présentation de nourriture avec un son de clochette à un chien, celui-ci avait fini par saliver et baver à la simple audition de cette clochette, même en l’absence de présentation de nourriture.

Curée en cours avec ce banc de gros poissons fourrages harcelés par des silures en chasse. Adrénaline garantie !
Crédit photo :

Chez les silures spécimens, l’espérance de vie –entre 35 et 50ans pour un poisson de plus de 2,50m–, le fonctionnement et le niveau de développement de leur encéphale, l’essor du no-kill sont autant d’arguments qui plaident en faveur de cette hypothèse. En d’autres termes, certains silures, surtout les plus vieux, donc les plus grands, pourraient sans grand doute avoir associé la présentation d’un appât couplé au son non naturel d’une sonde d’échosondeur à un danger potentiel.

Éteindre la sonde

En conséquence, après de méticuleux repérages à l’aide de l’échosondeur, il est conseillé de couper systématiquement la sonde avant d’entamer toute action de pêche. Pour aller encore plus loin, dans la mesure du possible, mieux vaut également laisser un grand laps de temps entre la phase de repérage et l’attaque de la pêche du poste ou du poisson repéré. Laps de temps qui peut aller de la demi-heure, c’est un minimum, à plusieurs heures voire plusieurs jours. Il ne faut donc pas tout miser sur un seul poisson…

Une illustration classique de la sensibilité et du comportement de fuite de silures régulièrement pêchés, percevant les ondes émises par l’échosondeur. Un premier passage révèle la présence d’au moins cinq gros spécimens. Des individus serrés qui nagent tranquillement en rond.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Le temps de faire demi-tour, de replacer le bateau et de repasser sur la même trajectoire (environ trois minutes), le groupe a éclaté. Les poissons, en alerte, ont fui dans toutes les directions. Les tenter à ce moment-là est voué à l’échec.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Les solitaires

Quatre cas de figure peuvent se présenter. Le premier concerne les spécimens isolés. Le sondeur révèle la présence d’un voire deux très gros silures isolés, sur un poste de repos, parfois au milieu de nulle part. Il est fort probable que ce ou ces poissons occupent toujours ce poste en phase de repos les heures voire les jours suivants. Il conviendra alors de tenter ce poste et ce poisson à l’aveugle, sans repasser avec le sondeur. En cas de touche, on aura la quasi-certitude que c’est celle d’un géant.

Un solitaire, au milieu de nulle part, abrité par une souche. Et vu la largeur de sa tête, pas un petit.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

La boule

Seconde possibilité : un rassemblement. Une boule de silures reste mobile, mais si on ne la dérange pas, elle peut être encore au même endroit une heure plus tard. La sélection des plus gros sujets du groupe passe par ce temps de tranquillité nécessaire de façon à ce que les spécimens puissent se sentir en confiance pour attaquer un montage un peu volumineux.

Le garde-manger

Le cas n°3 est lui aussi assez typique : c’est quand on tombe sur une zone de beaux poissons fourrages. Il y a fort à parier que ce garde-manger attirera à plus ou moins brève échéance de gros voire très gros silures. Reste ici à se faire très discret, en se tenant à distance, pour découvrir ces horaires spécifiques où les gros passent à table. En général, dans ces moments-là, les plus petits s’éloignent vite, conscients qu’ils pourraient bien servir eux aussi de casse-croûte. Encore une fois, la zone étant dûment repérée, nul besoin de se précipiter.

Sondeur coupé, on laisse partir le flotteur depuis l’amont, sur une centaine de mètres. Les silures en aval n’ont a priori rien entendu. Les chances de succès sont optimales.
Crédit photo : Lilian Fautrelle

Les chasseurs

Enfin, dernier cas de figure : les gros silures en chasse sur un banc de proies. C’est le plus difficile mentalement ! Car ne pas laisser de temps de repos après le sondage pourrait en effet trahir le piège et contrarier les comportements alimentaires de ces spécimens. Mais d’un autre côté, l’euphorie alimentaire et l’esprit de compétition de ces irrépressibles prédateurs façonnent probablement l’un des meilleurs cocktails capable de lever une partie de leur méfiance. C’est le moment de forger votre propre expérience, en n’oubliant pas que la pêche, et plus encore le specimen hunting, est loin d’être une science exacte… quoique passionnante !

Quelle taille ?

Pour déterminer ce qui peut vraiment être considéré comme étant un spécimen, il faut évaluer l’espace dans lequel un silure évolue. Dans les grands biotopes comme le Rhône, la Loire, la Garonne ou le Tarn, par exemple, le specimen hunting peut sans doute concerner des poissons à partir de 2,45m, le Graal actuel étant les trophées dépassant la barre des 2,60m. Mais dans des rivières plus petites, plus froides, ou sans poisson fourrage gras, des silures de 2,20 à 2,40m sont aussi de véritables spécimens.

 

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Magazine n°915 - août 2021

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