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Frai des grosses carpes, des moeurs différentes...

La saison des amours s’approche maintenant inéluctablement et les poissons n’auront bientôt plus qu’une idée en tête : se reproduire. Leurs comportements vont changer et en particulier ceux des gros poissons qui, de nature plus solitaire et sédentaire, semblent moins apprécier ces ébats de masses… Nous allons essayer de percer les mystères de la saison amoureuse des spécimens, comprendre en quoi elle diffère pour adapter notre approche avec, qui sait, l’espoir de réaliser une pêche mémorable avant ou après le frai…

OBSERVER POUR APPRENDRE ET COMPRENDRE
L’une des périodes de l’année où il est aisé d’observer les poissons en grand nombre est incontestablement celle du frai. En règle générale, les poissons sont particulièrement démonstratifs et les différents lieux de regroupement vite identifiés. Je ne le répéterai jamais assez, l’observation et la prospection sont les clés pour réussir dans notre passion. Les outils dont nous disposons maintenant nous rendent cette tâche de plus en plus facile, car en plus de cartographier nos eaux favorites, nous pouvons maintenant, à l’aide de nos smartphones, photographier ou filmer nos observations.

Le Deeper est un excellent outil pour cartographier les fonds…

Cela nous permet d’en apprendre beaucoup sur le comportement des carpes mais aussi, à la relecture de ces images, de visionner le potentiel et les résidentes des eaux convoitées. J’ai personnellement, à plusieurs reprises, découvert des poissons que je neconnaissais pas, en passant de nombreuses heures à les observer pendant leurs parades.

Certains vieux poissons ne fraient plus…

Ceux-ci, concentrés sur leurs occupations, sont beaucoup moins méfiants et qui plus est, évoluent en grand nombre, sur un laps de temps réduit, au même endroit. Il est même parfois déconcertant de voir à quel point nous pouvons approcher les poissons, durant cette période. Je me suis déjà vu, en grand lac, évoluer en waders dans des grandes roselières, au milieu des poissons qui ne faisaient que très peu attention à ma présence. Je vous assure que c’est un vrai régal pour les yeux et des moments inoubliables. Arpentez donc les différents endroits de vos eaux préférées, car sur un même lac les zones de fraies sont parfois nombreuses. Essayez dans la mesure du possible de les recenser et de vous y rendre régulièrement lorsque toutes les conditions sont réunies. Prenez ainsi un maximum d’informations, filmez le plus de poissons du gabarit qui vous intéresse, pour espérer déceler à un moment la présence d’une des géantes que vous convoitez. La réussite dans la pêche des spécimens demande, vous le savez maintenant tous, un investissement personnel conséquent. Il est fortement conseillé à cette saison de bien ouvrir l’oeil. Les rassemblements sont parfois tels que vous ne saurez plus où donner de la tête. No pain, No gain !

Je n’hésite pas à avoir la main lourde sur les amorçages.
Crédit photo :

DES MOEURS DIFFÉRENTES…
Une fois encore, nous allons voir que les très gros poissons semblent adopter une attitude différente de leurs congénères. Nous savons qu’une carpe Goliath est un sujet âgé, n’ayant pas les mêmes besoins, ni les mêmes habitudes qu’un poisson de taille plus modeste. Un gros poisson sera beaucoup moins opportuniste ou en tout cas plus économe en énergie. Il ne se mêlera que très rarement aux jeunes carpes plus frivoles. Notons d’ailleurs que toutes les carpes d’un lac ne frayent pas en même temps, bien que tous les voyants semblent au vert. Cela engendre une certaine concurrence et, instinct grégaire aidant, les poissons se rapprochent
généralement des zones où d’autres sont en train de frayer. La raison est simple, les oeufs des poissons sont une source de nourriture très appréciée des cyprinidés.

Nico et un gros poisson qui a déjà fait ses réserves énergétiques avant la saison des amours…
Crédit photo :

Certaines grosses carpes nagent ainsi en périphérie de la zone des ébats, mais il faut également savoir qu’il est très difficile de les leurrer durant ce laps de temps avec des appâts artificiels, tellement elles semblent fixées sur cette pitance éphémère. Pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, les carpes géantes nagent souvent entre elles et se sédentarisent. Elles se sont souvent approprié des zones de résidence bien définies. Elles évoluent dans des zones proches de nourritures naturelles où les dépenses énergétiques peuvent être réduites mais aussi à l’abri de l’agitation des bancs de sujets plus jeunes. Elles se rapprocheront donc naturellement des zones moins profondes qui se trouvent à proximité de leur zone de confort, et vont y passer leurs parades nuptiales.

Il faut parfois bien les nourrir !
Crédit photo :

Concrètement, une carpe Goliath s’est au fil du temps créé un cocon où tous les besoins vitaux nécessaires se trouvent dans un périmètre proche. Trouver une zone de frai proche de leurs zones de tenue sera leur objectif. Sachant cela, vous comprenez que si vous connaissez les tenues des carpes géantes qui peuplent vos eaux, vous pouvez en déduire leur zone de frai. Bien évidemment et puisque rien n’est jamais aussi simple, cela n’empêche pas que certains sujets plus opportunistes se mêlent aux poissons de tailles plus modestes, mais cela relève de situation assez rare.

Placer ses montages sur la route des poissons qui vont se rassembler et c’est gagné…
Crédit photo :

À noter également que certains poissons au métabolisme vieillissant ne fraient plus. Attention je ne parle que des carpes véritablement records et non de celles qui atteignent des poids déjà bien honorables. Je parle de ces quelques sujets à la génétique avantageuse qui vous font rêver et qui ne représentent qu’une très petite minorité d’un cheptel. Un poisson de 20 à 25 kg a sensiblement les mêmes moeurs que des poissons de tailles plus petites. Seuls les très gros sujets de 30 ou 35 +, souvent vieux, ont des habitudes différentes. Les possibilités sont donc relativement nombreuses, mais en tenant compte de ces paramètres vous démultipliez vos chances de trouver les zones où elles se rassembleront.

Commune bien ronde.
Crédit photo :

UN PEU D’ÉTHIQUE…
Je souhaite être très clair et apporter quelques précisions essentielles à mes yeux. Je ne pêche jamais les poissons qui sont en train de frayer. Ceuxci sont déjà très affaiblis par les dépenses énergétiques que nécessitent leurs accouplements mais aussi moins méfiants qu’à l’accoutumée. Une grosse femelle pleine d’oeufs est aussi très diminuée. Si elle venait à être perturbée pendant la ponte, elle peut être sujette à de la rétention d’oeufs pouvant devenir à terme mortelle. C’est pour moi une règle d’or et même si quelquefois la tentation est grande devant un tel rassemblement de gros sujets, je préfère passer de longues heures à les observer, les filmer et garder des souvenirs impérissables.

Toutes les carpes d’une même eau ne fraient pas en même temps…
Crédit photo :

ET LA PÊCHE ? Les amoureux des grosses carpes savent pertinemment que l’avant frai est le moment propice pour prendre les poissons à leur poids record. C’est souvent à cette saison que les records tombent. Nous allons donc chercher un poste, sur le trajet de cette migration vers les zones de frai, où il sera possible d’intercepter les poissons. Cette zone doit être bien préparée et à cette période de l’année, je n’hésite pas à avoir la main lourde, en déversant des quantités assez importantes d’appâts. Cette période est souvent frénétique car les carpes, toutes tailles confondues, se jettent littéralement sur la nourriture pour faire le plein d’énergie.

Prendre le plus grand soin des poissons qui sont fragilisés à cette époque de l’année.
Crédit photo :

Même si nous ne cherchons que les plus gros sujets, il faut accepter de nourrir aussi les plus petites et donc faire en sorte qu’une quantité suffisante d’appâts soit encore présente lorsque les gros poissons arriveront. Dans un souci financier, il est possible d’ajouter des petites graines lors de vos amorçages. Celles-ci créeront une émulation et forceront les poissons à s’arrêter plus longuement sur la zone. Concernant la période après frai, j’ai connu de très bons résultats en ajoutant aux bouillettes de très petites graines style millet. Comme je vous l’ai expliqué, les poissons sont friands des oeufs de leurs congénères et j’ai pu faire de belles pêches en proposant ce genre d’amorçage lorsque les poissons avaient fini de frayer. Cela est peut-être dû à l’aspect visuel, pouvant faire penser aux oeufs, même si nous sommes d’accord, cela n’a absolument rien à voir d’un point de vue gustatif et nutritif. Pour autant une fois sur votre amorçage, les poissons s’y intéresseront sans nul doute. Je prends soin de sucrer fortement ces graines afin de renforcer leur attractivité.

Croyez-moi, c’est une arme redoutable à cette époque et c’est également très efficace lorsque vous aurez décelé un rassemblement de gros poissons. Il faut être également très assidu et vérifier quotidiennement si ceux-ci sont en passe de finir leurs parades nuptiales. Ainsi, vous pourrez placer vos cannes à proximité des zones et attendre que les poissons entament ce deuxième épisode frénétique, lorsqu’ils reprendront des forces après leurs ébats. Bien sûr, lorsque le frai sera terminé, les femelles auront perdu parfois jusqu’à plusieurs kilos. Dans toutes ces conditions, gardons en tête qu’avant ou après frai, les poissons sont fragiles et qu’en cas de prise de poissons de toute taille, précaution et vigilance doivent être de mise. Une grosse femelle pleine d’oeufs est encore plus vulnérable qu’à l’accoutumée.

Toujours le même plaisir de porter un poisson avant qu’il retrouve sa liberté.
Crédit photo :

J’évite tout ce qui pourrait apporter un stress supplémentaire, comme les longues manipulations ainsi que l’usage des sacs de rétention. Je réduis également au minimum la séance photo, car je déteste voir les femelles perdent leurs oeufs sur le tapis de réception. Ceux-ci n’ont rien à faire là et je veux être sûr de rendre la liberté à ma prise dans les meilleures conditions possible. La période de frai est somme toute très excitante pour nous tous, puisqu’elle a lieu à une période où nous sommes généralement très nombreux au bord de l’eau.

C’est aussi la période propice aux prises record et nous savons que certains poissons atteignent à cette période des barres mythiques. Gardons toujours à l’esprit que nous sommes des étrangers dans leur habitat, que nous devons préserver et respecter. Les poissons à cette époque sont souvent plus vulnérables, apportons-leur l’attention et les précautions qu’ils méritent. Le « leitmotiv » de la pêche des grosses carpes et de la pêche en général n’est pas de réussir à n’importe quel prix, mais d’exercer notre passion avec éthique, respect et intelligence.

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Magazine n°Média Carpe 161 - mai-juin 2021

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