Les pêcheurs au coup savent qu’il est important pour concentrer les poissons d’être précis dans l’amorçage. Ils utilisent des coupelles pour distribuer des asticots sur le bouchon à la grande canne et clipsent le fil pour pêcher à la même distance au feeder. En France, les anciens pêchaient souvent au ressort amorçoir… que les Anglais ont remis au goût du jour en développant des cages plombées permettant l’adjonction de farines. Pour la carpe, on peut faire de même avec des accessoires solubles.
Crédit photo : Eric Deboutrois
Le fil
Une des innovations les plus pratiques en matière d’amorçage pour pêcher la carpe est apparue avec la bouillette : il s’agit du fil soluble, ou fil PVA (alcool polyvinylique). En plus de la bouillette eschée sur le cheveu, on peut en ajouter quelques autres sur un fil soluble, avec une aiguille à bouillette éventuellement plus longue pour en enfiler trois ou quatre d’un coup, avant de nouer ce soluble à l’hameçon. Souvent, on double le fil et l’on passe juste la boucle sur la courbure de l’hameçon. Suffisamment solide pour résister aux lancers les plus appuyés, le fil va fondre et disparaître dans l’eau. Quelques appâts seront ainsi disponibles à proximité de l’hameçon, ce qui renforce l’attractivité de la zone et met en confiance les poissons. Le temps de dissolution est généralement assez court. Il va de quelques secondes pour les fils destinés aux eaux froides à quelques minutes pour ceux prévus pour l’été. Attention si vous prenez du fil à dissolution lente pour pêcher l’hiver: il peut très bien ne pas avoir fondu lorsque vous relèverez vos lignes.
Crédit photo : Eric Deboutrois
Flocon et ruban
La gamme d’accessoires en PVA s’est ensuite étoffée. On a utilisé des flocons, très comparables à ceux qui garnissaient les colis fragiles, pour éviter que l’hameçon ne s’accroche dans des herbiers ou que le bas de ligne ne s’emmêle. L’hameçon piqué dans un flocon se pose plus doucement sur le substrat, avant la fonte du PVA. Bien que quelques marques en proposent encore pour des usages bien particuliers, les flocons ont été supplantés par le ruban PVA, plus polyvalent et moins encombrant. Il est plus facile d’emporter un rouleau de ruban PVA, qui ressemble à un petit rouleau de scotch, qu’une poche ou un pot de flocons. On enrubanne l’hameçon de la hampe à la pointe, pour fermer l’ouverture et éviter ainsi au bas de ligne de s’emmêler. Le ruban peut aussi remplacer le fil soluble.
Crédit photo : Eric Deboutrois
Les filets
Sont ensuite apparus les filets, ou chaussettes solubles. Lors de votre premier achat, il vous faut acquérir un tube que vous conserverez une fois le filet utilisé pour le garnir à nouveau plus tard, avec une recharge. Le filet est enfilé sur ce tube, fermé en bas par un simple nœud. Par le haut, on peut mettre de la farine, des bouillettes écrasées ou entières, des pellets, des asticots… bref, tout ce que vous souhaitez tant que ce n’est pas mouillé, sinon votre filet va fondre! Il n’est pas nécessaire de remplir le tube, 4 ou 5 cm d’appâts suffisent. Soit on tasse fortement si c’est de la farine, soit on pousse le contenu du filet à l’aide d’un petit piston vendu avec celui-ci et l’on fait ainsi sortir ce que l’on appelle un stick (un bâton)… On tourne le filet entre le stick et le tube, puis on fait deux nœuds à suivre et on coupe entre ces deux nœuds. Les filets existent en plusieurs diamètres correspondant aux tubes et en plusieurs tailles de mailles, en fonction de la taille des appâts. Soit on accroche le stick à l’hameçon, soit on enfile le filet sur le bas de ligne avec une grande aiguille et on repique l’hameçon dedans.
Crédit photo : Eric Deboutrois
Les sacs
Les sacs solubles existent en plusieurs tailles (XS, S, M, L) et permettent un usage différent, puisqu’on peut y mettre tout le montage (esche, bas de ligne court en tresse d’une dizaine de centimètres environ, plomb et un peu d’amorce), que l’on pourra propulser loin sans risque d’emmêlement On met l’esche au fond du sac puis on la recouvre, ainsi que l’hameçon, de farine ou de micropellets que l’on tasse un peu avant de venir y poser le plomb. Celui-ci devra être moins lourd pour tenir compte du poids additionnel de la farine (autour de 80 g et, idéalement, d’apparence plutôt cubique). On tasse le tout au fur et à mesure pour avoir le moins d’air possible et obtenir un sac bien compact. On ferme celui-ci en entortillant le haut autour de la tête de ligne avec les doigts humidifiés de salive, ce qui a pour effet de coller le tortillon de PVA. On peut tout aussi bien nouer le haut du sac avec du fil ou du ruban PVA et couper l’excédent du contenant. On finalise l’aérodynamisme du sac en rabattant les coins inférieurs et en les collant avec un peu de salive. On peut accessoirement faire quelques trous d’aiguille dans le sac pour favoriser l’entrée d’eau et la sortie de l’air. Comme quoi, avec un peu d’imagination et beaucoup de PVA, aucun problème n’est insoluble.
Une astuce, le sel !
Grâce à deux astuces on peut aussi utiliser les filets solubles avec des graines. Le plus facile, c’est de les remplir de graines toastées (déshydratées), qui vont rapidement gonfler au contact de l’eau et faire une petite tache autour de votre esche, ou les faire gonfler avec un additif compatible PVA. Vous pouvez aussi préparer une petite quantité de vos graines habituelles (noix tigrées, chènevis ou une boîte de maïs doux) qu’une fois égouttées vous tremperez dans une saumure ou que vous mélangerez directement avec du sel de table. Le filet ne fondra pas au contact des graines ainsi préparées, il se ramollira un peu. Faites ces préparations au dernier moment.
