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Pêche de la carpe sur le canal latéral à la Loire

Les ponts sont souvent des valeurs sûres.

Cet ouvrage datant de plusieurs siècles est un incontournable parmi les canaux Français. Longé par le fleuve royal, cette eau linéaire n’est pas en reste car elle est très prisée des touristes. L’itinéraire « la Loire à vélo » serpente entre le fleuve et son canal ; les bateaux de plaisance affluent eux aussi en nombre à la belle saison. Côté pêche, la partie qui nous intéresse, il y a de quoi se faire plaisir et parfois, on peut même tomber sur de belles surprises.

Cet ouvrage hydraulique d’une longueur proche des 200 kilomètres est parmi la liste des plus longs canaux de France de son gabarit. L’avis définitif favorable à sa construction fût acté en 1806, mais il aura fallu quelques années aux architectes pour définir le tracé et les différents édifices à construire pour y parfaire la navigation. Son rôle majeur au 19éme siècle était de remplacer la navigation difficile sur la Loire qui était, autrefois, un fleuve de commerce très important pour le transport des marchandises diverses.

Cette commune de 13 kilos est le plus gros poisson pris sur un bief ou la moyenne est à 7/8 kg
Crédit photo :

La construction de ce canal a accéléré les temps de navigation et donc les délais pour recevoir les marchandises ; bref, les temps modernes arrivaient à grand pas. Les premiers coups de pelles ont commencé en 1827 pour une terminaison de l’ouvrage en 1838, soit 11 années de travaux acharnés réalisés par environ dix mille hommes sur le terrain. Les travaux étaient prévus à la base pour une durée de huit ans. Une entreprise privée, « La compagnie des quatre canaux » a financé et supervisé les travaux puis conservé partiellement la propriété du canal jusqu’en 1853, lorsque ce denier a été racheté par l’Etat.

De nos jours, c’est toujours une propriété publique. De nombreuses modifications ont été apportées depuis sa création, comme des suppressions de parcelle, des ajouts de jonctions avec d’autres rivières et canaux ou l’apparition de certains ouvrages pour créer des connexions. Le trafic des bateaux gonflera et prospèrera tout au long du 19ème siècle ainsi qu’au début du 20éme siècle ; les canaux français étaient extrêmement sollicités à cette époque. La première guerre mondiale signera indirectement le déclin du canal latéral à la Loire (et de bien d’autres canaux), un dommage collatéral en somme puisqu’après la guerre le pays se reconstruira en acheminant les marchandises grâce à d’autres voies de transport plus rapides et modernes. De nos jours, les canaux de petit gabarit n’ont presque plus d’utilité commerciale, hormis certains chargements de céréales très anecdotiques. En revanche ils restent de formidables sites touristiques et halieutiques, il serait vraiment dommage de s’en priver !

La topographie

La longueur actuelle et exacte du « latéral » est de 196,061 kilomètres pour une largeur moyenne d’environ 18 mètres. Son gabarit est appelé Freycinet, nom de famille du créateur de cette pige de canal définie pour le passage des péniches. Les canaux au gabarit Freycinet sont donc des ouvrages de petite carrure. Son parcours débute à Digoin pour s’achever à Briare en traversant 5 départements, La Saône et Loire, L’Allier, La Nièvre, Le Cher et Le Loiret.

Les pistes cyclables sont fréquentées de jour comme de nuit, laissons le passage libre.
Crédit photo :

Il possède aussi des connexions avec 4 autres canaux, le canal du Centre, le canal de Briare, le canal latéral de Roanne à Digoin et le canal du Nivernais. Le latéral est étroit mais, paradoxalement, compte peu de biefs contrairement à beaucoup de canaux du même gabarit. Seulement 37 écluses ponctuent ses quasi 200 kilomètres, soit une moyenne de 5,3 kilomètres par bief, le plus long tronçon mesurant plus de 20 kilomètres. Ces biefs conséquents laissent une bonne place aux poissons pour naviguer, ce qui peut amener du challenge pour la pêche. Côté ouvrages, on trouve de tout, des ponts, petits et grands ponts canaux, déversoirs, moines, ports, gares, rigoles…

Les jonctions entre les murs de pierres et les palplanches sont de bons postes.
Crédit photo :

Ces postes visuels ont souvent un bon potentiel proche ou dans leur périphérie. La profondeur moyenne dans le lit est d’environ 2,25m, le degré de la pente pour remonter jusqu’au bordures peut être très brusque ou très progressive au cœur du même bief. Ces mêmes bordures peuvent-elles aussi être très différentes, elles peuvent être composées de palplanches métalliques ou en bois, des murs de pierre ou de béton, de berges naturelles… Les liaisons de ces différentes textures sont souvent fréquentées par les carpes.

Les biefs alevinés sont souvent intéressants.
Crédit photo :

Le cheptel

Il est très varié et très variables d’un bief à l’autre. Je n’ai pas trouvé d’informations quant à l’introduction des premières carpes dans le latéral. Cependant, il saute aux yeux que la souche dominante est très identique à celle du fleuve qui lui donne aussi son nom. Les communes ligériennes, fuselées, se sont bel et bien installées sur cette eau lente et bien moins colérique que leur fleuve parallèle d’origine. Elles ont colonisé les biefs du canal évidement avec l’aide de l’homme et très certainement aussi de manière naturelle en passant par les jonctions ou à l’occasion de grosses crues d’antan. Les alevinages ont aussi fait leur effet, ils étaient monnaie courante il y a encore quelques décennies ; certaines carpes à gros potentiel de croissance ont inévitablement été versées dans le canal. Il en résulte des parcelles très riches en petites communes et à l’opposé des biefs avec des poissons massifs.

Un très vieux spécimen dans les bras de Franck.
Crédit photo :

Il existe aussi une certaine mixité sur d’autres biefs, ou tout ce petit monde a frayé pour donner des carpes de tous les calibres avec parfois certaines originalités morphologiques, de coloris ou d’écaillures. Certaines AAPPMA continuent d’introduire annuellement des carpes sur leurs baux respectifs. Quelques adhérents ou présidents de ces associations m’ont informé de cette pratique... pourvu que ça dure ! Si nous devons évoquer le poids moyen des carpes prises, on peut parler d’une constante d’environ 10 kg, tout en sachant que sur un bief à petits poissons 10 kg c’est une grosse et que sur un bief à gros poissons, 10 kg c’est une petite ! Puisque je parle de gros poissons, remettons les choses dans leur contexte : les poissons de plus de 20 kilos sont rares, du moins sur les biefs que j’ai exploités. Mais cette eau est grande et cache peut-être des poissons trophées sur d’autres parcelles qu’il me reste à découvrir.

Les communes sont majoritaires sur beaucoup de biefs, avec parfois de beaux sujets.
Crédit photo :

Comment l'aborder ?

La meilleure méthode et aussi la plus authentique est de se sortir les doigts pour aller découvrir par soi-même ce qui se cache là-dessous ! C’est, de mon point de vue, la façon la plus radicale pour se faire la main en canal. Je repense souvent à une citation de mon pote Fred Le Discret « J’adore les capots, ça me donne envie de retourner encore plus vite au bord de l’eau ». Fred me la sortait à chaque fois que nous rentrions brocouilles lors de nos premières expériences sur le Latéral, il y a presque dix ans, c’est-à-dire assez souvent ! Le temps ayant fait son œuvre, nous maîtrisions un peu mieux la forge à force de la travailler et les gaufres sont devenues de plus en plus rares.

Les biefs à petites communes sont parfaits pour se faire la main.
Crédit photo :

Ça ne fait pas de nous d’excellents pêcheurs, mais au moins nos gosses respectifs ne nous chambrent plus… A l’opposé de cette découverte qui nous plaît et nous fait vibrer, la tendance actuelle est plutôt à pêcher une eau suite aux informations collectées. Chacun son truc, je n’ai pas de jugement à avoir là-dessus puisqu’il m’arrive à l’occasion d’échanger des informations avec de rares pêcheurs locaux. Par respect pour ces derniers nous ne pointerons pas le doigt sur un bief en particulier, mais plutôt sur des généralités qui permettent de mieux cerner et de mieux aborder le latéral. Pour commencer, l’observation restera la principale clef, comme dans toute situation de pêche.

Des gravières et des étangs longent le latéral sur son parcours.
Crédit photo :

Sur certaines parcelles il est très compliqué de détecter de l’activité, alors que sur d’autres, quelques minutes d’observation suffisent à déceler la présence de carpes. Vous pouvez aussi passer quelques coups de fil aux AAPPMA qui gèrent les tronçons sélectionnés pour connaître les éventuelles vidanges des biefs. Régulièrement certains sont mis en chômage pour travaux.

Des rivets Eiffel pour souder les plaques de ce pont.
Crédit photo :

D’autres subissent tous les hivers un abaissement de hauteur d’eau, parfois la hauteur maximale est divisée en deux, ce qui ne semble pas trop perturber les poissons résidents. Moins le bief sera vidé souvent, plus il pourra potentiellement abriter du poisson ; les parcelles régulièrement chômées n’ont donc pas grand intérêt pour notre pratique. Certains biefs n’ont pas été vidés depuis plus de vingt ans et vous pouvez préparer la pièce, il y a surement quelques gros nourrains qui traînent là-dessous. Je ne parle pas des alevins, mais bien des cochons ! Sur ce profil de lopin aquatique resté en eau sans la moindre vidange, les carpes ont eu le temps de croître et d’atteindre leur poids maximal. L’AAPPMA pourra aussi vous indiquer les biefs régulièrement alevinés en carpes. Ces quelques informations suffisent déjà à sélectionner un bief prometteur, à trier le bon grain de l’ivraie.

Un terrain de jeu de près de 200 kilomètres.
Crédit photo :

Les travaux et leurs conséquences

Un jour ou l’autre les biefs subissent une vidange en saison froide pour y effectuer des travaux de restauration, de renforcements de berges, de réparations d’écluses… Sur le latéral, les pêches de bief sont supervisées par les fédérations qui sont elles-mêmes épaulées par les membres de l’AAPPMA. Les poissons sont relâchés sur le tronçon le plus proche et généralement les écluses restent ouvertes quelques semaines après les travaux pour permettre aux poissons de retourner sur leur bief fétiche dans le meilleur des cas. Parfois la vidange de ne se passe pas comme prévu, bien qu’en théorie on vide un bief pour en remplir un autre.

Trésor du canal.
Crédit photo :

Dans certains cas, les coups de chasse d’eau sont trop importants et les poissons peuvent s’échapper par les moines latéraux ou les trop pleins. Ces poissons rejoignent donc des petits cours d’eau annexes au canal qui n’ont probablement pas le biotope nécessaire pour nourrir ces nouveaux résidents. Heureusement, ces accidents de parcours son rares et les vidanges sont plutôt bien gérées. Les choses peuvent se compliquer avec la présence de poissons dans des poches d’eau, souvent sous les ponts ou au pied des écluses là ou le canal est le plus creux. Si vous constatez ce phénomène, il est urgent de contacter la fédération et l’AAPPMA concernée par le bief pour y effectuer une pêche de sauvetage car ces poissons bloqués ainsi sont souvent victimes de braconnage. Lors d’une pêche de sauvetage dans une poche, un ami m’a fait parvenir des photos de carpes et de silures portants des hameçons triples. La parcelle en question avait été vidée la veille ! Restons donc vigilants et réactifs pour conserver notre cheptel public.

Petit canal où il y nage un beau cheptel
Crédit photo :

Synthèse

Loin des hauts lieux et des grands noms de la pêche de la carpe en France, le canal latéral à la Loire reste une eau discrète et attachante avec ses histoires et ses légendes. Les résidents du latéral comme les éclusiers, ou tout simplement les riverains, ont toujours une bonne anecdote à évoquer concernant leur canal de cœur. Certes c’est une grande ligne droite avec quelques courbes, mais sa monotonie ne l’est plus si l’on prête attention à tout ce qui l’entoure. Tout pêcheur digne de respect laissera son poste encore plus propre qu’à son arrivée et fera en sorte de ne pas gêner le passage en se faisant tout petit, les riverains apprécieront et la pêche de nuit perdurera et pourrait même à s’étendre. La plupart des départements traversés par le latéral proposent des secteurs de nuit.

Le soleil se couche doucement, c’est souvent l’heure des premières touches
Crédit photo :

Plusieurs dizaines de kilomètres sont ouverts toute l’année, il n’y a que l’embarras du choix. De nombreuses pièces d’eaux closes sont implantées sur la périphérie du canal, on y trouve des étangs, des gravières et des sablières, pour ceux qui aiment ce type de pêche, vous y trouverez votre compte. Le carpiste qui voudra définitivement s’accrocher au latéral pourra faire en sorte de sélectionner un bief riche en petites communes pour se perfectionner sans se planter, il pourra ensuite glisser sur des zones plus techniques avec des poissons plus rares mais plus gros s’il le souhaite.

Surprise sur une parcelle remplie de petites communes
Crédit photo :

Les biefs nombreux en petits poissons sont aussi très intéressants à exploiter en phase hivernale car ils garantissent une fréquence de touche correcte en eau froide. Il y en a pour tout le monde et pour tous les goûts et cela est souvent valable pour tous les canaux qui parcourent notre beau pays.

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