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La pêche de la carpe au renard

Crédit photo Olivier Wimmer
En juin 2019, dans notre n°889, Olivier Wimmer nous faisait découvrir la pêche de la carpe à la souris. Ce mois-ci, c’est chez nos amis belges, en compagnie de Nicolas Quenon, qu’il nous fait part d’une autre approche singulière, appelée pêche au renard. Celle-ci permet d’aller chercher les poissons loin du bord, à la grande canne, quand il est impossible ou interdit d’utiliser le moulinet.

Pour pêcher la carpe au renard, nul besoin d’un quelconque accessoire. Il ne s’agit en fait que d’un montage, particulier certes, mais aussi simple que redoutable lorsqu’il faut aller chercher les poissons à distance loin du bord quand on ne peut, en compétition par exemple, pêcher à l’anglaise. C’est la raison pour laquelle je retrouve aujourd’hui Nicolas Quenon sur un site magnifique, idéal pour une démonstration. 

La mise en place de la ligne, par-dessus l’épaule, n’est pas sans rappeler celle que l’on mettait en œuvre jadis à la franglaise. Prudence car elle n’est pas sans danger pour la canne.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Bannière limitée !

Cette technique dite du renard doit son nom à l’endroit où elle a vu le jour, un carpodrome de la province de Hainaut, en Belgique, nommé La Renardise. Sur ce plan d’eau, la bannière (entre scion et flotteur) était limitée à 50 cm maximum ! Mais un pêcheur a vite trouvé une parade, rapidement imitée. Évidemment, il se passa ce qui devait se passer : le renard est interdit aujourd’hui à La Renardise. Mais en compétition, Nicolas l’utilise partout où chercher les carpes plus loin que tout le monde est la clé, si c’est autorisé, tant c’est efficace. Il n’hésite pas à le mettre en œuvre aussi lorsqu’il pêche pour son seul plaisir. Il s’agit d’une approche à mi-chemin en fait entre grande canne et pêche en plombée, une sorte de pole-feeder sans amorçoir. 

Nicolas dispose d’un bel assortiment d’olives, d’olivettes ainsi que de flotteurs, dont certains sont minuscules, qui lui permettent de faire face à toutes les situations.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Simplissime 

La longueur totale de la ligne n’étant pas limitée, elle, le pêcheur astucieux à l’origine de l’approche, eut l’idée d’en utiliser une très longue. Bien plus longue que la profondeur le requérait avec une ligne classique. Le montage est extrêmement facile à mettre en œuvre mais tout ce qui gravite autour mérite d’être soigné. Une olivette est bloquée à une trentaine de centimètres de l’hameçon, installé sur un bas de ligne relié au corps de ligne via un émerillon pour permettre un remplacement rapide. Cela peut être nécessaire en cas de casse, bien sûr, ou de taille d’hameçon inappropriée, mais aussi pour varier les esches comme on le ferait au method feeder. Le montage inclut aussi un flotteur, mais qui n’est pas réglé à la profondeur exacte. En fait, il est positionné à ces fameux 50 cm fatidiques, imposés à l’origine, voire moins, du scion (voir dessin). 

Le montage de Nicolas
Crédit photo : Olivier Wimmer

La grande longueur de la ligne fait qu’une carpe piquée à tout loisir de piquer ses premiers rushes vers le large. Avec un élastique solide et réglé assez tendu, Nicolas n’hésite pas à répondre par la force.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Un flotteur facultatif 

 « À peu de chose près, on pourrait même quasiment se passer du flotteur, confirme Nicolas. Car en fait, c’est le lest important, un gros plomb, qui permet de propulser le montage facilement à bonne distance. » En effet, pas d’équilibrage soigné ici mais, en bout de ligne, cette olivette dont le poids, qui n’a rien à voir avec la portance du flotteur, dépend de la distance que Nicolas souhaite atteindre. C’est elle qui entraîne le montage au lancer, le maintient tendu et surtout, plaque la terminaison de la ligne et l’esche sur le fond. 

Nicolas entretient un agrainage constant pour maintenir les carpes en pleine activité sur son coup. Il prend soin de ne surtout pas rappeler trop loin de peur de perdre les poissons.
Crédit photo : Olivier Wimmer

À plus de vingt mètres

La position de cette ligne dans l’eau n’est donc pas perpendiculaire à la canne comme de coutume, mais allongée, maintenue tendue dans le prolongement du scion après que l’ensemble a été propulsé par un geste vigoureux par-dessus les épaules. Selon le poids de l’olivette (entre 5 et 15 g), Nicolas utilise des lignes dont la longueur peut varier de 5 à 11 m (voir encadré). Cette façon de faire lui permet d’aller chercher les poissons jusqu’à plus de 20 m du bord. L’appât reste en position même dans les pires conditions de dérive, il suffit d’ajuster la taille du lest. Selon le vent, la distance à atteindre, le lancer s’effectue soit en revers ou par-dessus l’épaule, comme à la franglaise. Aujourd’hui, un vent latéral assez sensible démontre que l’opération n’est pas si simple et qu’il n’est de toute façon pas possible d’utiliser ainsi une grande canne classique. Un modèle Gros poissons est indispensable pour supporter l’impulsion et la grosse pression des lancers. 

Comme prévu, cette très belle carpe miroir s’est bien battue mais a dû s’avouer vaincue.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Un nylon coulant 

Afin que la bannière ne forme pas un ventre à la surface et que le vent ou la moindre dérive n’entraînent le montage, Nicolas privilégie un nylon réservé à la pêche au moulinet, coulant donc. Il noie sa bannière dès que le plomb touche la surface de l’eau. Il doit parfois s’y reprendre à plusieurs reprises pour gérer cette tension au mieux. « Il est important de trouver la bonne tension dans la ligne et de visualiser l’endroit où tombe le plomb, précise-t-il, car c’est là qu’il faut concentrer l’amorçage. » Pour amorcer et atteindre cette distance de pêche en restant suffisamment précis, la fronde est indispensable. Nicolas conseille d’amorcer avec des pellets de 8 mm qui permettent d’assurer cette précision. Avec des granulés trop petits, on risque de les éparpiller… et les poissons avec !  

Avec une telle ligne, les mises à l’épuisette sont plutôt sportives !
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pas trop loin

« Il faut être très vigilant sur la distance de rappel, me fait-il remarquer. Il ne faut surtout pas agrainer trop loin, car si les carpes reculent, elles seront hors d’atteinte ! » Mieux vaut donc garder une marge de sécurité et agrainer légèrement en retrait (50 cm à 1 m) de l’impact du plomb. Malgré les apparences, il s’agit d’une pêche active, il ne suffit pas de poser la canne et d’attendre la touche. Si elle ne survient pas rapidement, en tout cas, tant qu’on ne repère aucun passage de poisson dans le nylon, il vaut mieux relancer le montage sans craindre le bruit de l’impact du plomb. Ce dernier aurait d’ailleurs plutôt tendance à attiser la curiosité des carpes. Agrainer peu mais souvent, comme toujours, est aussi une des clés de la méthode. « Pour gagner du temps, je prépare des bas de ligne pré-eschés sur ma tablette, me montre Nicolas. Je peux jongler entre eux jusqu’à trouver ce qui fonctionne le mieux. » Tout comme au feeder, lorsque le poisson se saisit de l’appât, il entraîne le plomb dans sa course, le nylon se tend… c’est la touche ! Il faut à la fois garder un œil sur le nylon et sur le flotteur-repère. Le flotteur indique si la tension du nylon est bonne. Parfois, la ligne se tend franchement, le repère disparaît subitement ou le scion plie. Le plus souvent, si les réglages sont bons, tout ça se produit simultanément. Il n’en faut pas plus pour que la canne de Nicolas soit entraînée dans la course du poisson et me prouve que la plupart du temps, il est inutile de ferrer ! La carpe se prend à l’hameçon et s’auto-ferre, c’est déjà trop tard quand elle repère le piège. Dans les autres cas, pour prendre contact, je me rends bien compte qu’il vaut mieux ferrer sur le côté en raison de la distance finale entre le scion et l’hameçon. 

Un hameçon à œillet équipé d’une bague termine le bas de ligne d’environ 30 cm.
Crédit photo : Olivier Wimmer

En costaud 

Une fois piquées, avec la grande longueur de nylon, les carpes jouissent d’une bonne marge pour filer vers le large. La seule façon de les contrer c’est, comme le fait Nicolas, d’utiliser un élastique intérieur creux de près de 3mm, bien tendu. Avec une telle longueur de ligne, il ne peut pas utiliser le kit de combat situé sur les éléments de tête et doit utiliser la manière forte pour ramener les poissons. La mise à l’épuisette peut s’avérer problématique, mais Nicolas a trouvé une parade en utilisant un long manche de 5m pour compenser. La combinaison de ces matériels et du montage solide lui permet de ne pas éterniser les combats.

 

La bonne longueur de ligne

La technique du renard peut se pratiquer quelle que soit la longueur de la canne. Le but est de se déporter dans l’axe le plus loin possible de son extrémité. Mais pour faciliter les lancers ainsi que les mises à l’épuisette et faire levier dans un sens ou dans l’autre, il convient de toujours réduire d’un mètre environ la longueur de la ligne par rapport à celle de la canne.

 

Son matériel

Canne : Hyper Carp HC-40-2 (Browning) 11,50 m 
Flotteur : JOS (artisan belge) 
Plomb : Olive (Catherine) 
Nylon : Cenex (Browning) 20 à 25/100 
Hameçon : Sphere Beast (Browning) n°14 
Élastique : Xitan Microbore (Browning) 2,7 mm

 

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