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Canal, les biefs se suivent mais ne se ressemblent pas !

Un canal est d’aspect visuel très monotone, c’est une « rivière » très lente et routinière, du moins en surface, avec nos yeux de pêcheurs. Bien souvent délaissés par le passé, les canaux ont aujourd’hui de plus en plus la cote. Certains s’y frottent et abandonnent
très vite, faute de résultats, d’autres s’y piquent et scotchent les biefs, avides de découvrir leurs potentiels. Chaque parcelle a sa singularité, nous allons comparer trois biefs qui se suivent sur le canal latéral à la Loire et y constater des différences étonnantes.  

LES TROIS BIEFS
Le canal latéral à la Loire est un ouvrage de petit gabarit qui s’étend sur près de 200 kilomètres, autant dire qu’il y a de quoi pêcher. Nous allons nous concentrer sur trois biefs consécutifs, proches de mon domicile, sur lesquels j’ai effectué au total un peu plus de 300 nuits ces cinq dernières années. Chaque bief a été baptisé en corrélation avec son cheptel : 1, le bief à grosse ; 2, le bief à petites ; 3, le bief générique. Le bief « à grosses » est une eau à faible cheptel, mais avec une moyenne de poids intéressante, puisqu’elle oscille autour des 15 kg. Il s’étend sur 7 kilomètres et contient environ une centaine de carpes. Le second, le bief « à petites », est lui aussi faiblement peuplé, tout au plus une cinquantaine de carpes dont aucune ne dépasse les 12 kg, il s’allonge sur trois kilomètres.

Premier contact avec le canal, il y a tout juste quinze ans
Crédit photo :

Le bief « générique » est beaucoup plus peuplé, avec des carpes de toutes tailles, j’estime qu’environ 300 poissons naviguent sur ses 8 kilomètres. Je suis parti à l’aveugle sur ces eaux, sans information ; l’étendue des cheptels a été déterminée par comptage pendant les fraies et en comparant les photos des carpistes locaux bienveillants. Je les remercie au passage pour leur partage et leur sympathie ; certains sont devenus aujourd’hui de bons amis. Les trois biefs contiennent un port ou une gare à bateaux et sont en secteurs de nuit.

Une fully du bief générique.
Crédit photo :

LE CASSE-TÊTE
Avant d’aborder un bief, j’aime m’y promener à pied à la recherche de la moindre activité, ou pour y trouver un spot visuel comme des herbiers, une cassure de berge, des palplanches éboulées, un virage en demi-lune, un pont, des pierres… Mon approche est assez stéréotypée sur les canaux : une pêche à trois cannes, de nuit, avec les montages placés dans différentes couches d’eau suivant l’activité et les postes repérés. Le premier bief approché sera le générique, sur lequel j’ai pêché huit nuits avant d’en extirper une carpe aussi vilaine qu’attendue. Une malheureuse commune de 2 kg, tordue comme un z.

Un « poisson patate » du bief à grosses.
Crédit photo :

Il a fallu se remettre en question, faire fonctionner les méninges pour obtenir de la régularité par la suite. Sur le bief à petites, il m’aura fallu six sorties (toujours sur une nuit rapide, souvent préparée) pour prendre un premier poisson ; une petite miroir écaillée cette fois. Le bief à grosse m’apportera plus de réussite dès la première nuit avec deux poissons de beau gabarit d’entrée de jeu ; il se révélera le plus difficile à pêcher par la suite.

Hormis le dernier bief cité, il a été nécessaire d’utiliser de la matière grise pour piéger des carpes sur les parcelles dites « générique » et « à petites ». Ayant déjà pêché dans le passé des biefs bien peuplés et sous-pêchés où les touches s’enchaînaient sans mettre en place une grande technicité, je me suis vite rendu compte que chacun de ces biefs consécutifs allait m’en faire baver ; et que ce qui fonctionnait bien sur l’un, n’avait souvent aucune efficacité sur l’autre.

Dans les graffs
Crédit photo :

LES BIEFS ET LEURS PARTICULARITÉS
Commençons par le « générique », il possède un énorme port de plain-pied avec des tables de pique-nique, des poubelles, de la belle herbe tondue… bref des postes rectilignes, confortables et par conséquent exploités toute l’année. La présence régulière de gros champignons verts type biwysiums de carpistus en témoignait. J’y ai pris mes premières désillusions et en ai tiré la conclusion que, comme en rivière, sur les canaux, les carpes fuient et se méfient très vite des zones où la pression de pêche est régulière. Par conséquent, je me suis déplacé sur des secteurs plus tranquilles.

La fréquence des départs a commencé à augmenter, mais il manquait encore quelque chose pour maintenir une bonne cadence. La solution fut trouvée en appliquant deux méthodes. Les carpes du générique squattent les herbiers et mordent dans peu d’eau.

Rétrécissement, spot idéal pour capter plus rapidement les carpes.
Crédit photo :

Il fallait souvent pêcher une périphérie d’herbier (myriophylle et potamot) ou coller le plomb contre la palplanche en extrême bordure. Un poste contenant des herbiers en bordure était donc devenu de premier choix et m’offrait des nuits agitées comme on les aime. Les cannes les plus prenantes étaient placées en extrême bordure dans un herbier, ou, mieux encore, dans une mini-fosse contre les palplanches près des algues. Je repérais ces petits trous à l’échosondeur et les plus prolifiques étaient composés d’une matière glaiseuse. Un manche creux de vieille canne télescopique recyclé, enfoncé de quelques centimètres, permet d’apprécier le substrat.

Une nuit prolifique.
Crédit photo :

Je me laisse à penser que les carpes ellesmêmes venaient brouter en pleine glaise et que ces cavités étaient le fruit de leurs coups de groins répétitifs. D’ailleurs, si vous prenez des carpes avec la périphérie buccale orangée, intérieure et extérieure, il n’y a pas photo, elles broutent dans la glaise. Un sondage au plomb sera nécessaire pour trouver ce substrat ; dès que le plomb colle sans s’enfoncer, vous êtes au bon endroit. Ce constat est d’ailleurs valable sur tout type d’eau.

Sur ce même bief j’ai pris également quelques poissons en plein canal, mais ce fut très anecdotique. Poursuivons sur le bief dit « à petites » : c’est une autre paire de manches (d’où le titre de cet article). Comme sur le générique, j’ai commencé par traîner mes guêtres sur le port (qui est ici en réalité une gare à bateau beaucoup plus petite). Ce fut le même échec ; pas l’ombre d’un poisson sur les premières sessions. En revanche des traces fraîches carrées, rectangulaires ou ovales dans l’herbe (non pas des crop circles !) laissaient à penser que là aussi d’énormes champignons verts avaient récemment tiré parti du poste.

Poser un montage juste devant un moine, en bordure, est un geste chargé de bon sens.
Crédit photo :

Pas folle la guêpe, j’ai à nouveau fui le port à la recherche d’herbiers en bordure. Une zone à potentiel prolifique fut rapidement sélectionnée. J’ai abordé ce poste tout en gardant ma ligne de conduite habituelle, à savoir toujours placer une canne tête chercheuse dans le lit, en dehors du poste prometteur. À ma grande surprise, les deux fouets placés au ras des herbiers et des palplanches n’ont pas bougé d’un poil. C’est la canne en tête chercheuse, placée à l’arrache en plein canal, qui a klaxonné pour m’offrir une sympathique ch’tiote miroir avec une belle écaillure. Il s’est avéré, au fur et à mesure des prises, que le poids moyen des carpes sur ce lopin d’eau était très faible, mais que chaque miroir, sans exception, possédait une belle parure d’écailles.

The Spot !
Crédit photo :

Techniquement, il n’y avait pas grand-chose à mettre en oeuvre pour réussir sur cette eau. Le sondage ne m’a pas apporté grand-chose car le lit et les tombants ne présentaient pas de particularités visibles. Cette fois et malgré le placement systématique d’une canne le long des palplanches, aucun, strictement aucun poisson n’a été pris sur les bordures. Les carpes se faisaient berner systématiquement dans le lit du canal ou dans les tombants. Un ou deux pré-amorçages de 2 à 3 kg de billes, en semant (tel le Petit Poucet) une bille tous les mètres carrés entre les tombants sur une distance de 100 mètres, suffisaient pour déclencher des touches.

Une galette d’un bief en amont.
Crédit photo :

LE BIEF À GROSSES
Au premier contact, c’est charmant car c’est boisé, sauvage, rocailleux… On se croirait vraiment sur une rivière. J’abandonne d’entrée le port, car bien qu’il soit peu accessible, quelques pêcheurs au coup y sont régulièrement installés. Je privilégie une zone un peu plus lointaine, avec des roselières et des arbres qui surplombent l’eau, au feeling, sans sondage. Les choses sérieuses ont commencé très tôt sur cette eau. Dès la première nuit j’enchaîne deux carpes, une quasi linéaire de 16 kg et une miroir tout en rondeur d’un poids quasi similaire. Il s’est avéré par la suite qu’une de mes cannes pêchait sur une zone productive, trouvée complètement par hasard cette fois-ci. Cette eau va elle aussi se distinguer des autres, en matière de fréquence de touches et de spots à privilégier. En effet, après cette réussite de la première nuit, j’ai enchaîné deux autres nuits similaires avec des poissons de même calibre. Toujours sur la même canne, dans le plein canal au beau milieu du lit. D’un coup tout s’est arrêté et à l’aube de ma quatrième nuit un capot se dessinait. Les trois nuits qui ont suivi, toujours sur le même poste, m’ont affligé la même sanction. Après réflexion je décide de bouger du poste, histoire de voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Je me décale de 200 mètres sans réussite sur deux nuits.

Un mâle puissant qui m’a livré une bataille incroyable.
Crédit photo :

Il est temps de se remettre en question et d’arrêter de tomber dans la facilité : je sors l’écho, advienne que pourra. En passant le sondeur sur le poste des premières nuits fastidieuses, je constate que ma canne était placée dans un petit cratère d’un mètre de diamètre sur 20 centimètres de profondeur, au beau milieu de la vase… « Mais quel con ! », pensais-je.

C’est toujours le même constat quand on trouve une solution : si j’avais pris le temps de m’appliquer, je ne serais pas passé au travers de la pêche ces dernières nuits. La solution était sous mes yeux. Les poissons grouinent dans les poches de vaseux du lit du canal. Plusieurs poches ont été mises à jour à l’écho ou au plomb ; bien souvent les cratères sont par lots de quatre ou cinq sur une zone restreinte d’une dizaine de mètres. Les départs ont repris de plus belle, mais il s’est avéré, comme sur le premier spot, qu’au bout de quelques nuits, les détecteurs étaient au chômage technique. En se décalant sur d’autres excavations préalablement repérées, les touches reprenaient. Il va de soi que les poissons de ce bief étaient très sensibles à la moindre pression de pêche. Au point où je suis retourné plusieurs fois sur le premier poste, sans y reprendre un poisson.

Petite coco du bief à grosses.
Crédit photo :

La bonne longueur du bief face à la faible densité de poissons peut amener une lueur d’explication à ce comportement farouche. Cette flotte m’a offert quelques beaux poissons que je ne suis pas près d’oublier, je vous souhaite de dénicher un petit coin de canal tranquille comme celui-ci à proximité de votre domicile.

Les canaux réservent souvent de belles surprises.
Crédit photo :

CONCLUSION

Si nous synthétisons les trois parcelles, il en ressort que le bief générique est prenant à condition de poser son montage sur une bordure avec la présence d’herbiers. Le bief à petites, quant à lui, est productif en plein lit sans avoir d’explication ou de certitude notable.

Sous les ponts sont les poissons
Crédit photo :

Le bief à grosses engendre de la réussite pour celui qui dénichera les poches de vaseux et placera son montage dans les cavités créées par les carpes. Vous l’aurez compris, chaque bief héberge un cheptel différent, avec des poissons aux moeurs variés. Toute parcelle de canal exige de la réflexion et de l’adaptation pour en tirer le meilleur. Certains assurent que les poissons
passent les écluses en même temps que les péniches ; c’est tout à fait possible suivant le comportement des poissons (fraies) et les manipulations humaines (chômage ou abaissement du canal). Mais je reste persuadé qu’un poisson est fidèle à son bief tant qu’il n’y est pas déplacé. L’essentiel pour réussir restera un bon sondage des substrats, une bonne adaptation et de la patience. Chaque bief est une nouvelle aventure… Tentez-la !

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Magazine n°161 - Mai & juin 2021

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