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Bassinées, éclusées : les pièges du canal

Le calme qui règne sur les canaux navigables en début de journée est vite rompu par les ouvertures et fermetures d’écluses à répétition. Cela peut stopper net les touches alors que les poissons, habitués à ces petits manèges, sont toujours en pleine activité. Olivier Wimmer nous explique comment être toujours en mesure d’y faire face.

On peut pratiquer en canal toute l’année. Les mouvements d’eau constants, plus ou moins importants selon la saison et la taille des embarcations qui circulent, retardent l’effet du gel en hiver. Et à la belle saison, les courants vont donner un coup de fouet aux poissons trop nonchalants ! On appelle éclusée le phénomène consécutif à l’ouverture des portes d’une écluse provoquant un courant dans un sens, à l’ouverture, puis dans l’autre à la fermeture. Les bassinées, elles, correspondent à des variations de niveau plus ou moins marquées.

Ce bateau va enfin sortir. Mais avant cela, l’éclusier a dû réaliser un lâcher d’eau de plusieurs mètres cubes pour abaisser le niveau dans l’écluse. Ce qui a eu pour conséquences de faire remonter celui du bief et de générer un courant.
Crédit photo : Olivier Wimmer

À DES KILOMÈTRES

Ces événements, verticaux et horizontaux, vont de pair et se ressentent plus ou moins en fonction de l’éloignement de l’écluse, de l’importance du canal et selon que vous vous trouvez en amont ou en aval d’un bief. Mais ils sont toujours perceptibles, y compris à des kilomètres. En Alsace, par exemple,avec de nombreuses écluses sur les canaux de la Marne et du Rhône au Rhin, le dénivelé est important. Les mouvements d’eau y sont donc importants et fréquents et il faut savoir s’adapter pour y réussir.

La présence de palplanches est utile pour surveiller les variations de niveau même si elles ne permettent pas de les mesurer avec précision.
Crédit photo : Olivier Wimmer

LES ÉCLUSÉES

Les lâchers (écluse en amont) ou aspirations (écluse en aval) d’eau provoquent des tirants qu’on remarque immédiatement. D’un courant nul, on passe à celui d’une petite rivière lors du transit d’un bateau de plaisance, pire encore s’il s’agit d’une péniche. Sous l’influence de ce courant, le montage de ligne utilisé en début de pêche ne convient plus, les touches disparaissent. Les poissons n’ont pas déserté le coup mais se sont décalés ou exigent une présentation différente de l’esche. Si le pêcheur peut alors être déstabilisé, les poissons, eux, sont habitués à ce trafic fluvial. Pour ma part, j’apprécie cette petite dose de boost que je trouve toujours bénéfique… sauf passage d’une grosse péniche balayant le coup évidemment ! Un mouvement d’eau raisonnable peut en effet transformer un coup éteint, augmenter la qualité et le rythme de touches jusqu’alors timides ou espacées en l’absence totale de courant. Ce courant aléatoire remue l’amorce, libère son contenu, notamment les esches, et peut rameuter des poissons jusqu’alors peu actifs ou qui se tenaient un peu trop à l’écart.

La portance de la ligne choisie dépendant de la profondeur et du courant, mieux vaut disposer d’un panel assez large. Olivier n’hésite pas, quand c’est nécessaire, à parier sur le plat qu’il considère comme un vrai joker.
Crédit photo : Olivier Wimmer

LES POIDS DE LIGNES

Pour déclencher ces touches, la parade consiste à varier les portances de ses montages et à trouver celle qui permet d’en garder un bon contrôle. Disposer d’un large panel de lignes à l’avance est donc essentiel. L’important est d’être toujours capable de ralentir voire de bloquer la ligne et donc l’esche pile là où l’on a déposé son amorce, et ce quelle que soit la puissance du courant.

Mis au point par les Italiens de Tubertini, le Water Level Indicator est un accessoire ingénieux qui s’installe facilement sur un pied de la station.
Crédit photo : Olivier Wimmer

LES BASSINÉES

En canal, le réglage de la ligne est en effet primordial pour séduire gardons et brèmes. L’esche doit évoluer au ras du fond voire traîner. Un écart de quelques centimètres peut se traduire par une absence totale de touches, il convient d’être attentif. Une bassinée peut durer un certain temps et il ne faut pas hésiter à bouger son flotteur. L’environnement direct peut fournir des indices précieux. Sur les palplanches qui protègent les berges de l’érosion, on peut constater une variation du niveau. Approximatif mais efficace ! Pour plus de précision, je me sers d’un accessoire conçu à cet effet : le Water Level Indicator (Tubertini). Il s’agit d’un bras télescopique orientable, installé sur un pied de ma station. La tige métallique est immergée à la verticale, réglée au point 0 en début de pêche. Un flotteur en mousse coulissant sur cette tige indique ensuite toute variation de niveau, positive ou négative. J’adapte alors la position de mon flotteur sur la ligne. C’est moins fastidieux et chronophage que de sonder à nouveau.

C’est ce petit anneau de mousse coulissant sur le Water Level Indicator qui indique les montées ou les baisses de niveau que l’on peut alors reporter sur la position du flotteur sur la ligne. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

BISON FUTÉ

La circulation des bateaux est variable : elle démarre en milieu de matinée, ralentit aux heures du déjeuner, pour reprendre jusqu’en fin d’après-midi. En début de sortie, c’est souvent très calme et l’erreur à ne pas commettre est de réaliser alors un amorçage trop léger. Non pas en termes de quantité mais bien de densité de l’amorce employée. Un mélange trop léger pourra être totalement balayé aux premières accélérations de courant. Je pratique donc toujours un système à deux vitesses. L’amorçage initial est composé d’une seule et même recette, plus ou moins claire en fonction de la saison et des espèces présentes, mais contenant toujours une bonne proportion d’une terre de Somme dense et argileuse.

Il est bon de préparer des coups à différentes distances pour garder un bon rythme de touches et, surtout, de ne jamais négliger la bordure.
Crédit photo : Olivier Wimmer

LA BONNE SOUSOUPE 

J’incorpore celle-ci à mon mélange sous la forme d’une soupe qui me sert à humidifier le tout. Farines et terre s’immiscent parfaitement pour façonner une amorce lourde sans être trop collante. Elle va se stabiliser sur le fond, tout en conservant son côté attractif grâce à sa mécanique bien particulière. Chaque coup de courant va en effet la réactiver – libérant particules de pain, de semoules, de graines ainsi que les esches –, mais va aussi faire nuager la terre de Somme. Pour préparer le coup, je confectionne donc entre 8 et 10 boules de la taille d’une petite orange. Une moitié, bien garnie en esches, est fortement serrée pour créer cette réserve qui va libérer son contenu lentement. Les autres, parsemées de quelques appâts seulement, éclatent quasiment à l’impact en surface pour attirer les poissons le plus rapidement possible. Avec le temps et l’expérience, j’ai aussi appris qu’il ne fallait pas hésiter à remettre la main au bac pour rappeler notre présence aux poissons après que de gros passages de bateaux ont plus ou moins nettoyé le coup. Le choix de la distance de pêche idéale dépend du gabarit du canal, l’influence des éclusées et des bassinées y étant plus ou moins importante. Il est impératif de prévoir plusieurs coups au cas où l’un d’entre eux soit totalement balayé par le courant ou troublé par le passage à proximité d’une embarcation. J’évite de pratiquer dans le lit, l’endroit le plus profond étant justement celui où passent les bateaux.

Pour bien alourdir son amorce mais sans la coller outre mesure, Olivier la mouille avec une soupe de terre de Somme qui va nuager à chaque coup de courant.
Crédit photo : Olivier Wimmer

ATTENTION À LA MARCHE

Je me focalise sur les dénivelés, ces fameuses marches repérées au sondage, et les pentes, là où la profondeur décline. Comme tous débris et nourritures naturels, les esches et les particules d’amorce s’y maintiennent plus facilement pour constituer un parfait garde-manger.

En toutes saisons, la pêche en canal est une école de précision, où l’adaptabilité et l’observation priment.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Pensez au plat

Certaines éclusées peuvent être violentes et bloquer la ligne devient compliqué. J’ai alors recours à un flotteur habituellement réservé à la rivière : le plat, arme redoutable partout où il y a du courant. Je possède un large panel de petits modèles (0,50 à 3 g), très efficaces dans ces courants éphémères. Ils permettent en outre de capturer des poissons dont on n’aurait même pas soupçonné la présence : grosses brèmes ou gros gardons.

 

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Magazine n°908 - janvier 2021

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