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Pêche à la grande canne des spécimens : jusqu'où peut-on aller ?

Une nouvelle catégorie de pratiquants avides de sensations et de records a vu le jour, les traqueurs de spécimens ! Rencontre avec Morgan Grégoire, pour qui le mot partage ne connaît pas de limites, pas plus que les cibles qu’il convoite. Il emmène sur ses traces un public non négligeable.

La pêche de la carpe à la grande canne a une bonne vingtaine d’années d’existence. On pensait à une mode passagère, pourtant elle fait partie aujourd’hui du paysage halieutique. Elle a ses spécialistes, ses championnats, tout un public de mordus. Alors que capturer un poisson de près de 10 kg à la grande canne relevait de l’exploit au début des années 2000, l’évolution du matériel a connu des avancées fulgurantes mais aussi impressionnantes.

Spécimenodromes

Grosses carpes, esturgeons, silures, il existe aujourd’hui de nombreux sites dédiés tels que :

  • Le Carpodrome – étang de Sommeilles dans la Meuse (55800), Aymerick Magot 06 24 46 39 40
  • Le Domaine de la Patte d’Oie - Prehistoric Fishing - les Guidons, Mélisey (70), Nicolas Gavoille 06 47 31 51 94
  • Étang de Graal - 7 étangs de Rogissart 08700 Gespunsart, Romain Cotu, www.facebook.com/EtangsduGraal08
  • Alalimonade - 7B rue du stade, 88560 Saint-Maurice-sur Moselle, Alain 06 37 94 56 21

Des cannes spécifiques à emmanchement sont désormais disponibles pour affronter les grosses carpes, silures et esturgeons. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Cannes spécimens

Un spécimen, c’est quoi ? Ce peut être une carpe aux mensurations inhabituelles, 20 kg et davantage, mais aussi des espèces hors norme comme les esturgeons ou les silures. Et oui, on peut aujourd’hui affronter ces monstres d’eau douce à la grande canne aussi. Alors évidemment, on ne traque pas les spécimens avec le même matériel que les carpes en carpodrome. Un nouveau segment de cannes a vu le jour, spécialement dédié à ces pêches intenses. Carbone haute résistance et composite en sont les matières premières et les points névralgiques que sont les emmanchements mâles et femelles, mais aussi les talons et scions, sont hyperrenforcés. La maniabilité n’est donc pas leur point fort. La longueur des cannes spécimens oscille entre 4 et 11,50 m. À longueur maximale, le kilo est souvent dépassé, c’est le prix à payer pour obtenir la solidité nécessaire pour supporter les combats et l’imposante taille d’élastique adaptée à cette pratique plutôt musclée ! L’orifice de sortie des scions, si on peut encore les appeler ainsi, peut paraître démesuré car compris entre 7 et 12 mm. Mais en fonction de la taille des sujets présents, il faut parfois installer l’élastique intérieur pour qu’il pointe hors du second brin de la canne.

L’énorme scion de la canne laisse passer un solide élastique, ici un double 5 mm Caperlan. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Élastiques surpuissants

Comme dans toutes les pêches au coup à la grande canne, l’élastique doit jouer un rôle d’amortisseur. Ce dernier est évidemment adapté à la morphologie des espèces. Aujourd’hui, c’est l’esturgeon que traque Morgan. Pour sa pêche, le panel d’élastiques employé par mon invité du jour oscille entre 5 et 10 mm. À ma grande surprise, je rétorque qu’un élastique de 10 mm n’existe pas et Morgan me répond sourire aux lèvres : « C’est juste, mais je double mes élastiques et en place parallèlement deux de 5 mm dans la canne afin d’obtenir la puissance nécessaire ! » Je me dis que ce tendeur-sandow ne sortira jamais et mon ami conclut toujours aussi narquois : « Tu verras si un Baeri tire dessus s’il ne va pas sortir ! » Le montage des élastiques est une opération réglée au millimètre car ils font le lien entre la ligne et la canne, diminuant les risques de casse pour l’une et pour l’autre. Les élastiques sont logés sur deux éléments de canne et mesurent au repos près de 3 mètres. Ils sont retenus à la base de la canne par un morceau de tresse fixé lui-même à l’extérieur de l’élément par plusieurs tours d’un ruban adhésif costaud. Ce stratagème permet à Morgan d’en régler la tension si besoin. À l’autre extrémité, la ligne est directement greffée sur l’élastique, car évidemment il n’existe pas d’attache-ligne suffisamment solide. Et afin que Nylon ou tresse ne sectionnent pas l’élastique, Morgan crée un renfort grâce à un tube en plastique souple.

Les deux petites tranches de harengs sont fixées via un cheveu au plus proche de l’imposant hameçon simple.
Crédit photo : Olivier Wimmer

Quels appâts pour l'esturgeon

Qu’est-ce qui orne le plantureux hameçon ? L’esturgeon est omnivore, Morgan a bien étudié ses mœurs et connaît les appâts qui marchent. « Je ne jure que par les appâts carnés et très odorants pour l’esturgeon. Mon favori est le hareng fumé coupé en gros cubes ! » En effet, les esturgeons adultes se nourrissent, en plus de végétaux, mollusques, insectes, d’autres poissons. Morgan vise donc juste, même s’il ne s’interdit pas de varier les appâts si nécessaire pour décider ces dinosaures : grosse boule de pâte, énormes bouquets de vers canadiens, gros granulés percés à base de farine de poissons ou encore plus original, croquettes pour chiens. Quel que soit l’appât choisi, il repose sur le fond.

La touche, violente et rapide a été immédiatement sanctionnée par un ferrage efficace. Morgan lutte désormais face au géant d’eau douce.
Crédit photo : Olivier Wimmer

La patience

La traque des spécimens exige de la patience. Les heures à attendre la touche sont parfois longues, parce que même si vous choisissez le bon spot sur un étang dont vous connaissez le cheptel, c’est toujours le poisson qui décide et les esturgeons sont parfois très capricieux. Plus l’étendue est grande, plus il est nécessaire de préparer son coup à l’avance par le biais d’un amorçage conséquent. Les esturgeons peuvent être de véritables aspirateurs, d’autant qu’ils cohabitent souvent avec d’autres espèces. Pêcher confortablement est important. Une barre d’amorçage placée de manière frontale sur votre station est un atout considérable pour vous permettre de supporter le poids de la canne durant l’attente. Cela aide à économiser vos forces pour supporter d’âpres et longs combats. Concernant ces derniers, veillez à bien dégager votre poste et à ne pas vous encombrer inutilement. La lutte avec un esturgeon vous contraindra sans aucun doute à vous extirper rapidement de votre siège pour poursuivre la bagarre le long de la berge.

Idéalement, la mise au sec se réalise à deux, plus sûre pour le poisson et le matériel et bien sûr sans épuisette pour ne pas blesser le poisson. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

C'est du sport

La touche est fulgurante car l’esturgeon nage rapidement une fois qu’il s’est senti pris au piège. Le ferrage quant à lui doit être énergique afin que l’hameçon trouve prise, et ensuite, place au sport ! Le poisson fera tout pour se défaire du lien, se servant de tous ses sens et de sa rude carapace. Il peut tantôt « tanker » sur le fond, voire se hisser à la surface et vous gratifier de sauts dignes d’un dauphin. Dans tous les cas, soyez prêts, vifs et rapides, mais aussi stoïques, car si le combat s’éternise, il ne faudra pas donner de mou à la bête. Malgré sa stature imposante, je parle de Morgan, il doit se servir de tout son corps pour maintenir la pression canne en main. « Pour parvenir à maîtriser le combat, je ne déboîte quasiment jamais, mais je me sers de toute la puissance de ma grande canne pour faire boire la tasse à l’esturgeon et le mener vers la bordure. » Lorsque l’on est aux prises avec un poisson de cette envergure, il est utopique de vouloir le mettre au sec tout seul. L’épuisette est à proscrire car elle pourrait le blesser. Seule solution, lui faire longer la berge et l’attraper par la queue pour le hisser sur le tapis de réception. Et à ce jeu-là, on n’est pas trop de deux ! Évidemment, pas de bourriche, après le combat et la séance photo, c’est retour à l’eau direct pour le « néness ». Le record de Morgan est de 55 kg, à vous de tenter de le battre !

Une sacrée prise avec une canne au coup ! Morgan se passionne pour la quête de ces poissons géants. 
Crédit photo : Olivier Wimmer

Montage de ligne

La puissance impressionnante des esturgeons implique un montage de ligne ultrasolide.

Le corps de ligne : certains utilisent la tresse, Morgan préfère le Nylon. Il a dû évidemment piocher dans une gamme particulière, celle de la mer, pour trouver un diamètre et une résistance adapté. Ici un « petit » 0,50 mm pour la bagatelle de 32 kg de résistance ! Les nœuds sont plus faciles à réaliser qu’avec de la tresse et l’ensemble conserve un peu de souplesse afin que la canne et le pêcheur n’encaissent pas tout.

Le flotteur : évidemment, sur un Nylon de cet acabit, impossible de positionner un flotteur conventionnel muni d’un œillet et de bagues silicones. La pression exercée par les poissons n’en ferait qu’une bouchée et le Nylon éclaterait n’importe quel corps de flotteur. En bon concepteur de flotteurs qu’il est, Morgan dispose d’une gamme dédiée. Les antennes sont adaptées à la bouchée proposée plutôt imposante mais permettent aussi de lire les mouvements autour de l’appât avant que le poisson ne s’en saisisse. Il peut greffer une antenne lumineuse lorsqu’il pratique en pleine nuit. Ils sont fixés au corps de ligne via une tétine solidement arrimée à la base de la quille. Ils prennent alors la position d’un waggler anglais, fixé en un seul point. Le poids du flotteur est choisi en fonction du type d’appât afin qu’il ne coule pas sous son poids. C’est ce dernier qui va le lester.

L’hameçon : il est évidemment très fort de fer et emprunté au rayon des carpistes en batterie. C’est un modèle à œillet autorisant un montage en boucle. Non seulement, Morgan s’évite de nouer l’hameçon via des spires qui pourraient glisser sous les fortes tractions, mais le montage en boucle permet à l’imposant crochet de 2 (Korda Wide Gap) de pivoter librement dedans pour être facilement aspiré par le poisson malgré l’imposant menu proposé.


Just’float : des flotteurs sur-mesure

Morgan fabrique des flotteurs sur-mesure et à la demande. Il est distribué chez quelques détaillants, mais préserve ce contact privilégié avec les pêcheurs afin d’être au plus près de leurs attentes et demandes. Non content d’être tous des modèles uniques, ses flotteurs sont aussi de petites œuvres d’art. Allez jeter un œil à son profil Facebook.

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