Ce qu’on appelle fouillis de vers de vase est l’amalgame de larves d’insectes proches des moustiques (ce n’en sont pas) qui pondent dans des milieux saturés en matières organiques. Du fait de l’amélioration de la qualité générale des eaux (ce qui est plutôt positif pour l’environnement), il n’existe plus beaucoup de tireurs ni de coins à fouillis en France. Il faut désormais se tourner vers les détaillants qui l’importent de Pologne, d’Ukraine ou de Russie, ce qui permet d’en disposer en quantités suffisantes.
Bien au frais
On associe souvent l’utilisation du fouillis à celle du ver de vase, larve beaucoup plus grosse d’une autre espèce de diptère (Chironomus plumosus), présente dans la quasi totalité des milieux aquatiques et elle aussi très appréciée des cyprinidés. Emballé dans du papier journal, le fouillis est amalgamé et pur, sans aucun support de conservation. Frais, il est rouge vif, remue doucement et se détache parfaitement du papier. Un froid excessif peut l’anesthésier mais il suffit de l’extraire du réfrigérateur et de le laisser respirer à température ambiante pour qu’il reprenne ses esprits en moins d’une heure. Attention : un fouillis noirci, collant au journal et dégageant une odeur forte, est sans doute mort et difficilement utilisable pour la pêche.
Pur ou décollé
Si votre fouillis est très frais et bien vivant, il peut être utilisé pur sans avoir à être décollé (nous y reviendrons). Il suffit donc de garder votre petit paquet de fouillis à portée de main, sur votre tablette, toujours fermé pour éviter que les larves sèchent. Il peut alors être intégré dans le feeder au fur et à mesure des besoins, mélangé du bout des doigts dans la couche supérieure du bac d’amorce ou bloqué entre deux bouchons d’amorces. Ce fouillis a l’avantage d’être neutre et de ne dénaturer ni la composition ni la mécanique de l’amorce. Le fouillis pur étant gras, les larves qui s’échappent de la cage peuvent avoir tendance à faire décoller les poissons, ce qui est gênant lorsque l’on pêche la brème. Dans ce cas, il faut le travailler pour qu’il soit plus lourd.
Secs et fins
Pour bien séparer les larves d’un fouillis pas trop frais ou l’alourdir pour qu’il reste bien plaqué sur le fond, il faut le décoller, ce qui aura aussi pour conséquence de le dégraisser. Certains utilisent pour ça de la farine de maïs ou de la fécule de pomme de terre mais les produits à base de terre (argile sèche, terre de Somme, limon) sont largement supérieurs. Ils doivent être secs et tamisés au plus fin. Les argiles lourdes plombent les larves. Il suffit de saupoudrer la terre sur le fouillis, de mélanger le tout en frottant délicatement les larves entre les mains. L’opération est terminée lorsque toutes les larves sont parfaitement décollées. Lorsque le décollage est terminé, on peut tamiser le tout sur un chinois ou une maille très fine, type moustiquaire, pour supprimer la terre en excès. On obtient ainsi un beau fouillis décollé très pur qui ne nuagera pas sur le fond.
Une seule cage
S’agissant des quantités, n’oublions jamais que sur le coup, on peut toujours rajouter des esches, pas en retirer ! L’hiver, utiliser une même cage (medium ou small) pour l’amorçage et la pêche est largement suffisant. Un quart voire un demi-litre de fouillis feront l’affaire. Mélangez un quart de ce dont vous disposez dans votre petit bac d’amorce de départ. La première demi-heure, relancez toutes les cinq minutes maximum pour créer un petit tapis sur le fond puis ralentissez ensuite le rythme du rappel en fonction des touches. Une montre est utile ici pour chronométrer le temps qui s’écoule entre le contact du feeder avec la surface et l’obtention de la touche. Ce délai doit permettre d’ajuster correctement le rythme de rappel. Si les touches se font plus rares ou, à l’inverse, si les poissons rentrent en masse, augmentez la quantité de fouillis dans la cage pour les faire revenir ou maintenir leur grosse activité.
Feeder bouché !
On peut associer le fouillis avec d’autres esches, les pinkies rouges étant l’option la plus courante. Les vers coupés intéresseront brèmes et carassins, les casters, les gardons et brèmes difficiles. Mieux vaut néanmoins éviter de mélanger trop d’esches différentes sous peine de réduire la fréquence des touches. On peut perdre en effet un temps énorme à trouver celle qui déclenchera les touches. Il peut être plus efficace d’escher différemment, pour créer la curiosité et la concurrence, amorcer par exemple avec du fouillis et des pinkies et escher avec un gozzer ou un ver de terreau. Les cages grillagées, très polyvalentes, libèrent beaucoup de particules d’amorce et de larves pendant leur descente. Ce n’est pas bien gênant en dessous de 2 ou 3 m de profondeur, les larves traversant rapidement la couche d’eau si le courant est inexistant. Ça peut même être intéressant avec des poissons, gardons, plaquettes et ablettes notamment, qui décollent facilement. Il est possible néanmoins de modifier provisoirement une cage de ce type en obturant plus ou moins sa surface avec du chatterton noir. Ce bricolage permet de pêcher avec beaucoup d’amorce et peu de larves sans libérer trop tôt le fouillis. On peut aussi, de cette façon, déposer de grosses quantités de fouillis pur, bloqué entre deux bouchons d’amorce. C’est utile, par exemple, pour cibler les grosses brèmes, pêcher par grand fond ou à très grande distance. Le mieux bien sûr, est d’utiliser directement un feeder fermé (window feeder) qui conserve les esches bloquées derrière un bouchon d’amorce ou de terre. On peut alors déposer très précisément énormément de larves sur le fond, en un minimum de temps et avec en fait très peu d’amorce.
Pas bon marché
Sauf en compétition bien sûr, il n’est pas forcément justifié de dépenser plus d’argent pour se faire plaisir au bord de l’eau, sachant que le fouillis n’est pas bon marché. Cependant, utilisé occasionnellement, surtout en période froide, et en petite quantité, il peut être réellement indispensable… ne serait-ce que pour éviter le trop douloureux capot !
Le ver de vase
Escher avec des vers de vase est cohérent quand on introduit du fouillis dans l’amorce. Mais trop frais, ils sont fragiles et tendres. Il est délicat de les garder vivants et entiers sur des lancers appuyés. Mieux vaut les faire « vieillir » une bonne semaine dans de l’eau au réfrigérateur (changée tous les deux jours) pour les durcir. On les pique (du côté de la tête, plus dur) sur un hameçon fin de fer et mieux vaut aussi utiliser un feeder le plus léger possible pour éviter un impact trop violent en surface.