On sait que par temps froid, les poissons stationnent en profondeur, ma is qu’ils n’hésitent pas à monter sur les pentes ou les plateaux quand les températures sont plus clémentes. C’est pourquoi connaître les différentes profondeurs accessibles depuis un poste est tout aussi important au feeder qu’au coup ou à l’anglaise. En allant plus loin, on doit pouvoir identifier une différence de niveau, un changement de nature du fond, la présence de végétation ou d’accrocs immergés. C’est important sachant que chaque aguichage ou manœuvre ne peut se faire qu’en ramenant un feeder ou un plomb, en les faisant glisser sur le fond ou décoller légèrement sur une très courte distance. Avec l’ensemble des données obtenues après un sondage méticuleux, il est alors possible de définir la ou les zones d’amorçage.
L'électronique
Commençons tout d’abord par une méthode qui divise les pêcheurs : le sondage électronique. Certains sont contre, estimant qu’il ôte tout « sens de l’eau », d’autres en revanche sont conquis par le temps précieux ainsi gagné. De mon côté, j’estime qu’une observation au sonar est utile mais pas suffisante. Les sondeurs modernes, de type Deeper, propulsés à l’aide d’une canne à pêche de puissance supérieure à 100 g, indiquent instantanément la profondeur, la température de l’eau en surface, la nature du fond (solide, mou, végétation) et éventuellement la présence de poissons. En activant la géolocalisation, ces données sont enregistrées sur une carte en temps réel et forment une bathymétrie des lieux consultable hors ligne et hors zone. J’aime utiliser ce type de sondeur pour trouver les différences de profondeur sur une même zone et déceler rapidement la présence de cassures sur le fond, de dénivelé important ou encore de zones avec de gros accrocs à éviter.
S’adapter
Ces données n’interdisent en rien une analyse personnelle. Il arrive par exemple que l’on observe des poissons sautant hors de l’eau à l’aplomb d’une zone que l’on vient d’identifier comme encombrée de végétation ou de branchages. Il faut alors s’adapter à la situation. Point important à retenir également : ne jamais se bloquer sur une zone de pêche qui, sur le sondeur, semble désertée. L’amorçage est prévu pour attirer des poissons en les faisant descendre dans la couche d’eau ou venir de plus loin dans la coulée. J’ai ainsi réalisé de très belles pêches de gros poissons en sélectionnant une zone profonde identifiée au Deeper sans y avoir repéré le moindre poisson au départ.
À l'ancienne
Plus traditionnel est le sondage au plomb d’Arlesey, le favori des pêcheurs au feeder. Simple d’utilisation et disponible en de multiples grammages, il permet de s’adapter à tous les parcours, avec ou sans courant. Ce sondage permet de repérer rapidement les différences de fond mais c’est bien sa seule fonction. Lisse, le plomb d’Arlesey glisse en effet sur le fond mais ne permet pas de déceler un accroc même de taille moyenne. Un plomb carré, que l’on trouve au rayon carpiste, avec ses arêtes nettes qui se bloquent sur les cailloux, informera mieux sur la nature du fond. Certains compétiteurs ont mis au point leurs propres plombs. La Fleur, mise au point par Élie Monatlik, par exemple, permet en frottant sur le fond de déceler absolument tout ce qui s’y trouve.
Avec un feeder
On peut bien sûr sonder directement avec une cage, mais lorsqu’il y a du courant et notamment avec les modèles à plombée latérale, la descente dans la couche d’eau n’est pas régulière. Le temps mis pour atteindre le fond, qui doit vous renseigner sur la profondeur, peut varier légèrement d’un lancer sur l’autre. La méthode est donc par trop imprécise. Cependant, ce relevé de profondeur ayant été effectué au plomb, un distance feeder (cage grillagée et plombée terminale) apportera un excellent complément. Lancé sur le coup et ramené doucement, il peut indiquer en effet la présence de feuilles, d’herbes, de graviers ou de limon. Pour le sondage, un blank fin et rigide en carbone transmet mieux les informations au niveau du poignet. L’utilisation d’un scion de taille medium (1,5 oz environ) est idéale pour ne pas plier à chaque obstacle. À chaque tirette ou glissé, il faut que la moindre vibration soit immédiatement répercutée.
Tresse obligatoire
Dans le moulinet, pour cette étape du sondage, la tresse, de 8 à 12/100, est indispensable. Le nylon est à proscrire, trop souple, trop élastique, il ne donne aucune sensation et écarte de toute réalité quant à la nature des fonds explorés. Seule la tresse permet, en association avec une canne rigide, de ressentir la présence du moindre petit caillou.
Les bonnes interprétations
- Le plomb touche le fond sans donner d’à-coup, on tend la ligne, on sent une résistance avant de décoller le plomb : c’est un fond vaseux ou limoneux et mou, attention à l’amorçage.
- Le plomb atteint le fond et on ressent un coup sec : fond dur.
- En faisant glisser le plomb, il tressaute très régulièrement: c’est sûrement des vaguelettes sur un fond limoneux durci.
- Même chose mais le plomb bloque et sautille régulièrement: fond sans doute jonché de cailloux. Sur des graviers, le plomb peut tressauter comme sur des vaguelettes de limon : un feeder permet de prélever un échantillon pour trancher.
- Le plomb bloque avec une sensation de mou : bute de vase ou traversée d’herbier. Un passage avec une cage feeder permet de détecter une éventuelle présence d’herbe.