Les sites du groupe Info6TM

Les flats de Los Roques

Crédit photo Jean-Baptiste Vidal
L’archipel de Los Roques, au Venezuela, fait partie des meilleures destinations pour la pêche des flats, que ce soit pour le bonefish, le permit, le tarpon et d’autres espèces aussi colorées que combatives. Ce chapelet d’îles paradisiaques constitue un excellent terrain de jeu pour le pêcheur globe-trotteur avec la possibilité d’être guidé pour explorer les îles plus lointaines. Tour d’horizon sur cette destination de réputation mondiale…

La particularité de Los Roques est de proposer aux pêcheurs un vaste territoire de pêche depuis l’île principale où se trouvent commerces et posadas, jusqu’aux îles plus éloignées accessibles uniquement en bateau.

Bonefish de 9 livres pour 75 cm, pris sur une petite crevette non lestée montée sur place.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Bien préparer son voyage

Comme pour chaque départ dans des eaux lointaines et inconnues, la phase de préparation est très importante, car rien ne doit être laissé au hasard. Il est primordial de récupérer le maximum d’informations, étudier les cartes, les accès, les horaires de marées, et acquérir tout le matériel nécessaire car rien n’est disponible sur place. Avoir des cannes et des soies de rechange, des mouches pour chaque espèce, du fil et du fluoro… sans oublier la crème solaire et autres produits introuvables à destination. Plusieurs amis français et argentins m’avaient fourni de nombreuses informations très utiles pour cette destination, notamment sur quelles îles aller, celles à éviter, les mouches incontournables et les équipements divers et variés. Alex, qui se reconnaîtra, m’avait parlé de tarpons et autres carangues qui chassaient près de l’île principale de Gran Roques. De ce fait, nous avions embarqué nos deux float tubes, palmes et gonfleur ! Le montage de mouche fait également partie de la préparation et nous emmène déjà sur place. À chaque mouche montée, on l’imagine en train de nager et prendre quelques poissons ! En voyage, emporter un kit de montage permet de s’adapter aux conditions, substrats, espèces et parfois de trouver la clé de la réussite !

Joli bonefish pour Olivier pris dans une baie d’une des îles de l’archipel de Los Roques.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Pêche explosive du bonefish

L’espèce phare est bien sûr le bonefish, que l’on trouve sur toutes les îles de cet archipel. Il vit et se nourrit sur d’innombrables secteurs, que ce soit les flats vaseux, plages, herbes à tortue, mangrove mais aussi les « pancakes flats », une particularité locale. Dans ces contrées, le macabi ou bonefish, peut atteindre des tailles hors du commun et dépasser les 10 livres, poisson trophée, grâce à une nourriture variée, extrêmement riche qui offre à notre « fantôme gris », une croissance très rapide. Hormis sa nourriture de base que l’on retrouve dans toutes les Caraïbes, aux Seychelles, dans le Pacifique, ici les bonefish se sont adaptés à des proies présentes en grande quantité : les bancs de petits poissons. Avec Olivier, mon binôme, c’est la première fois que nous allions rechercher ces poissons avec des imitations de poissons fourrages en tout genre. Ici, le gummy est une des mouches les plus populaires pour imiter le menu fretin. Personnellement, je n’étais pas très emballé à l’idée d’utiliser cette mouche-leurre. Nous avions donc monté de petits clousers blanc-olive, blanc-pearl, blanc-bleu pour imiter sardines, anchois et divers alevins dans lesquels les bonefish viennent taper comme pourrait le faire un banc de gros dorados, de grosses perches ou encore de bars ! Bien sûr, les crabes, crevettes et autres mouches typiques pour le bonefish ont leur place dans vos boîtes, mais il est vrai que dans certains cas de figure, notamment sur les plages et bordures sablonneuses, les bonefish sont concentrés sur cette manne alimentaire omniprésente. Les plus gros bonefish que nous verrons sont sous les bateaux et dans les corps-morts sur l’île principale. Ils restent dans ce secteur où les bancs sont immenses et chassent de temps à autre pour en prendre une bonne bouchée. Sur les plages, ils longent et chassent en petits groupes et viennent bloquer les poissonnets contre les bordures. Il faut intercepter leur trajectoire et placer votre mouche dans leur champ de vision, puis stripper très vite pour simuler la fuite. Ou bien lancer sur une chasse souvent furtive. Une pêche explosive et technique qui fait monter l’adrénaline ! Nous prendrons de nombreux poissons dans ces configurations. Une première pour nous.

Superbe carangue cojinua qui donne du fil à retordre à l’auteur. Ces poissons sont très puissants et sont une belle option lorsque les bonefishs sont boudeurs ou pas présents.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Près des pélicans

Sur certaines îles plus éloignées et dépourvues de flats, il faut longer les plages et chercher dans le ressac ou les bordures dans l’espoir de croiser quelques bonefish en vadrouille. Mais le gros de votre pêche se fera près des pélicans ! On nous avait prévenus et effectivement lorsqu’un pélican plonge pour attraper une tripotée de petits poissons, certains s’échappent de leur bec et retombent à l’eau, et d’autres sont assommés, voire morts par le choc de l’oiseau et de ses grandes ailes. Les bonefish l’ont bien compris et viennent à toutes nageoires pour récupérer ces proies faciles. Il faut dans ce cas lancer juste à côté du pélican et laisser couler doucement comme une proie moribonde votre mouche, votre gummy ou votre mini-clouser. La touche se traduit par une tirée violente puis par un long et puissant rush ! Nous nous sommes fait casser une ou deux fois au début, puis nous avons monté des pointes plus fortes. Leur puissance est phénoménale. Ces poissons sont survitaminés et très ronds grâce à cet apport très riche en protéine ! C’est une pêche vraiment unique et très amusante. Seul hic, par grand vent ou maladresse, il arrive de temps à autre de planter sa mouche dans le pélican ! Le décrocher est une autre paire de manches !

Pélican en action. Les bonefish ne sont pas loin à guetter les alevins et petits poissons assommés.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Bonefish en veux-tu en voilà !

Cette pêche, même si particulière et divertissante, a ses limites. En effet, les bancs d’alevins ne sont pas toujours présents sur certaines îles et, de ce fait, les pélicans sont absents. Il faut donc trouver les poissons sur d’autres habitats et certaines îles sont plus intéressantes que d’autres. La première est celle où vous aurez votre posada, à Gran Roque. Le flat de l’aéroport est excellent même s’il est très pêché et donc les bonefish plus éduqués mais bien présents. Puis, en continuant, vous trouverez plusieurs spots dont une grande baie où vous pouvez tomber sur des chasses de carangues ou encore des poissons-perroquets en tailing sur les coraux ! L’arrière de l’île peut contenir à certains moments de l’année des groupes de tarpons. La partie de l’île à l’opposé de l’aéroport est également intéressante. Les îles de Madriski et Cayo Pirata, à 5 minutes en bateau de Gran Roque, sont excellentes. Elles offrent de nombreux types de milieux qu’affectionnent les bonefish. Nous y avons passé plusieurs journées car la première fois on part un peu à la découverte. Les suivantes, on sait où aller et on pêche forcément mieux car on n’est pas pris au dépourvu. Vous y trouverez plages, bordures, baies, coraux et un superbe flat à herbes à tortue où j’ai pris à l’époque le plus gros bonefish de ma vie. Un poisson estimé à 9 livres pour 75 cm, qui a pris une petite imitation de crevette olive non lestée, montée sur place ayant compris qu’elle serait bien adaptée pour ce genre de spot. Ce bonefish n’est venu que dans très peu d’eau, en tailing (c’est-à-dire la queue hors de l’eau pour venir se nourrir sur le fond) et a pris ma crevette délicatement avant de me sortir plus de 50 m de backing !

L’île de Gran Roque est un très bon spot pour prendre bonefish, carangue, voire tarpon. Il existe quelques flats intéressants comme celui de l’aéroport, mais aussi les plages près de l’embarcadère.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Pancake flat

Une autre particularité de Los Roques est les pancakes flats auxquels vous pourrez accéder si vous prenez un guide. Comme leur nom l’indique, ce sont de petits flats ronds en forme de crêpe qui se trouvent en pleine mer. Selon la marée, ils se découvrent ou s’immergent. Les bonefish viennent à certains moments ou hauteur d’eau, devrais-je dire, pour y trouver crabes, crevettes et autres proies en tout genre. La pêche s’y pratique comme sur un flat habituel sauf que pendant le rush, votre poisson part dans l’immensité de la mer avec les risques que cela comporte : coupe sur du corail ou attaque d’un prédateur ! Selon les îles, il sera possible de pêcher sur ces différents habitats et de diversifier sa pêche. D’autres îles constituées essentiellement de plage sont de vrais coups de poker. S’il y a des poissonnets et des pélicans, vous pourrez prendre quelques bonefish, si la nourriture n’est pas là, les bones non plus ! Cependant, on arrive toujours à trouver quelques poissons. Parfois des carangues, il en existe plusieurs sortes, maquereaux espagnols, voire bonites. De quoi sortir un peu de backing et cocher de nouvelles espèces !

Bonite capturée sur un gros clouser minnow destiné au tarpon. Ces poissons sont très puissants et font bien plaisir lorsque les tarpons sont peu actifs.
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Le permit, le roi des flats

Nous savions que pour rechercher le permit et le tarpon, il était préférable de prendre un guide équipé de son bateau. Nous avions donc réservé quatre journées guidées avec deux personnes différentes durant notre séjour. Les permits se trouvent principalement dans une réserve naturelle, sur une île éloignée, où seuls les guides peuvent vous emmener, sous certaines conditions. Nous tenterons deux journées le permit aux bonnes marées, entrecoupées de pêche du bonefish sur les fameux pancakes flats. Nous aurons quelques belles occasions mais nous n’avons pas très bien pêché et pas été très chanceux. Cependant, nous verrons de gros permits en tailing, et nous aurons de belles montées d’adrénaline ! Les chances sont cependant réelles et chaque saison, les guides font prendre de très belles palometas sur les îles de l'archipel. 

Pélicans en chasse dans les sardines et autres poissonnets au lever du jour. Les tarpons et carangues ne sont pas loin !
Crédit photo : Jean-Baptiste Vidal

Traque du tarpon

 Après avoir pris nos premiers babys tarpons aux Bahamas, nous avions envie de nous mesurer à de plus gros spécimens. Nous avons mis toutes nos chances de notre côté en réservant le meilleur guide de l’île, Guareque, et pris nos float tubes pour pêcher dans le port principal, seuls. En « float », nous ne piquerons aucun tarpon, mais nous toucherons quelques bonefish dont certains qui prendront de gros clouser sur du 40 lbs destinés au tarpon ! Malgré des chasses de carangues à œil de cheval et tarpons quasiment entre nos palmes, ils bouderont nos imitations. Avec le guide, les dieux de la pêche l’ont également décidé autrement ! Le premier jour, il nous fait pêcher dans le port, mais depuis son bateau. Les tarpons roulent à tout va dans les bancs de sardines, mais rien ne passe. Le guide nous dit d’insister et que d’une minute à l’autre cela devrait prendre. Plus d’une heure après, je change de stratégie et n’ayant pas de soie à pointe plongeante, je monte un polyleader plongeant pour pêcher plus creux. Je lance moins d’une dizaine de fois en laissant bien couler ma mouche sous les épais bancs de sardines, puis j’anime mon clouser XL, lorsque tout d’un coup je prends une énorme touche, je ferre avec la soie comme il se doit et là plus rien ! Je remonte ma soie, et j’aperçois mon polyleader coupé en deux ! L’âme du corps de ligne plus faible que ma pointe n’a pas tenu. Tant pis ! Au moins, j'ai eu un peu d'action. 

Matériel et mouches

Bonefish

  • Canne 9 pieds soie de 8
  • Fluoro en 10, 12, et 14 lbs.
  • Mouches : gummy, mini clouser, crevettes, bitters, crab tan et olive

Permits

  • Canne 9 pieds soie de 9 ou 10
  • Pointe en fluoro en 16 à 25 lbs.
  • Mouches : Avalon fly, Flexo crab, Merkin permit crab, EP Shrimp…

Tarpon

  • Canne 9 pieds soie de 10 à 12
  • Shock tippet en 40 à 100 lbs selon la taille des poissons.
  • Mouches : Cockroach, Black death, streamer blanc/ chartreux, EP Tarpon fly noir/ rouge, gros gummy et clouser

Un spécimen de 120 lbs

Le jour suivant, nous partons à plus de 45 minutes de navigation sur une zone « secrète ». Une fois arrivés, il me dit de monter un bas de ligne en 80 lbs minimum car il y a de très gros tarpons sur la zone. Or, la veille, il m’avait dit que nous ne pêcherions qu’en 60 lbs sur ma canne. J’avais donc refait mon sac et laissé la bobine de 80 lbs à la posada ! Il faut savoir que les guides vénézuéliens n’ont ni mouche, ni fil, ni quoi que ce soit à part leur excellente vue et connaissance. Ce qui n’est déjà pas mal me direz-vous ! Il me dit : « Monte ton 60 lbs, mais pas sûr que cela tienne ! » Nous sommes le long d’une île de pêcheurs, où les tarpons affectionnent ces eaux car ils y trouvent tripes de poisson, crabes et autres proies. Le guide me fait monter une de mes mouches EP noir et rouge. Puis, cinq minutes plus tard, il me dit : « tu le vois ? » J’aperçois un gros poisson qui nage à vive allure et il rajoute : « Prépare-toi et lance ta mouche près de la boule de corail. Attends et quand je te dis, tu fais 2 ou 3 strips secs et une pause. » À peine il eut le temps de me donner ses instructions que le tarpon arrive sur la zone, et je lui expédie mon streamer. Je strippe, le tarpon repère ma mouche et fonce dessus et l’engloutit. Je le vois prendre, lui envoie le plus gros ferrage de ma vie, puis je le vois partir et sauter comme dans un des DVD que j’avais regardé avant le séjour ! Quelques instants plus tard, tout mon backing est dehors et je crie sur le guide pour qu’il détache l’ancre et suive le poisson. Une fois la soie rentrée, nous ramenons tranquillement le tarpon dans moins d’eau en le traînant au moteur, comme un chien en laisse. Le guide dépose l’ancre au fond à nouveau et là, un combat de titan démarre. Je mettrai toute la pression que je pourrai sur ce très gros tarpon estimé à 1,80 m pour 120 lbs (60 kg). Je le ramènerai 3 fois au bateau, où je vis le plus gros poisson de ma vie attaché à une de mes mouches. Puis une demi-heure plus tard, alors que je ramenais le tarpon près du guide qui avait mis ses gants pour l’attraper par la bouche, elle (une grande femelle) donnera un dernier coup de tête hors de l’eau et coupera net mon 60 lbs ! Ma vie s’arrêtera un court instant. Les paroles du guide et de mon compagnon ne sont qu’un lointain brouhaha… Je viens de perdre le poisson d’une vie ! Mon bas de ligne est râpé sur 40 cm. Le 60 lbs n’aura pas tenu et mon 80 lbs, resté à la posada, m’aurait peut-être permis d’accomplir un des plus grands rêves de ma vie de pêcheur. Prendre un grand tarpon et qui plus est sur une canne de 10 alors que ce genre de bestiole se pêche habituellement en soie de 12 et sur un shock tippet de 100 lbs ! Je me remets tant bien que mal, et Olivier rentre en action car le guide nous dit qu’un autre tarpon arrive. Mon binôme aura également sa chance. Il fera venir un très beau tarpon dans les 80/100 lbs, qui lui aspirera sa mouche à ses pieds, mais son ferrage avec la canne (à bannir) retirera la mouche de la gueule de ce magnifique poisson !

Un large choix d'espèces

Nous aurons donc passé 14 jours intenses sur cette destination hors du commun où il est possible de réaliser de nombreux rêves ! En dehors de ces énormes bonefish, superbes permits et gros tarpons, il est possible de prendre également des balistes, poissons-perroquets, bonites, maquereaux espagnols, carangues en tout genre et voir très souvent son backing dehors. Sur l’île principale, la vie est très agréable et les locaux fort sympathiques. L’ambiance le soir est très typique, et les mojitos et autres cocktails coulent à flots. Los Roques est une destination unique à mettre absolument dans sa « bucket list » en attendant de pouvoir y retourner défier ces poissons surpuissants qui mettent à rudes épreuves votre matériel et vos nerfs !

"Pour recevoir chaque semaine toutes les actus de la pêche, nos concours, nos bons plans, nos sorties vidéos, nos articles gratuits et bien plus encore... inscrivez-vous vite à notre Newsletter !"

Je m’inscris à la newsletter

A l'étranger

A l'étranger

Magazine n°148

Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15