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Le trait de côte : savoir le lire pour mieux pêcher du bord en mer

Il n’est pas rare, surtout pour ceux qui pêchent en bateau, de tomber dans le piège du « zapping », c’est-à-dire de passer de poste en poste sans prendre le temps de lire l’eau et le littoral. Le trait de côte donne de précieuses informations à qui sait les déchiffrer.

Le trait de côte marque la limite jusqu’à laquelle parvient la mer, la hauteur la plus extrême que peuvent atteindre les plus hautes eaux par temps calme (coefficient de 120 avec des conditions météorologiques normales). Ce trait de côte n’est pas figé dans le temps. Il recule lorsque le littoral s’érode sous les coups de butoir des vagues, des courants et du vent ou avance par l’accumulation de sédiments ou au gré de processus anthropiques, actions visant à étendre l’espace terrestre en gagnant sur la mer (constitution de polders). Cela étant, la tendance est au recul. Environ un cinquième du littoral français (hors Guyane) est confronté au recul du trait de côte créant des risques de submersion marine, processus accentué par le réchauffement climatique.

Une ligne fluctuante

Pour des raisons de commodité, c’est le trait de côte instantané qu’il faut retenir ici pour le pêcheur, à savoir le contact terre/mer quel que soit le moment de la marée. Une observation attentive des lignes du rivage permet de comprendre une partie des configurations sous-marines. En fait, ce qui est visible nous permet, dans bien des cas, d’avoir des informations sur ce qui ne l’est pas, à savoir le relief du fond et parfois sur une longue distance! Lorsque l’on perçoit sur le continent une pointe rocheuse, une rupture de pente ou un abrupt, le pêcheur a toutes les chances de retrouver une configuration analogue à quelques centaines de mètres du rivage. Ces informations tirées de la lecture du trait de côte sont capitales, surtout lorsqu’elles sont couplées avec la couleur de l’eau, celle-ci pouvant varier du bleu clair au marron foncé.

Le trait de côte est ici bien visible et marqué par les laisses de mer. C’est la hauteur maximale où arrivent les eaux par temps calme.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Une analyse combinée

En prenant en considération ces deux paramètres, il est possible d’avoir une idée plus précise de la topographie du fond et ainsi de faire le bon choix en matière de poste, d’espèce de poisson et de technique de pêche. Si, par exemple, le rivage est en pente douce agrémenté de roches, le bar y sera probablement présent à un moment de la marée. En revanche, si la pente est prononcée et que la couleur de l’eau est foncée, la profondeur sera importante. Le lieu jaune et les sparidés s’y tiendront plus volontiers. On ne pêche donc pas l’eau mécaniquement, sans réfléchir. Tout ce qui brise l’uniformité de l’océan est à exploiter canne en main, mais toutes ses particularités ne sont pas repérables à l’œil nu. La lecture de l’eau et du littoral est essentielle pour réussir sa partie de pêche. Certes, l’usage d’un GPS lecteur de carte marine permet de repérer la morphologie du fond, mais on ne peut pas s’affranchir d’une perception visuelle du terrain. Les informations que l’on recueille à l’œil nu complètent celles que l’on peut avoir avec l’appareillage électronique. La combinaison de ces deux sources d’information permet de gagner en justesse de pêche.

La pointe de Pen Hir comporte de nombreux ilôts plus ou moins triangulaires qui avancent dans la mer. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Les pointes rocheuses...

Ces dernières sont des aimants à pêcheurs et à poissons ! Elles sont souvent exposées au courant qui apporte de la nourriture aux prédateurs. Ceux-ci attendent gueules béantes que le flux leur serve le menu fretin en dérive dans la veine d’eau. Et puis, une pointe continue sous l’eau et parfois sur une grande distance. Il y a donc de chaque côté de celle-ci, y compris sur la partie immergée que l’on devine le plus souvent, un tombant qu’affectionnent les poissons. La partie exposée au vent, celle qui blanchit, sera très probablement le côté qu’il faudra privilégier. Le ressac et donc la nourriture y seront plus présents. En bateau, il faut toujours passer à bonne distance d’une pointe pour éviter les risques de rencontrer une roche à fleur d’eau. Chaque pointe est spécifique, mais certaines ont des prolongations sous-marines avec ce que l’on pourrait appeler des répliques.

Les falaises sont souvent associées à des fonds qui tombent rapidement. C’est le royaume des lieus jaunes et des sars. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Et les prolongements sous-marins

C’est le cas de la pointe de Pen-Hir (Finistère) marquée par des tas de pois dont seuls certains d’entre eux émergent. La forte déclivité de ces îlots plus ou moins triangulaires, entourés d’une eau de couleur marron foncé, voire noire, révèle l’existence d’une continuité sous-marine et donc une grande profondeur abritant lieus jaunes et sars. La pointe du Raz, emblématique du Finistère, a également un prolongement sous-marin impressionnant, sur environ 25 km, que les pêcheurs professionnels, les ligneurs et plaisanciers connaissent bien. C’est la fameuse chaussée de Sein, hauts-fonds rocheux dont le point le plus élevé est l’île de Sein. Balisée à son extrême ouest par le phare d’Armen, cette chaussée est constituée de la même formation granitique que la pointe du Raz. Également appelée chaussée d’Armen, cette langue de roche est aussi un secteur de pêche riche en bars et en lieus jaunes.

Les platiers, ces roches plates en pente douce, ne sont pas les meilleurs secteurs sauf s’ils comportent des failles plus profondes. 
Crédit photo : Thierry Sauvin

Ne pas négliger les anses

Les anses, et notamment celles bordées par deux pointes, peuvent être très prometteuses. Avec l’érosion, la côte se désagrège et des blocs de roche s’écroulent, formant un terrain de jeu riche en nourriture et donc prisé par le bar. Celui-ci aime musarder entre les roches, d’autant plus qu’elles constituent au fil du temps d’excellents supports de nourriture. La présence de sable au niveau du trait de côte associée à une couleur de l’eau bleu clair laisse penser que cette bande continue sous l’eau. Parce que diversifié, ce secteur sablo-caillouteux constitue un milieu favorable à la vie des poissons. Bien visibles, les grottes sont en fait des failles évidées. Elles se sont formées au fil du temps suite aux déferlements des vagues. À leurs pieds, se trouvent alors des roches entre lesquelles vivent coquillages et crustacés dont raffolent les poissons et notamment le bar.

Le bar affectionne les zones de roches éparses et de blocs sur lesquels se fixe une nourriture abondante.
Crédit photo : Thierry Sauvin

Gare aux platiers !

Les postes constitués de roches plates en pente douce, s’apparentant à des platiers, sont extrêmement dangereux, surtout si l’on pêche du bord, car une vague peut balayer le poste. Celui-ci est à prospecter lorsque la mer est plate ou en bateau à condition d’être suffisamment au large pour éviter tout risque d’être drossé sur ces secteurs à pente douce. Si le platier est lisse sans aspérité apparente, il ne sera pas ou peu visité par les poissons. En revanche, s’il est strié et marqué par de profondes balafres, il sera très probablement riche en nourriture et donc attractif pour les prédateurs. Le bar s’y aventure fréquemment avec la présence éventuelle de vieilles dans les failles qui peuvent exister.

Les arrivées d'eau douce

Le trait de côte est également marqué par les arrivées d’eau douce, information qui laisse suggérer qu’il existe un réseau hydrographique immergé en continuité avec le réseau terrestre. C’est au cours de la période du quaternaire dans laquelle nous vivons que le niveau des mers a diminué à plusieurs reprises à la suite des glaciations successives. La mer s’est retirée parfois sur plusieurs dizaines de kilomètres du rivage actuel, laissant ainsi des traces géologiques. L’ancien lit des rivières, repérable sur les cartes marines, et ses abords sont généralement fréquentés par les poissons. Les prolongements noyés des rivières qui se jettent en mer, par exemple en rade de Brest (Elorn et Aulne) sont des secteurs de pêche à ne pas négliger. Ainsi, comme le rappelle Gilles Bernard dans son livre Comprendre la mer pour mieux pêcher, aux Éditions Ouest-France, « comprendre un territoire de pêche, c’est aussi connaître son histoire et notamment percer les mystères associés aux origines des ensembles géologiques le composant. L’histoire géologique d’un secteur a modelé le profil des fonds littoraux ». Les cartes marines seront encore une fois d’un grand secours pour identifier le relief des fonds marins. Mais la lecture attentive du trait de côte fait partie du sens de l’eau ! Elle permet de deviner des continuités sous-marines et ainsi de gagner en justesse de pêche. Cependant, rien n’est écrit dans le marbre et l’on doit toujours sortir du cadre de référence et donner ici et là deux ou trois coups de ligne !

Astuce : fiez-vous à la couleur de l'eau

La couleur de l’eau nous permet d’en savoir plus sur la profondeur et la nature du fond.

  • Le bleu clair, pouvant tirer sur le vert clair, révèle la présence de sable et une faible profondeur. Le bleu clair coexiste parfois avec le marron. Cette association révèle l’existence de couloirs sablonneux.
  • Le bleu foncé indique une zone profonde avec un fond souvent sablonneux. Le passage du bleu clair au bleu foncé laisse apparaître clairement un tombant toujours prometteur. 
  • Le marron clair signale la présence de rochers recouverts d’algues. Parce que riches en nourriture, ces postes sont à privilégier.
  • Le marron foncé, voire le noir, trahit la présence de rochers recouverts de moules avec davantage de profondeur. Attention aux accrocs et à votre corps de ligne.

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