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Comment pêcher la liche en France, côté Méditerranée

Peu de pêcheurs le savent, mais il est possible de pêcher une espèce de poisson digne des meilleures destinations tropicales tout en restant en France! Beaucoup rêvent de carangues ignobilis géantes ou autres prédateurs lointains et parcourent le monde à leur recherche. Et pourtant, sur les côtes méditerranéennes la liche est présente en nombre et n’a rien à envier aux poissons tropicaux géants. Que ce soit du bord ou en bateau, venez affronter l’un des poissons les plus sportifs que la mer puisse vous offrir !

De la même famille que les Carangidae qui regroupe de nombreuses espèces comme les fameuses GT très recherchées par les pêcheurs sportifs pour leur combativité, les liches ont tout pour vous séduire. La plupart des carangues ont une forme allongée et des nageoires assez développées, ce qui explique la puissance de ces poissons et du coup la passion qu’elles déchaînent. Il existe différentes espèces de liches mais il y en a une seule qui peut atteindre une taille record au-delà d’un mètre cinquante et jusqu’à presque 50 kg, il s’agit de la liche amie (Lichia amia).

L’auteur avec un superbe spécimen capturé au leurre de surface !
Crédit photo : Cyril Gressot

Une large distribution à travers le monde

Cette espèce est visible un peu partout de la côte Atlantique Est (de l’Europe à l’Afrique du Sud) à la côte Ouest de l’océan Indien, mais surtout chez nous en Méditerranée où elle atteint sa taille maximale pour notre plus grand bonheur ! Si vous devez choisir un seul endroit pour traquer la liche, privilégiez les abords des fleuves car c’est là que les concentrations sont les plus importantes. Les liches sont présentes sur quasiment toute la côte méditerranéenne, mais les meilleurs endroits pour espérer en capturer sont les digues, certaines plages mais surtout les zones près des embouchures où elles vont venir chasser les mulets. Plusieurs spots sont très réputés comme l’embouchure de l’Ebre et celle de la Turia près de Valence en Espagne ou bien encore le Tibre en Italie. En France, le Delta du Rhône reste la zone la plus propice mais depuis quelques années on entend de plus en plus de récits de pêcheurs qui en capturent sur les côtes héraultaise et gardoise. Les bancs de sable et les zones peu profondes (entre 1 et 4 m) sont souvent leurs lieux de prédilection mais une épave ou un petit banc rocheux peuvent également réserver quelques surprises. Pour les localiser, il vous faut être à l’affût de tous mouvements suspects à la surface de l’eau et bien observer les oiseaux qui seront de précieux alliés (notamment les sternes). Quelquefois, il est très facile de les repérer, en particulier lorsqu’elles chassent les muges. Il peut même arriver qu’elles viennent traquer leur proie jusqu’au bord de la plage dans très peu d’eau ! Je peux vous garantir que quand une liche de près de 40 kg passe à proximité de vos jambes… ça réveille ! L’été, de nombreux baigneurs les prennent d’ailleurs pour des requins car leurs nageoires dépassent de la surface…

En France c’est en Méditerranée qu’elle atteint sa taille maximale pour notre plus grand bonheur et de grosses bagarres !
Crédit photo : Cyril Gressot

Une saison de pêche assez courte

La liche est un poisson méconnu et sa migration reste un peu mystérieuse. En effet, en hiver, mis à part quelques captures anecdotiques au large et en profondeur, elles restent invisibles. Les premiers poissons apparaissent près des côtes à partir d’avril-mai et disparaissent généralement en octobre. Le pic d’activité se situe entre les mois de juillet et de septembre. Comme tous les poissons, les liches peuvent être actives toute la journée et il m’est arrivé de faire d’extraordinaires pêches en plein milieu de l’après-midi. Toutefois, le lever et le coucher de soleil restent les deux meilleurs moments, notamment si vous pêchez aux leurres.

Jour de frénésie alimentaire, avec un triplé de liches.
Crédit photo : Cyril Gressot

Deux types de pêche possibles !

Pour pêcher la liche vous avez le choix entre la pêche au vif et la pêche aux leurres. Nous passerons assez rapidement sur la pêche au vif, car rien ne vaut la pêche aux leurres pour ressentir toutes les émotions que peut vous procurer ce poisson mythique. En effet, une attaque au leurre de surface à quelques mètres de vous suivie d’un départ fulgurant procure bien plus de plaisir qu’une touche au vif ! Dans le cas de figure où elles chassent les mulets, il vous sera très difficile de les capturer avec des leurres car elles seront trop focalisées sur les muges et seront alors peu réceptives aux autres types de proie. Je vous conseille donc de caler un mulet ou de le laisser divaguer en traîne lente à l’arrière du bateau. Vous pouvez utiliser d’autres vifs comme un maquereau ou un sévereau qui feront très bien l’affaire. Il vous suffit de faire un montage à double hameçon et d’en piquer un au niveau de la bouche et l’autre sur le dos et le tour est joué. À la touche, laissez partir le fil sur plusieurs mètres avant de ferrer.

Le ferrage doit être appuyé car la bouche des liches est assez dure et le combat est rude!
Crédit photo : Cyril Gressot

La pêche aux leurres

Comme on l’a vu plus haut, l’idéal est de trouver une concentration de poissons fourrages que vous pourrez repérer grâce aux sternes. Les liches peuvent alors se regrouper en masse et provoquer des chasses géantes où la mer bouillonne littéralement. Si vous avez la chance de rencontrer cette configuration, il vous suffira de jeter au milieu… la touche ne se fera pas attendre. Si les signes sont discrets, une prospection minutieuse aux leurres de surface ou des lancers très précis sous les oiseaux, pourront déclencher l’attaque. Dans tous les cas, il faut insister car certaines fois ce n’est qu’au bout de quelques heures de pêche que les liches se décident à attaquer. Il m’est arrivé plusieurs fois de passer sur des zones qui sont fructueuses et d’avoir seulement un suivi et au bout du dixième passage d’enchaîner les attaques. La patience est le maître mot pour la liche !

Le Delta du Rhône reste la zone la plus propice, mais depuis quelques années on entend de plus en plus de récits de pêcheurs qui en capturent sur les côtes héraultaises et gardoises.
Crédit photo : Cyril Gressot

Les meilleurs leurres pour la liche

Tous les types de leurres sont susceptibles de capturer des liches mais certains, comme les leurres de surface et les jerkbaits, sortent du lot. C’est cette technique qui vous procurera le plus de sensations mais c’est aussi celle qui vous rapportera le plus de prises. Voir suivre trois ou quatre liches derrière votre leurre jusqu’au bateau, puis le voir ensuite se faire engloutir dans une immense gerbe d’eau et un bruit fracassant est vraiment ce que je vous souhaite !
Les poppers : ils provoquent un mouvement d’eau très important qui va rappeler le bruit d’une chasse. Les liches vont entendre ce raffut et vont se rapprocher par curiosité. Ces leurres font déplacer les poissons de très loin et déclenchent des attaques que l’on appelle « réflexe ». Ils sont à animer avec de longues tirées suivies de pauses plus ou moins longues. Dans certains cas, il est intéressant de les ramener rapidement et en linéaire ce qui provoque un chapelet de bulles déclencheur d’attaques. Les poppers de 9 à 15 cm feront très bien l’affaire.
Les stickbaits : ils vont imiter une proie blessée qui se déplace péniblement à la surface. L’animation classique et désormais bien connue en « walking the dog » ou « zigzag » est redoutable. Là encore, les tailles standards de 9 à 15 cm seront idéales mais il existe quelques modèles plus long, autour des 20 cm, qui quelquefois font bien réagir les liches.
Les cuillères à flapper : elles sont assez peu connues en France et pourtant très efficaces. Il s’agit de cuillères d’environ 10 à 15 cm que l’on va animer très rapidement à la surface et qui provoquent beaucoup de mouvements d’eau mais aussi de bruits à la surface, les liches en raffolent !
Les jerkbaits : quelle que soit leur forme et leur grosseur, ces leurres sont excellents pour tous les poissons. Il faut les animer par de brusques tirées pour qu’ils se désaxent et donnent le meilleur d’eux-mêmes ! Pour résumer, lorsque les poissons sont peu actifs, il est intéressant d’utiliser les leurres de surface pour les réveiller, et en cas d’activité importante les jerkbaits seront à privilégier.
Enfin, il m’est arrivé assez souvent d‘attraper de très jolies liches avec un petit casting jig de 25 à 40 g de type fast cast de Sebile. Quelquefois les liches sont focalisées sur de toutes petites proies, je vous invite donc à avoir toujours un petit jig à proximité, ça peut servir…

L’auteur conseille de partir sur un moulinet muni d’un bon frein (minimum 7 kg) d’une puissance comprise entre 3000 et 5000 qui sera ainsi adaptée à la plupart des situations.
Crédit photo : Cyril Gressot

Bien s’équiper

Je vous conseille un bon matériel assez léger, pour profiter pleinement ! Bien sûr, suivant la taille des liches que vous allez pêcher le matériel à utiliser devra varier. En règle générale, les poissons les plus communs sont compris entre 4 et 15 kg, et c’est ce que nous allons prendre en compte pour le choix du matériel. Une canne assez courte entre 2,10 et 2,30 m du même type que pour la pêche au loup mais avec une bonne réserve de puissance sera parfaitement adaptée. Si vous utilisez de gros leurres (au-delà de 50 g) et craignez d’être un peu léger ou qu’il y ait de très grosses liches votre choix pourra se porter sur une canne de 30 à 50 lb à action rapide. Tout ce qui compte c’est qu’elle soit à la fois résistante, et très bonne lanceuse pour vous permettre de propulser facilement des leurres d’un poids minimum de 20 g. Bien évidemment, si vous pêchez du bord prévoyez un matériel un peu plus lourd pour pouvoir lutter plus facilement. Il n’est pas nécessaire de prendre un moulinet très gros. Plus votre ensemble sera léger et plus vous pourrez profiter du combat. Bien entendu, si vous touchez un poisson de plus de 15 kg avec un moulinet de puissance 2000 ou 3000 cela risque d’être juste… Je vous conseille de partir sur un moulinet muni d’un bon frein (minimum 7 kg) d’une puissance comprise entre 3000 et 5000 qui sera ainsi adaptée à la plupart des situations. Un Shimano stella 5000, un Daiwa Saltiga 3500 ou bien encore l’excellent Penn Spinfisher 4500 feront parfaitement l’affaire. La tresse doit être ronde et lisse, afin de gagner en distance de lancer, et d’une puissance de 20 à 40 lb. Je vous conseille vivement de la raccorder à un bas de ligne fluoro carbone d’environ 1 à 1,50 m de résistance comprise entre 60 et 80 lb en effectuant un nœud albright ou équivalent. Vous gagnerez ainsi en discrétion mais aussi en sécurité lorsque la liche se retourne. Enfin, pour raccorder votre fil au leurre faites un nœud palomar sur un anneau soudé sur lequel viendra se fixer un anneau brisé ou un bouz ring de 100 lb.

Le lever et le coucher du soleil restent les deux meilleurs moments pour la liche notamment si vous pêchez aux leurres.
Crédit photo : Cyril Gressot

La touche et le combat

Les liches sont des poissons assez méfiants qui vont suivre le leurre et taper dedans plusieurs fois avant de l’attaquer. Il est nécessaire d’être bien vigilant aux suivis. Si vous apercevez un poisson dans le sillage de votre leurre, faites des accélérations puis des pauses, varier les animations pour provoquer la touche. S’il y a bien un poisson qui apprécie la technique du « stop and go » c’est la liche, alors quand vous voyez que l’une d’elles suit votre leurre faites un stop et reprenez l’animation… et attention au départ ! Le ferrage doit être appuyé car la bouche des liches est assez dure et le combat est rude! Enfin, si vous avez l’impression d’avoir décroché votre poisson, méfiez vous car quelquefois la liche fonce vers vous… Gardez bien le contact et attention à la reprise du combat ! Dernier petit conseil, n’oubliez pas de relâcher la plupart de vos prises car ce n’est pas un poisson très abondant sur nos côtes !

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Magazine n°78 - septembre-octobre-novembre 2020

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