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La pêche du cabillaud ou morue en hiver

Au plus fort de l’hiver, seuls les plus courageux d’entre nous continueront à sortir en mer. Mais cette période rude pour les organismes connaît bien souvent de très belles journées où la mer est suffisamment calme pour tenter une sortie hauturière à la recherche de l’un des plus gros prédateurs de nos côtes : le cabillaud ou morue…

L'appellation morue était jadis utilisée pour parler de cette espèce lorsqu’elle était proposée à la vente en filets salés. Les terre-neuvas qui revenaient après une longue campagne, avec les filets de ce poisson dans leurs cales n’avaient d’autres moyens à l’époque de conserver durablement leurs prises. Le salage était une opération si importante que le « saleur » était, après le bosco, le marin le mieux payé sur le navire. Un poisson correctement salé et apprêté se vendait bien mieux et plus cher que ceux de moindre qualité… Le port de Fécamp où j’ai maintenant pris mes quartiers était l’un des principaux ports de terre-neuvas français, et ce depuis le XVIe siècle. Le musée des pêcheries, qui jouxte le port de plaisance, retrace toute cette formidable épopée vers « l’or blanc ». Jusqu’à la fin du XXe siècle où le dernier navire en exercice quitta le port pour la dernière fois, suite à la mise en place par le Canada de quotas drastiques, dans le but de sauver le stock de cette espèce.

S’il est assez fréquent de capturer des cabillauds sur des zones relativement proches de la côte en automne, l’hiver implique bien souvent de parcourir bon nombre de milles pour retrouver des zones favorables.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Un chasseur benthique

Gadus morhua de son vrai nom est présente dans toutes les mers tempérées ou froides, mais plus particulièrement en mer du Nord et mer Baltique où subsiste encore une population significative de gros spécimens. Jusqu’au début du XIXe siècle, certaines prises pouvaient dépasser les 50 kg, voire atteindre les 80 kg dans de plus rares cas. Actuellement, sur nos côtes, la majeure partie des captures est constituée de poissons dont le poids moyen oscille autour des 3 kg, mais lors de très bonnes saisons, comme il y a de cela quelques années où l’espèce était particulièrement présente, les prises pouvaient atteindre 10 kg ou plus et un seul pêcheur pouvait capturer plusieurs dizaines d’individus au cours d’une même sortie ! Hélas, depuis quelques années, ces poissons prédateurs qui suivent les cohortes de harengs et d’encornets qui les accompagnent alors qu’ils descendent de ces mers froides pour venir se reproduire dans nos eaux se montrent beaucoup plus rares. On peut capturer ce poisson sur nos côtes généralement à partir d’octobre jusqu’à mars, voire jusqu’au printemps dans des profondeurs importantes, sur les imposantes carcasses qui reposent très au large. S’il est d’ailleurs assez fréquent de capturer des cabillauds sur des zones relativement proches de la côte en automne, l’hiver implique bien souvent de parcourir bon nombre de milles pour retrouver des zones favorables. Ce poisson est un chasseur benthique, comme le prouve son barbillon dont sont pourvus beaucoup de gadidés. Cet appendice placé juste en dessous de sa gueule, légèrement infère (dirigé vers le bas) et pourvu de capteurs, lui permet de détecter les discrètes vibrations des proies comme des vers et mollusques, cachés dans différents types de substrat. Avant d’aborder sa pêche aux leurres, parlons un peu de sa recherche aux appâts. Peu pratiquée par les pêcheurs français, elle l’est en revanche beaucoup plus par les pêcheurs anglais que je croise parfois lors d’une sortie sur le « rail ». Cette pêche se pratique à soutenir, embarcation ancrée à proximité d’une structure type « épave de navire » ou zone connue pour être régulièrement visitée par cette espèce. Un matériel relativement robuste de puissance 30 lbs permettra de mettre en place un montage coulissant et d’extraire si nécessaire un joli sujet. Un bas de ligne d’environ une brasse en 45/100 et pourvu d’un hameçon de taille 4 ou 5/0 sera esché d’un « gueulin » de maquereau ou de hareng, blanc d’encornet voire de coquillage genre bulot…

S’il est assez fréquent de capturer des cabillauds sur des zones relativement proches de la côte en automne, l’hiver implique bien souvent de parcourir bon nombre de milles pour retrouver des zones favorables.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

La pêche aux leurres

Le cabillaud est un poisson chasseur mais qui, a contrario d’un lieu, ne remontera que rarement se saisir d’une proie en plein milieu de la colonne d’eau. Aussi, la présentation du leurre devra toujours suivre au plus près du fond les différents reliefs prospectés. Cela se traduit par l’utilisation d’une plombée légèrement supérieure à celle nécessaire dans la recherche d’autres espèces pouvant parfois cohabiter en même temps et sur les mêmes zones. Il faudra néanmoins garder à l’esprit que l’utilisation d’une plombée excessive se traduira immanquablement par un nombre d’accrochages bien supérieur à la normale. Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’on prospecte de grosses structures aux reliefs fortement saillants. Heureusement, les plus gros cabillauds ne se trouvent pas forcément sur ces dernières, leurs préférences semblent être les très vieilles carcasses, surtout lorsqu’il s’agit de navires en bois qui reposent sur des fonds sablo-vaseux. Je présume que les vers styles « tarets », qui ne manquent pas de coloniser ce type d’habitat, exercent une forte attractivité sur cette espèce. J’ai le souvenir de pêches mémorables de poissons de taille plus que respectable sur des « débris de carcasses » qui marquaient à peine au sondeur. Ces zones sont parfaites pour la recherche des cabillauds car elles permettent de longues dérives en prospectant un peu comme on le ferait pour rechercher le sandre en verticale en eau douce sans crainte d’accrochages à répétition… L’animation sera donc plus lente et douce que celle que l’on pratique pour le bar par exemple et le pêcheur s’efforcera donc de ralentir sa gestuelle tout en accompagnant le leurre. La touche, comme bien souvent, aura lieu à la redescente et se traduira par une lourdeur dans la canne. Au moindre doute, un ferrage ample doit intervenir. La gueule d’un cabillaud étant assez dure et les profondeurs généralement importantes formeront immanquablement une certaine bannière qu’il faudra résorber pour piquer convenablement le poisson. S’en suit alors un combat lourd où le poisson défendra chèrement sa peau en exerçant une traction constante du fond jusqu’à la surface. Contrairement aux lieus, un cabillaud ne fera que très rarement de rush, sauf les très gros sujets qui, dans un premier temps, vous prendront une certaine longueur de fil avec l’assurance de « la force tranquille » et que vous aurez le plus grand mal à décoller du fond au départ. À défaut d’être rapide le cabillaud compense par une certaine puissance et de l’endurance ! Il faut donc patienter calmement que le poisson faiblisse, puis pomper ce dernier en utilisant au maximum la puissance du blank de votre canne. Pour le matériel, l’ensemble idéal sera une canne de 2,10 m maximum d’une puissance d’environ 30 lbs. Un robuste moulinet taille 4000 ou 5000 et une tresse de résistance adaptée au profil bien rond pour limiter l’effet de bannière. Prévoir un bas de ligne de diamètre 45 ou 50/100.

L’utilisation d’un attractant ou d’un « rattle » s’avère souvent être un plus selon l’auteur.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Souples et jigs

On utilisera principalement deux types de leurres : les leurres souples et les jigs. Les souples styles shads sont les plus employés, entre 14 et 20 cm, générant ainsi de fortes vibrations. Pour les coloris, beaucoup de pêcheurs utilisent par habitude des leurres de couleurs fluo : jaune, orange, rose… Mais les tons plus naturels se montrent parfois bien meilleurs certains jours, le vert et marron sont deux valeurs sûres. L’utilisation d’un attractant ou d’un « rattle » s’avère souvent être un plus! Les leurres seront montés sur des têtes plombées adaptées, armées par de solides hameçons taille 5 à 7/0 et leur poids sera compris entre 80 et 120 g en moyenne. Si ces plombées peuvent sembler excessives, je vous rappelle encore une fois que pêcher au plus près du fond est un impératif qui conditionne pour beaucoup la réussite de cette pêche. Concernant les jigs : des modèles d’un poids variant de 120 à 250 g conviennent généralement. Les couleurs citées pour les shads sont également valables ici, ma préférence allant aux modèles entièrement chromés (il suffit de regarder la robe d’un hareng pour comprendre leur efficacité…). N’oubliez jamais d’en emporter quelques-uns dans votre sélection… Je m’explique. Il y a quelques années, j’avais embarqué avec des confrères sur un bateau à destination d’une pêche hauturière en quête de quelques cabillauds. Après un long parcours et quelques sites prospectés, aucun poisson n’avait été pris. La journée était déjà bien entamée, et alors que nous redescendions doucement vers la côte nous décidions de retourner sur un spot que nous avions pêché sur notre route quelques heures avant. Après avoir testé tous nos leurres habituels, je décide d’installer un jig au bout de ma ligne, un de mes confrères fait de même alors que les deux autres pêcheurs restent avec leurs shads. Nous nous replaçons sur la dérive et laissons filer vers le fond nos leurres métalliques. À peine le temps de prendre contact avec ce dernier que je suis aussitôt bloqué net, tout comme mon confrère. Peu après, arrivent en surface deux poissons de respectivement 10 et 9 kg. Sur la dérive suivante ce fut un quadruplé de poissons de tailles similaires qui remonta au bateau, les deux autres pêcheurs avaient bien compris que ce jour-là, seul le jig marchait. Sans doute que nos leurres souples ne parvenaient pas à tenir le fond suffisamment et que seul les jigs le permettaient, à moins que leur action plus rapide ait décidé la dizaine de poissons capturés. Cette anecdote sert à prouver qu’en dépit de l’idée reçue qui veut que les cabillauds sont des goinfres qui se jettent sans retenue sur tout ce qui passe à leur portée est fausse. Il y a bien sur des journées fastes où tout pêcheur réussira quelle que soit sa technique. Mais comme toujours, un pêcheur averti en vaut deux… Je vous souhaite un jour de pouvoir combattre un de ces magnifiques poissons qui mérite bien que l’on aille braver les frimas de l’hiver !

Les doublés sont possibles et fréquents avec le cabillaud.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

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Magazine n°75 - février-mars 2020

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