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La reproduction (frai) de la truite, et les premiers jour de vie des alevins

L’automne est derrière nous et nos truites autochtones ont terminé leurs amours. Les œufs fécondés sur les fonds de gravier ont vu émergé en fin d'hiver les premiers alevins. Une descendance indispensable à la bonne continuité écologique de nos cours d’eau. La magie de la vie…

Sous nos latitudes, la période de reproduction s’étale principalement de novembre à février, avec une grosse activité au mois de décembre. En fin d'automne et début d'hiver donc, les poissons très mobiles se sont attelés à rejoindre les meilleures zones de frayères. Le plus souvent, la migration des truites s’effectue vers l’amont et ces dernières peuvent, lorsque cela est nécessaire, parcourir plusieurs dizaines de kilomètres. Elles regagnent leur territoire une fois la fraie terminée. Les zones de fraie sont souvent retrouvées d’une année sur l’autre par les mêmes géniteurs. Une bonne frayère est composée de graviers ou de galets à faible profondeur et bénéficie d’une accélération de courant modérée. Idéalement, une petite crue automnale aura décolmaté la surface de ponte. Une fois sur site, la femelle va reconnaître la zone avec l’objectif de trouver le secteur le plus propice. Après « nettoyage », la truite va creuser à l’aide de sa caudale. Cette cuvette plus profonde va accueillir les œufs et les empêchera de partir dans le courant au moment de la ponte. Dans un même temps chez les mâles, la tension monte. Les signes d’agressivité sont de plus en plus présents. Inlassablement, chaque mâle défend son privilège et une hiérarchie s’établit entre dominants et dominés et les couples se forment. La parade démarre et l’élu retrouve sa femelle sur le nid, la stimule en l’effleurant, se collant, la caressant avec son flanc… Une stimulation par vibration déclenche l’expulsion des œufs. Le mâle, sur le qui-vive, les féconde instantanément. Chaque femelle est capable de pondre près de 2000 œufs/kg de poids vif. Leur taille, variable, s’étalonne entre 3 et 5 mm de diamètre. Rapidement, la femelle utilise les dépôts de gravier en amont pour recouvrir et mettre à l’abri ses œufs fraîchement fécondés.

Les larves encore fragiles sous le gravier
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Patience...

Si les parades et les pontes ont pris fin, les œufs fraîchement enfouis entament, eux, un nouveau processus de maturation long de plusieurs semaines. Les truites ne protègent pas leur nid comme d’autres espèces et les œufs sont livrés à eux-mêmes. On peut d’ailleurs dire que la chance est un paramètre important d’une année sur l’autre. Les pollutions, le colmatage, les prédations et surtout les crues sont des éléments particulièrement néfastes. C’est au demeurant l’une des raisons pour lesquelles les femelles recouvrent leur future progéniture à près de 20 centimètres de gravier.

Sous nos latitudes, la période de reproduction s’étale principalement de novembre à février, avec une grosse activité au mois de décembre.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Maturation

La rapidité de maturation de l’œuf est entièrement dépendante de la température de l’eau. On dit qu’il faut environ 400 degrés-jours pour assister à l’éclosion chez la truite, c’est-à-dire 40 jours d’incubation à 10°C ou 80 jours à 5°C, etc. L’éclosion est une phase transitoire et si certaines autres espèces de poissons sont dès l’éclosion des animaux autonomes, notre salmonidé doit encore poursuivre son développement à l’abri et dans l’obscurité de sa frayère. À cette étape, sa vésicule vitelline imposante empêche totalement la larve de nager. Durant encore plus de 300 degrés-jours supplémentaires, cette poche ventrale fonctionne comme une réserve qui assure les besoins vitaux de la fragile larve… Dès sa résorption, c’est l’émergence : la larve est maintenant un alevin qui s’extirpe énergiquement de son nid de graviers. Il rejoint directement la surface de la rivière pour percer l’interface et venir piper une bouffée d’air atmosphérique, qui va gonfler sa vessie natatoire. Cette étape majeure est indispensable à la nage et à la stabilisation de l’alevin en pleine eau. La vésicule vitelline a disparu et les truitelles, maintenant autonomes, sont prêtes à affronter la vie et devenir les belles et rusées mouchetées que nous voyons gober tous les week-ends !

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