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Amazonie, l'or du Trombetas

Crédit photo Lilian Haristoy
Le poumon vert de la planète bleue, une métaphore souvent employée pour décrire ce lieu exceptionnellement riche et précieux qu’est la forêt amazonienne. La destination de tous les superlatifs qui trotte dans beaucoup de têtes de pêcheurs désireux d’aventure, de sauvage et d’authentique. C’est dans ce décor surréaliste que deux pêcheurs à la mouche, Ramiro Garcia Malbran et Grégory Dolet vont traquer une espèce très rare de peacock bass sur une rivière tout aussi étonnante. Le fly fishing comme seule arme en main, ils vont se mesurer à cet environnement exubérant et exigeant le meilleur d’eux pour piquer un des poissons les plus rares sur terre : le peacock bass du genre « Cichla thyrorus », la pépite d’or du rio Trombetas.

L’ Amazonie est un véritable labyrinthe de cours d’eau qui est néanmoins indispensable pour se déplacer dans cette immensité tropicale, les routes sont rares et le bateau reste le meilleur moyen de se déplacer rapidement. Un lieu empreint de mythes, d’inconnus et de mystères qui en font tout son charme dans la sphère des pêcheurs. L’eau est omniprésente dans ces lieux, à l’ombre de ces cathédrales vertes abritant la majorité de la biodiversité du vivant sur terre. Ici coulent un nombre incalculable de cours d’eau et de fleuves plus vastes les uns que les autres.

Prospection des amortis à l’aide de streamers
Crédit photo : Lilian Haristoy

L'aventure du Trombetas

Comme la forêt qui l’abrite ou le fleuve dont il est l’affluent, le rio Trombetas a des caractéristiques hors normes et fascinantes. Cet affluent de l’amazone dans la partie nord du Brésil coule sur 760 km dans la région du Para. Dans sa partie basse, vers Oriximina, le rio Trombetas a un débit moyen de 4500 m3/s, ce qui donne une idée de l’immensité du bassin-versant que draine ce cours d’eau, pour comparaison, la Loire à Saint-Nazaire a un débit moyen de 1000 m3/s ! C’est sur les rives de cette fabuleuse rivière, en amont des premiers rapides, là où la navigation est officiellement impossible que Jérôme Siffredi, Paulo Pesquero et Felipe Tavares, trois associés passionnés par l’Amazonie ont décidé de créer un camp de pêche d’un incroyable charme, le Trombetas écolodge. Intégré à la façon d’un caméléon dans son milieu, ce camp de pêche fusionne avec la forêt dans laquelle il est abrité. Huit chalets d’un grand confort posés au bord de l’eau avec chacun une vue imprenable sur la rivière. Le camp réalisé en 2018 est une formidable aventure humaine qui a débuté pour nos trois associés et leurs fidèles bras droits et compagnons la tribu des Quilombolas à qui appartient ce territoire vierge. En effet, ce peuple atypique et singulier en Amazonie est une des rares communautés issues de l’esclavagisme passé qui possède des terres en Amazonie. Leur histoire débute dès le XVIe siècle quand des esclaves noirs se libèrent et créent des communautés appelées Quilombos. Cette communauté va repousser les attaques et incarner la résistance au régime esclavagiste. Ils seront appelés les Quilombolas. Le Trombetas écolodge est donc basé sur leur terre avec leur accord, ce sont eux qui guident les pêcheurs car ils ont une connaissance des lieux assez fabuleuse, qui laisse songeur. Vivre au contact des Quilombolas et de leur forêt attise le respect et l’admiration. Une admiration qui est malheureusement engendrée par le fossé que nous avons creusé entre nous et notre rapport à la nature, cette déconnexion aux éléments et au vivant nous fait réfléchir longuement quand on passe du temps au Trombetas écolodge. Les Quilombolas ont axé le développement économique de leur communauté en partie sur l’écotourisme et la pratique de la pêche sportive sur leur territoire dans la réserve biologique du rio Trombetas. C’est une belle initiative en collaboration avec le Trombetas écolodge que de pouvoir développer une activité en connexion avec cet environnement et la volonté de la population vivant sur place. C’est dans ce cadre somptueux et chaleureux que nos deux pêcheurs aventuriers sont accueillis avec le plus grand soin pour tenter de toucher du doigt ce lingot d’or caché dans ces eaux tanniques et rapides du rio Trombetas.

Le Trombetas écolodge est intégré à la façon d’un caméléon dans son milieu, ce camp de pêche fusionne avec la forêt dans laquelle il est abrité
Crédit photo : Lilian Haristoy

Les chercheurs d'or, le rêve de l'Ouest

Passer son premier crépuscule et sa première nuit à l’écolodge est une expérience en soi, les chambres taillées dans le bois coupé sur place sont d’un confort inattendu et très agréable. Au crépuscule, à l’orée de la forêt, accoudé au balcon surplombant la rivière à deux pas de votre lit, vous écoutez la forêt et sa musique assourdissante de beauté. Comme si tous ses habitants donnaient leur dernier champ ou cri au même moment avant de basculer dans l’obscurité. Au réveil, qui n’en est pas un, vous restez encore dans votre rêve d’enfant que de vivre en forêt en Amazonie dans un secteur quasiment vierge et d’une beauté brutale. La faune est d’une variété incroyable, les caïmans, les oiseaux colorés, les singes ou encore les papillons vous rappellent que vous êtes chez eux tellement ils peuvent être proches parfois, ils sont peu farouches envers l’homme. Ramiro et Grégory embarquent avec Luciano, leur guide Quilombolas, ils vont parcourir la rivière à la recherche de ce poisson endémique du cours d’eau Trombetas, le peacock bass thyrorus. En effet, il n’est présent nulle part ailleurs sur terre, du fait de la géographie du territoire, à savoir des chutes d’eau et seuils naturels empêchant la libre circulation de certaines espèces de poissons. L’endémisme est donc très présent en amont du Trombetas, car les espèces de poisson n’ont pas de contact avec le reste du cours d’eau. La navigation est parfois sportive, il faut remonter des rapides, l’expertise et l’adresse des Quilombolas est indispensable. Luciano choisit alors des zones typiques où les peacock bass ont l’habitude de rester et de chasser. Très souvent, ce sont des amorties de courant derrière de grosses roches granitiques non loin d’un rapide ou d’une veine d’eau profonde. Certains postes sont comme de petits atolls au milieu de la rivière au courant rapide, le paysage est majestueux et incroyablement sauvage. Les premiers mètres de soie dehors font monter l’adrénaline, les streamers patiemment montés sur la table du salon vont enfin toucher l’eau de ce cours d’eau exceptionnel du bout du monde. Durant les premiers strips la tension est palpable chez nos deux moucheurs aguerris, malgré leur statut de guide de pêche en France et leur grande expérience de l’exercice, ils sont comme des apprentis chercheurs d’or qui prospectent avec ferveur et passion tous les contre-courants et amortis possibles pour tomber sur une pépite.

En expédition, le repas est composé de poissons cuits au feu de bois.
Crédit photo : Lilian Haristoy

Un trésor, la délivrance*

C’est la fin de saison, les pluies sont déjà présentes dans le pays voisin, le Suriname, à quelques centaines de kilomètres de là dans les montagnes où le Trombetas prend sa source. Les niveaux sont montés rapidement au niveau de la zone de pêche ces derniers jours, la rivière envahie alors la forêt par endroits et les poissons suivent le mouvement pour se protéger des courants plus forts et chercher leur nourriture. Trouver les peacock bass est alors plus difficile, la tâche est rude. Ils s’aperçoivent rapidement que la pêche de surface qu’ils étaient venus chercher, n’est pas efficace à cause du débit trop élevé, la pêche avec des streamers coulants est la solution pour déclencher des attaques. Après avoir décroché un très gros poisson en bordure de courant et passé la frustration de cet apprentissage nos deux compères trouvent enfin quelques poissons de taille modeste. Mais c’est la délivrance et l’euphorie de pouvoir enfin tenir ce poisson entre les mains et sentir sa puissance au bout de la ligne. Le temps d’admirer ce poisson magnifique avec sa robe dorée et ses taches noires entourées de jaune, il faut rapidement le remettre dans son élément en pleine forme pour qu’il puisse survivre. Sous l’eau la compétition est rude entre tous les carnassiers que compte cette rivière et les postes sont convoités. Le payara, l’aïmara, le piranha ou encore le bicouda autant de prédateurs qui font bien sûr la joie de nos deux pêcheurs. Les combats sont musclés et la violence des attaques impressionne nos moucheurs. Ramiro étant Franco-Argentin a souvent pêché ces espèces sud-américaines mais Grégory découvre ces prédateurs fantastiques avec une très grande joie et un œil admiratif. Chaque espèce se poste dans des zones légèrement différentes, il est intéressant d’analyser ces comportements pour mieux trouver le peacock bass du premier coup ! L’ambiance est plus détendue, Ramiro et Grégory prennent leur marque, ils ont trouvé la pêche, le bon streamer, la bonne animation et sa profondeur de nage. Ils ont tout de même des ambitions comme tout pêcheur expérimenté. Le poisson trophée est leur but mais il va falloir un moral d’acier dans ces conditions de débit de la rivière pour dénicher le Graal, le gros peacock bass. 

Près des rapides, il faut être capable de lancer longtemps en double traction
Crédit photo : Lilian Haristoy

Le poisson du bout du monde

Ils peignent toutes les berges en double traction sans s’économiser sur des cannes en 9 pieds soie de 8 ou 10. Ils prospectent tous les amorties, vont même dans quelques bras d’eau rentrant dans la forêt mais rien de mieux, quelques touches ratées ou poissons décrochés. Le moral est tout de même bon, être là et pouvoir pêcher ce poisson extraordinaire dans ces conditions est un privilège. Nulle place pour la morosité même si la pêche n’est pas simple. Au fil des jours suivant le niveau d’eau du rio Trombetas entame une baisse, les poissons s’enchaînent mieux, ils sont plus actifs sur les postes. Ramiro et Grégory sont plus efficaces dans leur pêche, ils affinent tous les soirs leur stratégie à l’écolodge avec Luciano et les Quilombolas, ils adaptent aussi leurs streamers pour les différentes conditions rencontrées. Nouvelle journée, Luciano décide d’aller pêcher une nouvelle zone très en amont du camp qui nécessite une longue navigation. Au cours de ce trajet les nombreux bras de rivière empruntés forment un véritable labyrinthe, très facile de se perdre sur ce cours d’eau, ce sentiment est assez vertigineux.

Poisson endémique du cours d’eau Trombetas, le peacock bass thyrorus.
Crédit photo : Lilian Haristoy

Un mâle bossu magnifique

Arrivés à destination et après avoir rencontré et salué une tribu indienne chassant le singe sur une rive du Trombetas le guide décide de s’arrêter sur un poste idéal pour le peacock bass. Un joli contre-courant derrière une roche contre une berge végétalisée avec une partie ombragée et une arrivée de petit cours d’eau dans cet amorti. Aux yeux de Ramiro et Grégory, malgré leur courte expérience des peacock bass du Trombetas, ce poste leur semble très prometteur. Luciano fait une dérive en limite de courant, Grégory ajuste son lancer pour poser son streamer dans peu d’eau contre la berge à la sortie de ce petit affluent. Le streamer s’éloigne du bord dans les premiers strips et c’est la touche lourde, des coups de tête, le poisson essaie de prendre le courant mais bridé par Grégory il revient pour faire un combat proche du bateau et régaler nos pêcheurs de quelques chandelles hors de l’eau. Le trophée est au bout de sa ligne, Grégory le sait, la tension est maximale, il ne faut pas décrocher ce magnifique peacock bass. C’est un bossu, un mâle qui arbore une bosse sur le haut de la tête sûrement composé de masse graisseuse. La boga grip à la main Ramiro se saisit du poisson, le trophée tant attendu est là sous leurs yeux écarquillés. Quel poisson splendide, des reflets bleus sur les nageoires, une couleur or incroyable et ses tâches d’un noir profond et tranchant, ce poisson est unique. Les peacock bass ont tous cette tâche qui fait penser à un œil sur la base de la queue sûrement une façon de détourner l’attention des prédateurs qui se focalisent sur la queue pensant attaquer la tête du poisson qui peut alors fuir sans trop de dommage. Une stratégie souvent utilisée dans le règne animal pour détourner un prédateur. Les mots manquent à Grégory lorsqu’il prend ce poisson dans ses mains tellement il est rare et d’une beauté époustouflante, voilà ce que nos deux amis moucheurs sont venus chercher, le rio Trombetas leur a offert non sans mal. Le cœur léger Ramiro et Grégory enchaîneront par la suite quelques autres beaux peacock bass durant leur séjour, le rio Trombetas sera généreux malgré des conditions de pêche compliquée.

Même avec des niveaux assez hauts, les pêcheurs parviennent à tromper les premiers peacocks !
Crédit photo : Lilian Haristoy

Rencontrer l'inconnu

Durant le séjour Jérôme Siffredi, l’un des propriétaires du camp de pêche voulait absolument faire découvrir à nos deux moucheurs une zone du territoire Quilombolas qui n’avait jamais été explorée. Même les Quilombolas eux-mêmes n’y avaient jamais mis les pieds, seule une tribu amie des Quilombolas s’était aventurée à deux reprises sur cet affluent du Trombetas pour prospecter l’or et trouver de nouvelles tribus. L’expédition s’organisa à plusieurs bateaux afin d’acheminer tout le matériel nécessaire au bivouac pour deux jours. Accompagnés de Pagé, un jeune indien issu de la tribu qui avait prospecté cette zone auparavant, voilà Ramiro et Grégory partis à l’aventure de l’inconnu c’est le cas de le dire. L’expédition remonta l’affluent sur plusieurs kilomètres pour poser le camp de base au pied d’une importante chute d’eau sur une plage de sable, un endroit idyllique et paisible. Le repas du soir était digne des plus belles aventures que l’on s’imagine étant enfant, des piranhas cuits sur un feu de bois sur une plage de sable, un rêve de baroudeur ! La nuit passée en hamac suspendu au bord de l’eau à la belle étoile, le regard sur la voie lactée qui laisse songeur et introspectif. La pêche durant cette expédition ne fut pas exceptionnelle due également à des niveaux d’eau trop haut mais ce fut pour nos deux amis pêcheurs une expérience et un privilège unique. Effectuer cette prospection en compagnie des Quilombolas, de Pagé et Jérôme était déjà un moment très fort, d’autant plus qu’aucun Occidental n’avait jamais foulé cette terre avant eux. La pêche c’est aussi ça, des rencontres, des moments privilégiés et uniques pour vivre des expériences hors du commun au bord de l’eau. La richesse d’un voyage de pêche se fait aussi par les rencontres et lors du départ sur le chemin retour, Moussoum, un des guides Quilombolas de l’écolodge accueillit Ramiro et Grégory dans son village. Luciano était là avec son épouse et ses enfants. Moussoum leur fit visiter une partie du hameau et leur expliqua comment ils vivaient en communauté ici. Des moments simples et forts de liens entre les hommes que Ramiro et Grégory n'oublieront certainement pas.

Des ensembles de puissances 8 à 10 sont à prévoir pour ce voyage
Crédit photo : Lilian Haristoy

Comment s’y rendre ?

CONTACT
Adrien de DHD Laïka Voyages
www.dhdlaika.com
adrien@dhdlaika.com
01 42 89 32 64

 

 

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