Aux Bahamas, Crooked Island : le paradis de la pêche du bonefish !

Après une bonne collation, une envie de pêcher nous envahit. Personne ne peut résister à ces eaux bleues et sans même dire un mot, nous sommes déjà en train de monter nos cannes, histoire de tremper un peu de fil après de longues heures d’avion et une escale à Nassau… Avec l’ami Arnaud nous partons à pied côté sur la plage de droite en face du restaurant, un autre petit groupe part à gauche. Au bout de 50 mètres, une magnifique tortue verte sort sa tête de l’eau, comme pour nous accueillir avant de filer comme un sous-marin. Nous décidons de lancer nos mouches sur un secteur au sable blanc et les premières touches sont assurées par de jolis jacks (carangues) qui tirent comme des sourds sur nos cannes malgré leur modeste taille. Quelques orphies viendront ensuite prendre nos mouches et un gros barracuda fera le ménage jusque dans nos pieds ! Nous lui réserverons quelques grands streamers plus tard ! Un large sourire sur nos visages, le paradis doit ressembler à ça…

Le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner et un briefing détaillé, nous prenons la petite route qui nous mène à l’embarcadère où nous attendent nos guides et leurs bateaux. Inutile de vous dire que le minibus est bondé de cannes ! Pendant le court trajet Herlé et Jean Paul tous deux associés m’expliquent qu’ici les bonefish sont de taille supérieure à la moyenne grâce à des milieux naturels parmi les plus riches de la planète. En effet, les flats à mangroves sont quotidiennement envahis par les marées des eaux de l’Atlantique et du Golfe du Mexique qui s’immiscent à travers 700 îles et 2400 îlots.

Premier bone !

Orvil, notre guide du jour, nous sert la main et nous montons à bord de son bateau parfaitement équipé. Nous avons décidé d’un commun accord de tester un très grand flat. Herlé, Rémy et Elvis le second guide nous accompagnent sur ce spot. On ne va pas se gêner, ce sont des hectares de flats qui se déroulent devant nos yeux. Alors que nous foulons maintenant à pied le sol sablonneux jonché de conques, cette image de Christophe Colomb qui a découvert ce nouveau Monde en 1492 me vient à l’esprit… Herlé me ramène à la réalité en désignant du doigt un « nervous water ». Il s’agit d’une petite surface d’eau qui s’agite au loin. Les bonefish sont bien là. Le mieux placé c’est Rémy qui lance à la limite de la mangrove sur les conseils d’Elvis, ferrage instinctif, mais le gros bonefish casse son bas de ligne qui se prend dans les racines. Pas de chance, c’est une première pour lui. Excellent pêcheur il saura bien vite se rattraper durant le séjour… Je repère plusieurs bonefish qui se faufilent comme des diables entre les palétuviers. J’avance encore dans une sorte de petite clairière ! 5 fuseaux d’argent cherchent leur pitance. Premier lancer trop court, le second est le bon. Trois petits strips et mon premier bone du séjour démarre en trombe. Ni une ni deux je cours dans tous les sens et bride au maximum mon adversaire, ma canne est pliée à l’extrême, je la couche à droite et à gauche pour le déséquilibrer et par miracle le bas de ligne tient le coup. Superbe ! J’avais monté une série de mouches avec les poils beiges de ma chienne et les bonefish ont apprécié cette imitation renommée pour l’heure « Crazy Sally ». Nous prendrons une bonne quantité chacun de poissons grâce au talent de nos guides parfaitement affûtés et capables de repérer des « schools » à 200 mètres de votre position. Ce qui vous laisse parfaitement le temps d’ajuster vos premiers lancers…

Backing dehors

La seconde journée sera sensiblement du même acabit, avec des poissons un peu moins coopératifs, plus vite effarouchés, mais de bonne taille ! Nous sommes éblouis par la nature riche et particulièrement préservée. Nous serons d’ailleurs accueillis sur les grands flats par une colonie de flamants roses qui va décoller sous nos yeux. La taille moyenne des bonefishs est d’environ 4 lb mais de très gros bones peuvent se prendre sur les flats. Comment ne pas apprécier ces flats de sable blancs et ces mangroves que l’on peut pêcher en wading toute la journée ? Nous décidons le lendemain de pêcher d’autres secteurs en bateau et notre guide Chris a bien compris nos intentions. Nous allons tenter les autres espèces qui sont légion dans les chenaux plus profonds en attendant une journée favorable pour le permit car pour l’instant le vent omniprésent ne facilite pas sa traque. Parmi mes 3 cannes montées dans le bateau je choisis ma Thomas and Thomas soie de 10, avec une pointe plongeante. Je noue rapidement à l’aide d’un nœud rapala un « clouser minnow » chartreuse qui devrait faire l’affaire. Quelques lancers plus tard, les carangues « œil de cheval », mettent à mal nos bas de ligne et se passionnent pour les « bastons » sous le bateau ! Un régal. Soudain, je prends une très grosse touche. Rien ne bouge alors que je tire comme un sourd, puis le moulinet chante et le backing file déjà dans les anneaux ! J’ai tout le mal du monde à freiner en force cet adversaire incroyable. Après quelques longues minutes de combat, nous parvenons à saisir par la caudale un superbe mutton snapper (Lutjanus analis) ou Vivaneau qui doit friser les 10 livres. Un adversaire absolument magnifique !

Nous allons enchaîner de nombreuses prises de jacks, mutton snappers, carangues avec coupe en règle dues aux barracudas bien présents eux aussi ! Rémy et Olivier qui pêchent le même chenal s’en donnent eux aussi à cœur joie. Les trigger fish (balistes) d’une belle couleur grise se sont montrés eux aussi passionnant à pêcher. Leur belle robe gris acier et leur défense en font des adversaires de choix pour peu qu’on leur laisse le temps de prendre la mouche ! Les imitations de petites tailles, plutôt brunâtres se sont révélées efficaces.

Turquoise

En fin de journée nous rentrons au lodge et après une bonne douche les discussions vont bon train sur les techniques de pêche et les mouches qui ont marché au cours des parties de pêche. L’organisation est ici impeccable et chaque question trouve une réponse claire ce qui est à souligner. L’ambiance est excellente et les pêcheurs présents sont ravis. Les permits sont très présents sur les flats le long des chenaux ou sur de grosses raies pastenagues mais leur recherche n’est pas fructueuse à cause des rafales de vent. Jean-Paul qui connaît l’endroit comme sa poche n’a pas eu de réelles opportunités d’en faire la capture. Rémy et Alex ont tenté eux aussi leur chance sans succès. Tous les pêcheurs à la mouche le savent, le permit c’est un peu la quête du Graal ! Nous allons enchaîner une excellente journée bonefish sur des flats tous plus beaux les uns que les autres, puis nous décidons de nous mesurer aux barracudas et autres requins dans les eaux turquoise. Arnaud et moi montons nos soies de 12, avec un bas de ligne qui se termine par une bonne longueur de titane afin d’éviter les casses. Nous pêchons des zones limitrophes entre les flats et les chenaux, surtout dans des secteurs à fond caillouteux. Il faut rappeler que le lodge dans lequel nous séjournons est le seul qui permet de pêcher la meilleure zone de Crooked Island et d’Acklins la même semaine ! Tous les guides sont natifs de l’atoll et connaissent parfaitement les flats de cet incroyable lagon encore épargné par la pression de pêche.

Nous sommes impressionnés par la quantité de barracudas que nous pouvons prendre à la mouche et les grands streamers chartreuses et rouges se montrent de loin les plus efficaces. Quelques requins sont intéressés, notamment un qui viendra me chiper un barracuda de 60 cm déjà sur mon bas de ligne et se fera prendre. Quelques gros barracudas clôtureront cette fantastique journée de pêche dans ce superbe atoll encore préservé ! Notre dernière journée sera consacrée aux bonefish, une espèce absolument passionnante à traquer à vue dans ce paradis des Bahamas ! C’est promis, nous reviendrons !