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Le mythique bonefish

Crédit photo Herlé Hamon
Le bonefish est sûrement, avec la truite, mon poisson préféré, le permit occupant une place à part où la raison n'intervient pas... Notre bone est l'archétype du parfait partenaire de jeu et se prête incroyablement bien à la technique de la pêche au fouet. Il se nourrit dans peu d'eau, accepte assez facilement une mouche bien présentée et se bat comme un beau diable ! Pour ne rien gâcher, on le rencontre surtout sur des destinations tropicales de carte postale. Le traquer en short avec de l'eau cristalline au-dessus de la cheville, et cela souvent pendant nos mois hivernaux gris et froids, devient vite addictif. Espérons donc que cette satanée Covid-19 nous laisse voyager de nouveau.

Commençons tout d’abord par une petite description de notre poisson. De la famille des Albulidae, notre bonefish s’appelle en réalité Abula vulpes. Possédant de très nombreux noms vernaculaires, il est, suivant les pays, le « macabi » en espagnol, le « IoIo » en Polynésie, la « banane de mer » aux Antilles, ou encore le « grey ghost » aux États-Unis. Son nom « bonefish » vient du mot « bone » signifiant « os » en anglais, et qui caractérise très bien cette espèce pleine d’arêtes et peu appréciée à table… Une aubaine pour nous pêcheurs sportifs ! Même les Japonais ne la mangent pas ! Il n’y a guère que dans les atolls du Pacifique qu’il continue, malheureusement, d’être capturé grâce à des pièges disposés sur les flats.

Un joli spécimen capturé à vue dans peu d’eau.
Crédit photo : Herlé Hamon

Comme il n’a pas, ou peu, de valeur commerciale, les études faites sur lui sont rares, et on ne connaît pas grand-chose à son mode de reproduction. Cependant, l’association américaine Bonefish and Tarpon Trust commence à réunir de précieuses informations sur les populations de Floride, mais aussi des Bahamas. Ce que l’on sait, c’est qu’il se regroupe en bancs immenses aux pleines lunes du printemps, et quitte la nuit les flats pour les profondeurs du récif le plus proche. Là, les femelles lâchent leurs œufs, qui sont fécondés en pleine eau par les mâles. Ces concentrations provoquent, bien entendu, une frénésie chez les grands prédateurs, et le bonefish paye souvent un lourd tribut à son mode de reproduction.

C’est parti, le premier rush d’un bonefish, même de taille moyenne, surprend toujours. Le rapport poids/puissance du bone est incontestablement l’un des meilleurs existants
Crédit photo : Herlé Hamon

Comportement grégaire

Il passe d’abord par un stade larvaire, un peu comme les anguilles, avant de se transformer en petit bonefish. Il vit ensuite en bancs assez importants qui peuvent parfois comporter plusieurs milliers d’individus. Plus il grossit, et plus son comportement devient solitaire. Sa taille moyenne se situe entre 3 et 8 lb, mais les plus gros bones capturés passent les 20 lb pour plus d’1,10 m ! Un peu à l’instar de la truite, on considère souvent un bonefish de 10 lb comme un trophée, les fameux « double digit » des Américains. Il se nourrit principalement de crustacés, comme les crabes ou les crevettes, mais aussi de vers de sable, d’oursins, de coquillages, ou encore de petits poissons. Ses dents pharyngiennes lui permettent d’écraser aisément les carapaces et les coquilles les plus dures. Il a la forme générale d’un barbeau et la bouche inclinée vers le bas pour mieux fouiller et avaler ce qui se trouve sur le fond. Sa tête est carénée et ses grands yeux sont protégés par une membrane transparente parfaitement lisse qui lui permet de s’enfoncer jusqu’aux ouïes dans le sable ou la vase, pour capturer ses proies. Il est présent dans de très nombreux pays de la zone tropicale et équatoriale. On le rencontre de la Floride au Brésil, sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest et du Sud, d’Hawaï aux îles Tuamotu, en passant par les Seychelles, l’Indonésie ou l’Australie. Malheureusement, seuls quelques-uns de ces paradis tropicaux possèdent des flats aux eaux claires se prêtant à la pêche à la mouche. 

Les plus beaux flats à bonefish sont sans doute en France! Sans être chauvin outre mesure, les atolls éloignés de Polynésie Française sont juste somptueux !
Crédit photo : Herlé Hamon

Un poisson mythique

Espèce mythique pour le moucheur en mer, le bonefish a fait rêver des générations de pêcheurs. Sa vitesse et sa puissance légendaires, les paysages magnifiques où il vit, sa propension à attaquer de petits streamers, et les eaux chaudes et cristallines qui permettent de le prendre à vue… Tout cela en fait l’adversaire idéal ! Au niveau technique de pêche, le bone est, sans contestation possible, le poisson le plus adapté à la pêche à la mouche en mer sous les tropiques. Il se pêche à vue dans peu d’eau, prend bien la mouche, et ne nécessite pas un matériel trop lourd. La transition n’est donc pas très difficile pour qui pratique la pêche en réservoir, en mer sur nos côtes, ou encore la nymphe à vue en rivière. Concernant le matériel, rien de bien extraordinaire ou surdimensionné n’est requis. L’ensemble de base est une 9 pieds pour soie de 8, car il y a souvent du vent sur les flats. Toutes les grandes marques ont développé des cannes parfaitement adaptées aux contraintes du milieu marin et à la puissance du bonefish. J’utilise depuis de nombreuses années des Thomas & Thomas qui me donnent entière satisfaction, mais vous trouverez de bons modèles chez Sage, Winston, Orvis, Guideline, Echo… La canne idéale doit être en 4 brins pour faciliter son transport. Vous pouvez ainsi la glisser dans un grand sac de voyage sans avoir à traîner derrière vous un « Rod Case » encombrant que les compagnies aériennes surtaxent au moment du départ, ou « oublient » simplement de charger dans l’avion vous emmenant vers votre rêve ! Ensuite, la canne doit être rapide, pour shooter vite et facilement dans le vent. Il faut serrer la boucle et être en action en deux ou trois faux lancers maximum. Le progrès des carbones qui composent les blanks des cannes à mouche actuelles fait que rapidité ne rime plus avec barre de fer et tendinite au bout de deux jours !

Un « macabi » de belle taille !
Crédit photo : Herlé Hamon

Un ensemble en soie de 8 est parfait

La canne parfaite doit être légère, nerveuse et travailler progressive ment lors du combat pour amortir le départ puissant d’un macabi de bonne taille. Nul besoin d’être un champion de lancer pour se faire plaisir rapidement. La distance utile de pêche se situe entre 10 et 20 m ; il est exceptionnel de devoir lancer au-delà. Bien évidemment, « qui peut le plus peut le moins », et un petit entraînement à la double traction avant un premier voyage tropical ne sera jamais superflu.

L’auteur avec un bonefish moyen pris lors d’une prospection en Polynésie sur un flat de sable blanc.
Crédit photo : Herlé Hamon

Suivant les conditions climatiques, une canne en soie de 6/7 peut parfois convenir lors des journées très calmes et pour pêcher des poissons délicats. J’utilise alors une neuf pieds soie de 6, qui me procure de bonnes sensations ! Concernant le moulinet, un bon large Arbor est parfait, permettant de ramener suffisamment vite pour garder le contact avec une torpille qui revient sur vous après un premier rush de 80 mètres ! Il doit également posséder un bon frein progressif et puissant, ainsi qu’une réserve de backing 30 lb d’au moins 150 mètres, on ne sait jamais… J’utilise des moulinets américains de la marque Abel, qui sont increvables, mais ont un coût élevé, comme tout produit haut de gamme.

Le bonefish est un poisson n’hésitant pas à s’aventurer dans très peu d’eau pour se nourrir. Il fait alors ce que l’on appelle du « tailing », c’est-à-dire que sa nageoire caudale, de même que sa dorsale parfois, crèvent la surface. Dans ce cas, il faut utiliser des mouches très légères et poser discrètement juste devant le poisson.
Crédit photo : Herlé Hamon

La pêche en wading

La quintessence de cette pêche reste, bien entendu, le wading ! Lorsque le fond le permet, c’est-à-dire lorsqu’il est assez dur, rien ne vaut une petite balade en short dans de l’eau à 28 degrés, les polarisantes sur le nez. Ici, tous les cas de figure sont envisageables, du « school » (« banc ») de 500 poissons qui vient vers vous, au gros solitaire qui croise au ras des mangroves. Une des plus belles actions de pêche à la mouche que l’on peut vivre est alors la traque du bonefish en tailing ! Le terme « tailing » vient du mot « tail », signifiant « queue » en anglais. Cela veut dire que vous voyez la pointe de la caudale du poisson percer la surface, et parfois également la dorsale et une partie du dos. La technique s’apparente à la recherche des grosses truites en nymphe à vue, ou à la poursuite des fameux permits. Elle est très exigeante, mais procure parmi les plus fortes et belles émotions, je trouve. Au niveau des coloris, une bonne règle est d’assortir la couleur de son streamer à celle du biotope qui vous entoure. Le rose, l’orange et le beige sont donc les teintes de base à mélanger lorsque l’on pratique sur du sable et des fonds clairs. Le brun, l’olive et le vert complètent cette palette sur des substrats plus sombres. Nous n’allons pas aborder ici le vaste sujet des mouches, cela nécessite un article entier, chaque destination possédant ses spécificités. Mais, encore une fois, une « crazy Charlie » et ses variantes dans les coloris cités ci-dessus permettent de s’en sortir la majorité du temps. Bonne balade halieutique à tous ceux qui traîneront leurs chaussettes de flats sous les tropiques cette année, et qui découvriront ou retrouveront ce fantastique poisson !

Voici des boîtes à mouches classiques pour le bonefish, des « crazy Charlie » et variantes en beige, orange, rose avec deux ou trois lestages. Vous ferez le tour du monde des flats !
Crédit photo : Herlé Hamon

 

Les Seychelles
Importante densité de gros poissons possible avec plus de 12 lb sur certains atolls. Cependant, de grandes différences de quantité de poissons suivant les atolls. Flats beaux et variés, sable, corail, herbe à tortue.

Christmas Island 
Densité importante, qui a malheureusement tendance à baisser depuis quelques années avec l'augmentation de la population sur l'atoll. La taille moyenne est assez faible, 2/3 Ib, mais de gros poissons sont présents à certains endroits.

Les Bahamas
La destination est connue comme la « capitale de la pêche au bonefish ». Ce pays offre de l'excellent, comme du très moyen. Il est important de sortir des sentiers battus pour bien réussir.

La Floride 
Il y a de très gros bonefishes en Floride, et de très bons guides, mais le problème est que les poissons sont très pêchés !

Cuba
L'ile offre une belle densité de poissons à certains endroits. Les flats sont variés, mais souvent assez mous avec beaucoup de lagunes et de mangroves.

Vénézuela - Les Roques
Cet archipel des Caraïbes est une pure destination bonefish. Les poissons sont nombreux et parfois très gros, plus de 12 Ib. Tous types de flats et de plages. 

Mexique
Les différentes baies du Yucatán (Ascension Bay, Esperitu Santo et Chetumal) renferment de belles populations de macabi, mais souvent de petite taille.

Belize
Ce pays est plus intéressant pour le permit et le tarpon, mais le bonefish est bien présent notamment sur l'atoll de Turneffe Island qui possède de vastes flats.

La Guadeloupe
Oui, il y a du bonefish en France, et même du gros ! La population est moyenne comparée à d'autres destinations plus classiques mais des poissons de 10 Ib traînent sur ces flats.

La Nouvelle-Calédonie 
C'est le spot pour les poissons trophées. Il n'y en a pas beaucoup et il faut connaître pour réussir, mais les poissons de 15 Ib et plus hantent notamment le nord de l'ile.

Les Îles Cook
Comme pour la Nouvelle-Calédonie, il ne faut pas y aller pour le nombre, mais la taille moyenne des bonefishes est impressionnante.

Hawai
À l'image de la N-C, ces îles volcaniques qui ne possèdent pas beaucoup de flats ont, en revanche, des bones gros et puissants. La taille moyenne se situe autour des 6/7 Ib, et les poissons de plus de 10 Ib ne sont pas rares.

La Polynésie
Ici, tout reste à faire. Mais j'y ai piqué le plus gros bonefish que je n'ai jamais vu, un poisson autour des 20 Ib que j'ai fini par perdre. Flats magnifiques…

 

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