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L'Elorn, de la source à l'estuaire

Ce petit fleuve côtier niché dans le Finistère a une résonance particulière et ce à plusieurs titres : la beauté et la diversité des paysages qu’il traverse, la qualité des salmonidés qui peuplent ses eaux brunes et le combat infatigable d’une poignée d’amoureux qui le protègent des agressions anthropiques. Entre terre et mer, son histoire commence dans les monts d’Arrée pour se terminer 42 km plus loin à la forêt Landerneau où il forme un bel estuaire.

Pour qui veut découvrir l’Elorn, il faut se souvenir d’un nom et d’un lieu : celui de la famille Kermarrec dont l’histoire est intimement liée à la Maison de la Rivière de Sizun, à moins que cela ne soit le contraire. Créé il y a plus de 30 ans, sur le site de l’ancien moulin de Vergraon, ce centre de découverte entièrement dédié à l’eau et aux milieux aquatiques se situe en amont du cours médian de l’Elorn qui sillonne en forme de S le vaste territoire du Parc Naturel Régional d’Armorique. Nous sommes ici dans la Bretagne du Finistère, de « la fin de la terre ». En breton, le mot « penn » signifie littéralement « tête » en langue française et « bed » veut dire « monde ». Quand on dit « penn ar bed » on veut donc exprimer un endroit qui est à la « tête du monde ». Parce que de tout temps, le peuple Breton a considéré cette terre comme le début du monde, en regardant vers l’est ce vieux continent qui commence, là devant elle… L’identité culturelle est par conséquent forte dans cette péninsule granitique, à l’image de son environnement préservé qui abrite un patrimoine non moins exceptionnel, comme le magnifique enclos paroissial de Sizun.

Notez la coloration typique des belles truites de l’Elorn.
Crédit photo : David Gauduchon

À la source de l'Elorn

Nicolas Kermarrec est bien le fils de son père. Ce fin pêcheur, a fait de sa passion son métier. Au-delà de ses compétences de guide de pêche et d’animateur nature, c’est bien au maintien de la qualité de l’Elorn qu’il œuvre, chaque jour, que ce soit pour restaurer une frayère, participer à un comptage, prévenir une pollution, entretenir la ripisylve ou revitaliser un talus érodé. Chez les Kermarrec on ne se contente pas de dire, on se relève les manches, on part au combat quand cela est nécessaire, trop souvent malheureusement. Pas surprenant que Nicolas soit un taiseux de prime abord. Mais très vite, son regard s’illumine dès lors qu’il s’agit de vous faire découvrir sa rivière de cœur.

Depuis plus de 40 ans, Jean-Yves Kermarrec est de tous les combats contre toutes les atteintes qui peuvent être portées contre l’Elorn et sa vallée. Sa connaissance de la rivière est à l’image de la maîtrise de ses dossiers. Il serait trop long de dresser l’inventaire détaillé des réalisations de l’association qu’il préside. Vous pouvez les retrouver sur le site de l’AAPPMA de l’Elorn.
Crédit photo : David Gauduchon

Direction sa source nichée dans les Monts d’Arrée. Ce massif montagneux sépare le Finistère en deux. Un paysage impressionnant, presque irréel, où bruyères, ajoncs et crêtes rocheuses se mélangent à perte de vue. C’est ici que l’Elorn prend sa source 1,5 km au nord-nord-est du Tuchen Kador, le second point culminant avec le Roc’h Ruz qui culmine à 385 m de haut. Un paysage de tourbières sauvages, des landes énigmatiques… Telle est l’atmosphère saisissante des Rochers du Cragou, le dernier endroit vierge de toute intervention humaine en Bretagne, tout comme celui de la chapelle Saint-Michel-de-Brasparts (1672), dédiée à l’archange saint Michel, flanquée en haut d’une colline aride. Le détour en vaut la peine, avec cette impression de mettre les pieds dans le Connemara, autre terre Celtique. C’est dans les entrailles de la roche, composée de blocs sédimentaires et métamorphiques datant de temps immémoriaux (Paléozoïque, 540 à 250 millions d’années) que jaillit la source de l’Elorn. Une eau virginale qui s’échappe du massif granitique recouvert de landes et de tourbières. L’Elorn n’est alors qu’un ru de 50 cm de large. Mais miracle de la nature quand elle est préservée, la vie est déjà bien présente comme en attestent ses truitelles de quelques centimètres capturées délicatement par Nicolas, au pied d’un petit seuil.

Ici le pêcheur se perd dans une végétation dense et un cadre parfaitement sauvage.
Crédit photo : David Gauduchon

Le cours supérieur

« L’Elorn en amont du lac offre un parcours de 5 km de toute beauté, que je déconseille cependant pour la pêche. La progression y est difficile. Des eaux froides et un PH acide ne favorisent pas la croissance des truites racées qui sont certes nombreuses mais petites. Il faut laisser en paix cette tête de bassin qui fait office de pépinière. » Nicolas conseille de commencer à pêcher à partir du lac du Drennec jusqu’à Sizun, soit une dizaine de kilomètres de linéaire où la rivière s’élargit progressivement jusqu’à 6 à 8 m de large. L’Elorn roule alors ses eaux brunes sur un substrat de schistes et se faufile dans une vallée sauvage, à l’écart des routes. Une 6 ou 7 pieds fait merveille sur ce type de profil pour qui aime une pêche de sioux où le succès réside dans l’art de l’approche. Qui dit truites sauvages bretonnes, dit truites malignes à souhait, de vrais condensés de vélocité et de puissance eut égard leur taille qui, sur ce secteur amont, se situe entre 25 et 30 cm. Côté mouche, Nicolas ne se perd pas en conjecture : des imitations d’ensemble qui flottent bien sur l’eau, donc visibles dans les zones d’ombre, afin d’anticiper des montées rapides. L’été la pêche aux terrestres est une valeur sûre. « Sur ce secteur la lame d’eau est toujours satisfaisante, même en août, du fait du soutien d’étiage du lac. On peut même être surpris par le courant. Les truites y sont par conséquent très souvent actives. Les loutres aussi qui sont de retour depuis quelques années » précise Nicolas qui se propose de faire un saut de puce plus en aval.

Le parcours supérieur nécessite une canne courte.
Crédit photo : David Gauduchon

Le cours moyen

C’est l’un des atouts de l’Elorn que de bénéficier de niveaux satisfaisants et d’une température d’eau fraîche tout au long de la saison, là où de nombreuses rivières souffrent de plus en plus d’étiages sévères. La fraîcheur Bretonne et sa pluviométrie régulière ne sont pas les seules raisons à mettre en avant. S’ajoute une forte pente de sa source à la mer et une densité d’affluents, 16 au total qui développent un linéaire de près de 200 km pour un bassin venant fluvial de 285 km2 . « Une autre caractéristique hydro biologique de ce bassin, qui présente un débit moyen de 5, 87 m3 /seconde, réside dans la différence de nature des roches entre le nord (Léon ou rive droite) et le sud (rive gauche) qui se traduit par un soutien d’étiage naturel dans les affluents léonards. Même au plus fort de la canicule de 2003 par exemple, nous avons pu ainsi éviter des situations catastrophiques par ailleurs » ajoute Nicolas en digne spécialiste. Passé Sizun, le cours moyen de l’Elorn s’écoule sur 11 km jusqu’à Landivisiau. Juste en amont de cette commune, c’est le Quilivaron, affluent principal, qui vient grossir le cours de la rivière. Il peut être intéressant de s’y attarder d’autant qu’il est peu fréquenté. Son profil d’adresse aux amateurs d’une pêche de précision, à courtes distances. Les prairies spongieuses qui l’encadrent ne facilitent pas les déplacements à pied. Mieux vaut avoir une bonne condition physique. Ce cours moyen, large de 8 à 12 mètres, présente une ripisylve importante encadrée par de nombreux arbres souvent majestueux. La truite y trouve de bonnes conditions pour se développer. On y rencontre une belle population là encore de taille moyenne même si quelques belles truites (35 voire 40 cm) y sont chaque saison, capturées. « L’autre jour j’ai rencontré un moucheur habitué qui m’a dit avoir fait sa meilleure saison depuis 15 ans. Il n’avait pas capturé autant de truites de 40 et plus depuis 15 ans. À se demander où elles se cachaient selon lui et pourquoi elles ne sortaient plus. Une moindre pression de pêche liée à deux ans de Covid n’explique pas tout » relate Nicolas. À l’aval des deux piscicultures situées sur ce parcours, celle de Maenaouen et de Pont-ar-Zal, se concentrent évidemment les plus belles farios qui profitent de la manne organique nutritionnelle.

Dans sa partie avale, les grosses truites de 45 cm abondent
Crédit photo : David Gauduchon

Le cours inférieur

Passé Landivisiau jusqu’ à Landerneau, l’Elorn a tout d’une « grande » et déroule 16 km d’un linéaire réputé. La rivière présente maintenant 15 à 20 mètres de large. C’est majoritairement là que se sont capturées les belles truites, dont certains spécimens, qui font la réputation de ce petit fleuve côtier. En aval de la pisciculture à saumon du Quinquis où 10 000 smolts sont élevés par an à partir de géniteurs de la rivière pour compenser l’ennoiement des frayères suite à la construction du barrage du Drennec en 1981). Même si depuis deux décennies les éclosions sont moins marquées et les coups du soir irréguliers, la présence de tapis de renoncules offrent un garde-manger aux belles farios qui peuplent ce secteur. Les bordures creuses cachées par la végétation rivulaire sont autant de caches et il faut être vigilant pour ne pas passer à côté de gobages parfois très discrets.

« Malgré les problématiques que l’Elorn connaît liées notamment aux agressions anthropiques auxquelles nous essayons d’apporter des réponses, j’observe depuis plusieurs saisons la prise de belles truites, de 40 à 50 cm. On trouve la présence de tels spécimens jusqu’en amont de Landerneau à travers des sites qui méritent vraiment que l’on s’y arrête, la chapelle de Pont Christ, ou la Roche Maurice pour ne citer qu’eux », confie Nicolas. La trappe de comptage de Kerhamon rappelle que l’Elorn est aussi une grande rivière à saumon, même si les grandes années semblent passées » selon Nicolas. Comme partout la population de saumon de printemps n’a cessé de baisser et la saison s’est de plus en décalée aux mois de juillet-août avec des remontées de castillons. Elles sont loin les années 1960-1970 où il se prenait 300 saumons en moyenne. Néanmoins la confrérie des pêcheurs de saumon à la mouche fait acte de résistance avec des fortunes diverses selon les années. Aujourd’hui c’est sans aucun doute la période automnale, à condition que les niveaux soient bons, qui permet de toucher du saumon régulièrement. Certaines années 500 à 1 000 saumons stationnent dans les pools de ce petit fleuve côtier, large de 15 mètres, qui parsèment les 18 km du parcours mouche. Passé Landerneau, l’Elorn se perd dans son vaste estuaire de 14 km qui se jette au nord de la grandiose rade de Brest. En rive droite, entre la Forest-Landerneau et le pont suspendu de l’Iroise offre un magnifique panorama sur une campagne boisée, entre terre et mer. Le bar vole alors la vedette à la truite et aux saumons.

Passé Landivisiau jusqu’à Landerneau, l’Elorn a tout d’une « grande » et déroule 16 km d’un linéaire réputé
Crédit photo : David Gauduchon

Infos pratiques

MAISON DELA RIVIÈRE
Moulin de Vergraon
Tél. : 0689336284
www.maison-de-la-riviere.com
Horaires d’ouverture du lundi au vendredi
De 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 17h30.

FÉDÉRATION DES AAPPMA (29)
4, allée Loeiz Herrieu
29000 Quimper
Tél. : 0298103420

BUREAU AAPPMA ELORN
Tél. 0298688508 et 0612262762
aappma.elorn@orange.fr
www.elorn-aappma.com

OFFICES DE TOURISME
Landerneau 0298851309 et 0298216560
Sizun 0298688840
Landivisiau T0298683333

 

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