Débutants à la mouche, la sèche pour commencer

Par le biais des articles précédents, vous avez pu remplir efficacement vos boîtes de mouches sèches. Vous vous êtes également procuré le matériel de base pour une belle évolution dans la discipline. Il ne vous reste plus qu’à assimiler les points techniques qui permettront d’avoir vos premières sensations au bord de l’eau.

Techniquement parlant...

Pour bien se repérer dans l’espace, il est nécessaire dans un premier temps de garder l’image d’un cadran dans son esprit avec tout ce qui le caractérise (aiguilles, horaires). On retiendra ensuite deux façons de pêcher en sèche : la pêche courte de postes dite « de précision » et la pêche à distance. Dans le premier cas, on marquera un arrêt appuyé à 9 heures vers l’avant et idem à 12 heures vers l’arrière. Dans le second cas, l’angle de 90 degrés formé avec la canne sera légèrement déplacé vers l’arrière pour atteindre 10 heures devant et 13 heures derrière. En réservoir ou lorsqu’on traque les carnassiers, les pêches à grandes distances en double traction sont les plus adaptées. Pour être le plus productif possible, le pêcheur doit alors agrandir son angle de lancer pour atteindre les 160 degrés entre 10 et 15 heures. Conseil : Si possible, n’hésitez pas à demander à un ami de vous filmer, vous pourrez ensuite visionner les vidéos à volonté et observer ainsi vos qualités comme vos défauts dans la gestuelle.

Évitez les mouvements de poignet. L’erreur « logique » que font tous les débutants est d’imprimer un léger mouvement de poignet lors des lancers. Ce phénomène impose une courbe à la soie et provoque, finalement, un posé en paquet, une discrétion moindre et une perte de distance de pêche. L’idée est donc de marquer des blocages fermes avec le poignet aux horaires cités précédemment. De cette façon, la soie se déplacera parallèlement à la surface de l’eau et les lancers garderont leur linéarité. Conseil : Pour vous aider, vous pouvez fixer le talon de la canne au poignet sous un bracelet de tennisman ou avec un simple morceau de chambre à air. Lever la tête et observer les mouvements aériens de votre soie pourra aussi être utile.

Les blocages. Incontournables, ce sont eux qui procurent la force nécessaire à votre bas de ligne pour qu’il puisse se dérouler parfaitement sur l’eau. Ils permettent à votre canne de faire parler toutes ses qualités de lanceuse. En effet, lors de chacun d’eux, le bas de ligne est véritablement propulsé pour ensuite se tendre avant d’être redirigé par votre bras dans le sens opposé. Les faux lancers deviennent alors une simple succession de blocages, tensions et changements de directions.

La posture et le regard.Même s’ils paraissent anodins, ces derniers ont leur importance en action de pêche. En adéquation avec vos choix techniques, ils vous feront gagner en précision. Si possible, lors de vos premiers pas au bord de l’eau, vous pêcherez principalement les petits milieux en sèche 3/4 amont et plein amont. Du coup, votre buste et votre regard seront orientés vers ces directions. Vous pourrez aussi placer votre jambe directrice vers l’avant, afin d’améliorer vos appuis.

Quand pêcher ?

Généralement on décide de pêcher en sèche lorsqu’on observe des éclosions d’insectes ou des gobages installés. À l’ouverture et en début de saison, des éclosions de march brown et autres Baetis rhodani aux heures chaudes peuvent nous permettre de tirer notre épingle du jeu. L’été, les coups du soir restent des classiques. Notamment grâce aux trichoptères ou « sedges » qui attendent patiemment une baisse thermique et lumineuse pour démarrer leur valse. L’activité de surface de fin de saison reprend, la plupart du temps, aux mêmes horaires qu’au printemps. Notons qu’en torrent ou autres petites rivières, il peut être intéressant de « pêcher l’eau » ou de pratiquer une pêche courte à tous moments de la journée en gardant son bas de ligne dans une position diagonale ou complètement verticale. On provoquera ainsi l’instinct opportuniste des poissons à partir de la fin du printemps et ce jusqu’en septembre. Les premières sensations… À mon sens, si le jeune moucheur décide d’être productif, il aura plutôt intérêt à aller vers la traque de plusieurs espèces piscicoles. En s’intéressant uniquement aux truites fario autochtones ou autres ombres communs, un « temps d’adaptation » pour connaître leurs mœurs, leurs rivières, les postes de pêche sera indissociable de résultats corrects et réguliers. Ces salmonidés pardonnant rarement les erreurs du pêcheur. Pour les autres espèces en revanche c’est différent, et certaines comme les truites arc-en-ciel (dans des parcours spécifiques) offrent des combats tout en puissance qui procurent de belles sensations. Les parcours « catch and release » abritant de belles populations de cette espèce sont du pain béni pour réussir vos premières sessions. Tout comme certains torrents de montagne qui peuvent dévoiler une densité intéressante de saumon de fontaine (Salvelinus fontinalis). Peu farouches et ripailleurs, ces derniers ne rechignent jamais longtemps à prendre votre mouche même si sa présentation n’est pas parfaite. Les cyprinidés gobeurs comme les chevaines et autres vandoises et rotengles, sont eux aussi des partenaires de jeux dociles qui vous aideront lors de vos premières sorties, à assimiler rapidement les bases de la pêche à la mouche sèche.