L'histoire magique de six débutantes à la pêche à la mouche en Italie, avec Greg Juglaret

Elles sont une petite dizaine d’amies de longue date, réparties sur toute la région Rhône-Alpes. Elles ne se voient que trop peu tout au long de l’année et cela leur manque radicalement. On se rend compte de ce manque quand on les voit se retrouver. Une étincelle crépite et se transforme instantanément en un véritable feu d’artifice ! L’étincelle, c’est Patricia, Millette pour les intimes. Sa discrétion m’en voudra certainement d’écrire ces mots, mais tant pis. Elle est le sang du groupe, la force tranquille et la douceur incarnée.

Destination Dolomites

Quand un jour elle a proposé à ses amies d’organiser un petit voyage pour se retrouver juste entre filles, elle a proposé un thème… la pêche à la mouche ! « Oui, pourquoi pas ? On ne connaît de cette activité que Brad Pitt pratique dans “Et au milieu coule une rivière”. Et alors ? Ça a l’air sympa ! On va découvrir un nouveau truc ! Et c’est parti ! On loue un car, on trouve un moniteur guide de pêche, une nana du coin pour nous faire découvrir sa région et on y va ! Au fait… on va où ? Dans les Alpes ? Les Pyrénées ? Le Massif central ? Non, c’est trop près ! Les filles, vous connaissez l’Italie ? Les Dolomites ? Il paraît que c’est beau, que l’on y mange et que l’on y vit bien. On y va ? En plus, il paraît qu’il y a un hôtel sympa avec une piscine. On prend un ballon et on y fera du water-polo ! » Tout est parti de ça. Six d’entre elles ont réussi à se réunir. Comment je me suis retrouvé là ? Je n’en sais rien, mais je vous assure, plusieurs mois après le retour, que je n’aurais échangé ma place pour rien au monde ! Le guide, c’est Seb. Sébastien Charmetant, un ami avec qui nous partageons différentes passions entre la pêche, les milieux aquatiques et certaines activités professionnelles. « Allô, Greg ? Je guide un groupe de nanas en Italie, il reste une place dans le car, tu viens ? On va s’éclater, elles sont vraiment top ! Et surtout, rassure ta femme, elles pourraient toutes être notre mère ! »

Apprendre le lancer sur l'herbe

Et nous voilà dans le Vito avec toutes les filles. Un véritable car de collégiennes en voyage scolaire ! Et les bêtises qui commencent à fuser. Avec nous, les deux garçons, la glace n’aura pas mis longtemps à fondre, et les filtres… quels filtres ? On peut en dire des choses dans un groupe de gars, mais là, ça n’est pas un mythe, les filles, ensemble, nous écrasent très largement ! J’en ai encore des crampes à l’estomac d’avoir trop ri ! Après dix heures de trajet, et autant de crises de rire, nous voilà arrivés à l’hôtel, au bord de la rivière. Valises déchargées, waders (ou bottes) enfilés et cannes montées, c’est le moment de la leçon technique prodiguée par Seb sur les parterres fleuris de l’hôtel. Après environ trois minutes de travail sérieux, les filles partent tour à tour dans des délires venus d’ailleurs, entre mimes de mouvements de gymnastique rythmique au ruban et combats d’épée avec nos pauvres 9’. Et puis finalement, après quelques emmêlements dans la canne et quelques nœuds dans les bas de lignes, le sérieux est revenu, les mouvements se sont appliqués et la magie, que nous, pêcheurs passionnés, connaissons tous, a opéré. Les filles se sont prises au jeu du lancer, à vouloir maîtriser boucles et précision, avec comme seul but, non pas de prendre du poisson, mais seulement du plaisir. Il ne restait plus qu’à descendre à la rivière et découvrir ce nouvel environnement. Parce que oui, pour un non-pêcheur, l’eau est un nouvel élément avec lequel il faut savoir jouer. Marcher dans l’eau, ça n’est pas inné. Ça s’apprend, ça se travaille, ça fatigue. Et rien que cette découverte était un plaisir pour les filles, parfois dans la douleur, mais toujours avec du plaisir.

Une truite de 50 cm !

Deux d’entre elles venaient simplement pour passer un bon moment, mais sans vouloir pêcher. Pascale et Olivia. D’ailleurs, si elles pouvaient ne pas prendre de poissons, c’était encore mieux… Enfin, ça aurait été mieux… Mais ça n’a pas été le cas ! Olivia, l’athlétique prof de ski, un vrai roc, solide, qui ne flanche pas… Mais au bout de dix minutes de pêche, une truite exceptionnelle s’est mise à gober à quelques mètres, comme offerte à elle. Et pour la compétitrice qu’est Olivia, d’un coup, un objectif est apparu. Il fallait qu’elle la prenne ! Et elle l’a prise ! Après avoir travaillé son lancer comme elle l’aurait fait faire à un de ses élèves sur des skis, elle a ajusté sa distance et la marmorata de près de 50 centimètres est venue la récompenser ! Et vous savez quoi ? Elle a flanché ! Le roc s’est littéralement brisé ! Je l’ai vue fondre ! Redevenir une petite fille, complètement émerveillée. À ce moment-là, la terre semble s’être arrêtée de tourner sous les pieds d’Olivia. Il ne restait plus qu’elle, la marmorata et la rivière… Telle est la magie de la pêche à la mouche.

La révélation

Pascale ne devait pas venir. Entre travail, quotidiens et occupations personnelles… Et puis, venir pour pêcher… Mais cette décision était sans compter sur les capacités de persuasion de Millette et de Sylvie, qui l’auraient enlevée pour la faire monter dans le car ! Bon, ben, tant qu’à y être, on va essayer… Et là, révélation ! Elle, qui jouait au lasso sur la pelouse de l’hôtel, qui ne voulait pas pêcher et qui ne voulait même pas être de la partie… Eh bien ! cette Pascale-là était insortable de la rivière ! Nous l’avons vue passer des heures au milieu de l’eau pour travailler son lancer, se prendre pour passion au lancer roulé, retourner à la pêche après que toutes les autres soient rentrées à l’hôtel, faire des bonds dans l’eau après chaque truite capturée, courir sur la berge pour se réchauffer après être tombée dans la rivière pour y retourner de plus belle. Une révélation ! Bon, sans oublier pour autant de faire rire le groupe complet en improvisant des sketchs au fur et à mesure du voyage, en passant du défilé de mode du pêcheur sur les tapis de l’hôtel à la sirène échouée sur un banc de sable de la rivière. J’en pleure encore !

Cours d'eau de montagne

Sylvie, l’infirmière du groupe, celle qu’on rêve tous d’avoir en amie ! Un petit bout de nana avec une pêche débordante. Sans filtre, efficace, et avec un humour à toutes épreuves ! Ses patients ne doivent pas s’ennuyer ! Elle a toujours le bon mot au bon moment. Les instants passés dans l’eau à ses côtés étaient géniaux. Malgré son côté très cartésien, elle s’émerveille de tout. De la beauté des rivières, de celle des paysages, de la robe des truites. Du pur bonheur ! Et quelle efficacité dès ses premières actions de pêche ! Pratiquer dans les petits cours d’eau de montagne était pour Sylvie un véritable ravissement. Françoise, c’est la petite sœur de Sylvie, l’amie de cœur d’Olivia. Françoise, c’est la fille discrète du groupe, celle qui est toujours partante pour tout, celle pour qui tout va toujours bien. Elle aime le temps passé au bord de l’eau, le temps passé à pêcher, à attraper les truites, l’une après l’autre, en remontant tranquillement la rivière. Tranquille, sans un bruit, rapidement autonome. Son œil d’artiste lui a fait aimer cette pêche, se poser au bord de l’eau, découvrir ces nouveaux paysages, bien que vivant elle-même en montagne. Du régal à la voir vivre au sein ce groupe.

Contempler la nature

Véro, la photographe aux bottes à fleurs. Ah ben oui, on pêche, pas de soucis, mais il faut rester « girly, classe et distinguée » ! La nana à l’humour grinçant, au mot juste, au regard vif, heureuse d’être dans ce groupe d’amies ! Véro, c’est la nana qui pêche en bottes, mais qui rentre dans l’eau jusqu’à la taille parce qu’il faut y aller ! En revanche, si elle ne prend pas de poissons, ce n’est quand même pas plus mal et pour dire ! Après avoir vécu un véritable moment d’euphorie avec des gobages tout le tour du ventre et la capture rapide de trois ou quatre truites, elle s’est assise au milieu de la rivière, pour contempler les autres gober… Et prendre des photos ! Et puis, vous l’aurez compris, comme il n’y a pas que la pêche à la mouche dans la vie des filles, nous avons ponctué le temps passé au bord de l’eau avec des activités diverses, découvertes de très nombreuses spécificités des Dolomites.

Une passion merveilleuse...

Beaucoup d’entre elles tournaient autour du plaisir de la table, entre bons restaurants, magasins de spécialités régionales, dégustations d’huiles d’olive et de nombreux dérivés. Et puis la rencontre avec l’éleveur de vaches, qui transforme l’intégralité de son lait en fromage, yaourt et surtout… en crèmes glacées ! Les meilleures de la région, et là, le constat est sans appel ! Un véritable régal ! Et il fallait bien profiter de la piscine, des parties de water-polo, des scènes ouvertes de théâtre d’improvisation sur les bords du lac de Garde, des crises de fou rire et des magnifiques tranches de vie remplies d’amitiés. En résumé, un voyage qui fait un bien fou ! Et notre Millette dans tout ça ? Elle aura passé son séjour le cœur plein de bienveillance envers son petit groupe, à s’assurer que personne ne manque de rien, à faire le lien entre toutes ces personnalités si variées, à s’émerveiller des paysages et des spécialités locales, à pêcher un peu, parce que c’est le thème, mais pas trop non plus, parce que « ces pauvres truites ». Mesdames, Messieurs, pêcheuses et pêcheurs passionnés, soyez en sûrs, notre passion est merveilleuse !