Il faut remonter au début des années 1930 aux États-Unis pour retrouver les premières traces de filtres polarisants. C’est en 1932 que le docteur Edwin Land, de l’université de Harvard dans le Massachusetts, passionné de physique, invente le filtre polarisant. À peine quelques années plus tard, la marque Polaroïd, fraîchement créée, commercialise les toutes premières lunettes polarisantes. Elle se spécialisera ensuite dans la production d’appareils photos avec le succès planétaire qu’on lui connaît. Le principe d’un verre polarisant repose sur une superposition de filtres teintés, mais aussi anti UV, et vise à limiter la fatigue visuelle et à optimiser la vue en filtrant certains types de lumières (jaune et bleu) du spectre et en augmentant le contraste. Si le rôle premier de ces lunettes de soleil particulières consiste à améliorer l’acuité visuelle et surtout à protéger les yeux des ultraviolets, elles disposent aussi d’un autre pouvoir presque magique: celui d’éliminer l’effet miroir sur les surfaces réfléchissantes, dont l’eau… C’est ainsi que les verres polarisants se sont rapidement imposés pour devenir indispensables dans de nombreuses activités et sports, à l’image de la pêche, plus particulièrement à la mouche. C’est un fait, quel que soit notre niveau technique, l’utilisation de lunettes polarisantes nous permet de pêcher plus juste !
Indice de protection
Les lunettes polarisantes sont aussi et avant tout des lunettes de soleil qui doivent absolument jouer un rôle de protection face aux UV. Avant chaque achat, il est important de s’assurer qu’elles soient conformes aux normes européennes avec une garantie CE. Les différents indices de protection s’échelonnent de 0 (faible protection) à 4 (protection en milieu extrême). En ce qui concerne notre pratique, il est préconisé de s’orienter vers des modèles d’indices 2 et 3 suivant l’usage.
Verre ou plastique
Au sein de ce vaste marché dans lequel on retrouve une offre riche et variée dans des qualités très différentes, il existe deux grandes catégories de verres :
→Les verres en triacetate et polycarbonate correspondent vulgairement à une composition plastique. Cependant, en ce qui concerne les lunettes polarisantes, ces verres ne sont en aucun cas synonymes de mauvaise qualité, bien au contraire, et certains sont même très performants. L’utilisation de ce type de verres permet de gagner en légèreté, mais aussi en solidité. Toutefois, comme tout plastique, ils seront plus exposés aux rayures.
→Les verres minéraux, autrement dit en verre, disposent de caractéristiques presque opposées, avec un poids plus important, une bonne résistance aux rayures, mais une solidité moindre… car oui, le verre casse ! En matière de qualité optique, cette catégorie demeure au-dessus de la moyenne, et bien que légèrement plus lourde, à titre personnel, c’est vers cette dernière que je me suis tourné.
Le dilemme
Jaune, gris, orange, ambre, bleu, vert… Le choix de la couleur reste la question essentielle pour le pêcheur, car il ne peut pas être uniquement dicté par une question de goût. Il doit véritablement dépendre des conditions environnantes, avec pour but d’optimiser au maximum la qualité visuelle sans fatiguer l’œil. Chaque couleur dispose d’une capacité à plus ou moins filtrer la lumière. En théorie, il serait nécessaire de posséder plusieurs couleurs de verres que l’on adapterait en fonction des conditions. Les verres jaunes laissent passer 30% de lumière. Ils se destinent aux pêches par faible luminosité. Coups du soir, temps couvert, milieux très ombragés… Ces verres s’adaptent à de nombreuses situations typiques auxquelles fait face le pêcheur à la mouche. Le jaune a ainsi pour rôle d’amplifier la lumière ambiante et permet donc de conserver des conditions optimales. Ils sont aujourd’hui les plus utilisés par les pêcheurs de truites. Cependant, le jaune fatigue l’œil quand le soleil s’intensifie. Les lunettes polarisantes aux verres ambre et orange laissent pénétrer près de 20% de lumière. Elles sont les plus polyvalentes, d’autant plus qu’elles renvoient parfaitement les contrastes et sont en général dotées d’une excellente polarisation sur la surface de l’eau. Viennent ensuite les verres gris et verts avec un passage de l’ordre de 15 %. Ils sont parfaitement adaptés aux milieux ouverts à forte réverbération. Ils s’adaptent par exemple très bien aux pêches en lacs. Le gros avantage de ces teintes est qu’elles ne modifient pas la perception des couleurs, à la différence de l’ambre et surtout du jaune. Avec à peine 10% de passage de lumière, les verres bleus sont quant à eux presque exclusivement destinés aux milieux marins, que ce soit en bateau ou sur les pêches du bord lorsque les conditions sont extrêmes pour l’œil.
L’option photocromie
Voici une technologie optique qui s’adapte parfaitement à la pêche et dont on parle finalement assez peu : la photochromie. Ces verres disposent de caractéristiques uniques, puisqu’en fonction de l’intensité lumineuse (UV), la teinte va rapidement évoluer pour s’adapter aux conditions du moment. La photochromie est un véritable atout, qui permet d’optimiser l’acuité visuelle du pêcheur tout en limitant la sollicitation de l’œil. Les verres en triacétate et polycarbonate ont, en général, subi un traitement de surface réparti de façon totalement homogène afin de disposer d’une photochromie parfaitement régulière. En ce qui concerne le verre minéral, les choses sont un peu différentes. Il subit un travail de profondeur dans lequel sont intégrés des halogénures d’argent directement dans le verre. Tout est ensuite une question de réaction moléculaire face aux UV.
Montures
Après la qualité, la couleur, vient le choix ultime de celui de la monture. Une fois encore, il y en a pour tous les goûts : monture fine, large, urbaine, sport, etc. Si le choix est en premier lieu une histoire de confort ou de style, il peut être aussi une question d’optimisation. Le point négatif récurrent concerne les entrées parasites de lumière. Ainsi, une vraie bonne monture est définie par une monture large, couvrant parfaitement le visage grâce à des branches épaisses.
La photocromie en trois images