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10 mouches fondamentales (Partie 1)

Grégoire Juglaret vous propose un dossier montage qui lui tenait particulièrement à cœur, car il touchera une majorité de monteurs. D’une part, pour les plus novices d’entre nous, ces pages leur permettront de constituer une boîte parfaitement cohérente. Ces dix mouches simples, déclinées en taille et en poids (pour ce qui est des nymphes) leur feront prendre des poissons sous tous les cieux. D’autre part, les pêcheurs plus expérimentés trouveront dans ce dossier des caractéristiques techniques qui offriront à ces mouches, pourtant rudimentaires, des qualités optimisant leur action. Toutes les mouches présentées ici sont montées avec peu de matériaux, peu onéreux, et extrêmement faciles à trouver dans le commerce. Avec un petit tour de main, toutes ces mouches pourront être montées en moins de cinq minutes. En partant de ces bases, vous obtiendrez une boîte simple, polyvalente et capable de prendre du poisson dans toutes les conditions et sous tous horizons.

Partie 1 : l'Araignée, la Palmer, la double Collerette, Helk Hair Caddis et Oreille de lièvre
Partie 2 : le Voilier, la noyée Perdrix, la Palaretta, la Pheasant Tail et la nymphe type Oreille de lièvre à bille pour la pêche au fil.

1 L’araignée

Le montage araignée : l’imitation d’éphémère adulte par excellence ! Ce montage se devra d’être décliné dans toutes les tailles et dans une large palette de couleurs pour coller à tous les types d’éclosions. Le montage de base est très simple, mais pour le rendre véritablement efficace, on se concentrera sur des détails qui font toute la différence. D’une part, la qualité des plumes. Pour avoir une imitation pêchante et durable, nous choisirons un hackle de coq dont le rachis devra être fin (pour ne pas vriller au montage), d’une brillance parfaite, d’une densité de fibres pas trop importante (exit les lancettes) et sans aucune base duveteuse. À partir de là, il faudra se concentrer sur les proportions.

Caractéristique capitale : les proportions

Une mouche bien proportionnée garantira une meilleure pêchabilité et une durabilité plus importante. Son équilibre assurera la flottaison haute recherchée et une stabilité importante sur l’eau, ce qui fait qu’elle se positionnera toujours parfaitement à la surface. Cela diminue les risques de microdragage (car mieux ancrée à la surface de l’eau), ainsi que les risques de vrillage et de noyage prématuré.

Utilisation

On se servira d’un montage araignée en sèche ou en tandem, lorsque les poissons sont focalisés sur les imagos d’éphémères. Il ne restera plus qu’à jouer sur la taille et la couleur du jour pour coller au mieux à l’éclosion du moment.

Matériaux

  • Hameçon : DR40BL du 12 au 16
  • Fil : 8/0 jaune pâle
  • Cerques : coq gris
  • Hackle : coq gris

1. Fixer le fil de montage en tête et descendre à la courbure.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
2. Fixer les cerques d’une longueur égale à celle de la hampe.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
3. Remonter le fil au quart avant de la hampe.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
4. Nettoyer le rachis de la plume et la fixer par sa base.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
5. Enrouler 4 à 5 tours de plume et la fixer par le rachis.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
6. Former la tête et faire le nœud final.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

2 Le palmer

Voici une mouche 4x4 ! Ce montage d’ensemble a fait prendre un nombre incalculable de poissons à ses utilisateurs. Malheureusement, cette dernière décennie, elle a eu tendance à disparaître des boîtes au profit de mouches considérées plus techniques. Dans sa version la plus célèbre, la french tricolore d’Henri Bresson, elle est composée de trois plumes de couleurs différentes. Dans le montage initial, une seule est utilisée et il est bon de la décliner en plusieurs tonalités pour répondre à de nombreuses situations.

Caractéristique capitale : la qualité des plumes

Le palmer possède des caractéristiques indéniables telles que la visibilité et la hauteur de flottaison. Cependant, cette dernière contraint bien souvent l’utilisateur à l’emploi de gros diamètres de pointe pour éviter le vrillage. Ce problème peut être fortement limité par l’emploi de plumes de qualité. Elles devront avoir un rachis fin, peu chargé en fibres qui seront impérativement fines et parfaitement droites afin d’éviter une action d’hélice lors des lancers. De même, sur une plume de cou, il est nécessaire de n’utiliser que la partie rigide des fibres. Celles qui ont une base duveteuse et souple n’assurent pas la rigidité du hackle qui garantit la tenue sur l’eau et se mouillent très rapidement, ce qui fera vite couler la mouche et ne permettra pas de la sécher correctement.

Utilisation

C’est la mouche reine des eaux rapides dès lors que l’on pêche l’eau en sèche. Mouche d’ensemble, elle couvrira une plage d’utilisations extrêmement large. Son atout majeur, la hauteur de flottaison, fait qu’elle peut décider un poisson de loin. Attention, cette mouche a beau être « has been », elle n’en est pas moins hyper efficace, notamment du fait que les poissons ne la voient plus au bout de la ligne de bon nombre de pêcheurs !

Matériaux

  • Hameçon : DR40BL du 12 au 16
  • Fil : 14/0 Noir
  • Hackle : plume de cou de coq gris foncé
  • Attention, on ne chargera pas trop en enroulement d’hackle, ce qui favoriserait le vrillage et l’incapacité à la mouche de se sécher durant le lancer.

1. Fixer le fil de montage en tête et descendre à la courbure.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
2. Fixer la plume par sa base.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
3. Remonter le fil de montage au niveau de la tête.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
4. Enrouler la plume à spires parallèles régulières et non jointives.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
5. Fixer la plume, former la tête et faire le nœud final.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

3 La double collerette

Parmi les incontournables, la double collerette fait partie des montages fondamentaux à posséder dans sa boîte. Imitation rustique mais très efficace d’un grand nombre d’éphémères, cette mouche permet de faire face à des situations de pêche très différentes. C’est l’équilibre entre les deux hackles mais aussi leur transparence qui donnent à cette artificielle son pouvoir attractif sur les truites et les ombres. Déclinée en différentes teintes et tailles, elle fait et fera encore longtemps le bonheur des pêcheurs à la mouche sur de nombreuses rivières.

Caractéristique capitale : l'enroulement des hackles

Tout comme pour le palmer, la qualité des plumes est incontournable. Les mêmes caractéristiques peuvent être appliquées pour la double collerette. Un point très important également, et qui peut être transposé au palmer, est la qualité de l’enroulement des deux hackles. D’une part, il est bon qu’il ne soit pas trop dense pour éviter une trop grande prise à l’air durant le lancer. D’autre part, il est important que les fibres ne se croisent pas afin que le hackle se vide parfaitement de son eau dès le premier faux jet. Enfin, le hackle arrière doit être légèrement plus court que celui de tête afin d’avoir une forme conique de l’imitation, avec une tête positionnée vers le haut pour qu’elle ne soit pas en position de plonger sous la pellicule au moment de l’arraché. Dans le cadre de l’utilisation de deux couleurs de plumes différentes,
on utilisera la plus foncée en tête.

Utilisation 

Au même titre que le palmer, la double collerette (appelée parfois merlinoise), cette fameuse mouche, chère à Charles Gaidy, est assez délaissée aujourd’hui. Complémentaire du palmer, notamment lorsque les rivières sont plus calmes, elle est une mouche d’ensemble redoutable.

Matériaux

  • Hameçon : DR40BL du 12 au 16
  • Fil : 8/0 rouge
  • Hackle arrière : 1 plume de cou grizzly
  • Hackle de tête : 1 plume de cou gris

1. Fixer le fil de montage en tête et descendre à la courbure.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
2. Fixer la plume à la courbure par sa base et remonter le fil de montage au quart de la hampe.  
Crédit photo : Grégoire Juglaret
3. Enrouler la plume sur trois tours à spires parallèles, régulières et jointives, bloquer le rachi en évitant au maximum les fibres.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
4. Couper la plume à ras.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
5. Remonter le fil de montage jusqu’au dernier quart de la hampe et fixer la seconde plume.  
Crédit photo : Grégoire Juglaret
6. Enrouler la plume sur trois tours.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
7. Bloquer la plume et former la tête ainsi que le noeud final.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

4 Elk Hair Caddis

Le sedge est une imitation incontournable, tellement les rivières et ses berges sont riches d’insectes dont la silhouette générale est proche de celle des tricoptères. De ce fait, notre sedge, en plus d’être une mouche imitative, est une fantastique mouche d’ensemble! Ici, nous allons voir une version simplifiée de l’Elk hair caddis où le seul élément de flottaison sera l’aile. Contrairement au montage d’origine avec son hackle de corps en palmer, celle-ci aura une flottaison plus basse comme un insecte englué dans la pellicule de l’eau.

Caractéristique capitale : la régularité de l’aile

Pour tirer toute l’efficacité de ce montage, une condition est à respecter impérativement : la régularité de l’aile en cervidé. Pas assez fournie, la mouche ne tiendra pas la surface, trop chargée, on ratera des poissons au ferrage. Trop longue ou trop courte, elle sera déséquilibrée. Si l’aile n’est pas égalisée, la mouche ne sera pas stable, ni en lançant ni à la surface de l’eau… C’est pour toutes ces raisons que l’on va équilibrer au mieux notre imitation, de premier aspect, extrêmement simpliste.

Utilisation

On ne sait pas trop quelle mouche accrocher… On accroche un sedge, on ne se trompera jamais beaucoup ! Une valeur sûre est le Elk hair caddis. Ce montage est un 4x4 offrant une plage d’utilisation extrêmement large. Sèche pure, tandem, réservoir, et même en top dropper sur un train de noyées, cette mouche est hyperversatile !

Matériaux

  • Hameçon : DR40BL du 12 au 16
  • Fil : 8/0 noir
  • Corps : dubbing de lièvre olive
  • Cerclage : fil de cuivre
  • Aile : chevreuil naturel

1. Fixer le fil de montage en tête et descendre à la courbure.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
2. Fixer le fil de cuivre.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
3. Préparer un dubbing de lièvre souple, non twisté et assez serré, puis former le corps sur les deux tiers de la hampe.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
4. Cercler le corps.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
5. Positionner l’aile en chevreuil d’une longueur égale à celle de la hampe, et préalablement égalisée. La fixation se fait par trois enroulements de fil, de la tête vers la courbure, les deux premiers non serrés pour orienter et maintenir, le troisième serré pour bloquer.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
6. Revenir vers la tête par plusieurs enroulements dans les fibres de chevreuil relevées et faire le nœud final.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
7. Tailler le chevreuil en laissant dépasser légèrement les fibres afin d’augmenter la flottaison de l’imitation.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

5 Oreille de lièvre

Quand on parle d’oreille de lièvre, on désigne une mouche dont le matériau principal est ce dubbing extrêmement maniable et polyvalent, qui peut s’accorder à tout type d’imitation et se marier à beaucoup d’autres matériaux, de la bille au hackle de coq.

Caractéristique capitale : la texture du dubbing

Cette appellation d’oreille de lièvre est très souvent générique et désigne de nos jours un peu tous les dubbings de l’animal, quelle que soit la partie de son corps, pas exclusivement les oreilles, mais également le masque entier ou le dos. Chacune de ces zones aura des qualités différentes ou complémentaires.

Utilisation

Ce modèle est déclinable dans toutes les tailles car il représente une larve d’éphémères au moment de son ultime mutation. Il sera utilisable principalement sur des zones relativement calmes, sur lesquelles les poissons peuvent être sélectifs. Pour en obtenir le meilleur, pensez à dégraisser votre pointe !

Matériaux

  • Hameçon : DR40BL du 12 au 20
  • Fil : 8/0 noir
  • Cerques : oreille de lièvre
  • Abdomen : dos de lièvre
  • Thorax : masque de lièvre
  • Cerclage : tinsel plat perle

1. Fixer le fil de montage en tête et descendre à la courbure.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
2. Fixer une pincée de poils du masque de lièvre pour former les cerques.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
3. Fixer le tinsel à la base des cerques.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
4. Former le corps en dubbing de dos, duveteux, sans le twister.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
5. Cercler le corps et préparer un dubbing loop avec du poil d’oreille.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
6. Enrouler le dubbing loop sur trois tours en rabattant les fibres à l’arrière à chaque tour.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
7. Fixer le dubbing, former la tête et faire le noeud final.
Crédit photo : Grégoire Juglaret
8. Nettoyer le montage.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

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Magazine n°Pêche Mouche n° 142

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