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Les secrets de montage des compétiteurs

Crédit photo Studio Nature
Tous les compétiteurs ont leurs petits secrets, plus ou moins personnels, quant à leur approche et leur technique au bord de l’eau, mais également derrière l’étau durant les longues heures de montages qui garantiront la réussite des sorties ou des championnats suivants.

Ce sont les « combines » issues de l’expérience d’un groupe de copains, compétiteurs internationaux, que nous allons aborder dans ces lignes. Certaines plus communes que d’autres, chaque pêcheur, débutant ou expérimenté, trouvera ici de quoi améliorer ses montages et donc ses prochaines sorties au bord de l’eau.

À gauche, une plume de saddle très dense en barbes, à droite une plume de cou plus aérée.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

1. Nymphe avec un hackle en CDC

Aujourd’hui, dans les techniques de pêche en nymphes, deux courants s’opposent souvent, bien qu’ils soient hyper complémentaires. L’utilisation des perdigones contre l’utilisation des mouches volumineuses et notamment celles avec un hackle en CDC. Étant un amoureux des pêches alpines, c’est de ce type de montage dont je vais parler. Les lecteurs réguliers de la rubrique Conseils de pro se rappelleront certainement d’un article sur la vitesse de pénétration des nymphes dans l’eau. Il était défini qu’une nymphe avec un hackle en CDC coulait deux fois moins vite qu’une nymphe lisse à diamètre de bille égale. Ceci est lié non seulement à la densité de la mouche, mais également à l’angle entre le CDC et la hampe de l’hameçon. Plus le hackle sera perpendiculaire à la hampe, moins la mouche sera hydrodynamique et du coup ralentira la dérive une fois au fond (principe de l’ancre flottante). Pour créer cet enroulement de CDC, il y a deux solutions. Soit on réalise un faux hackle à l’aide d’un dubbing loop, soit on enroule directement la plume en la fixant par la pointe de la même manière que l’on enroulerait le hackle d’une mouche noyée. Personnellement, j’utilise le hackle entier, qui, en le coinçant entre le dubbing du thorax et la bille se positionnera parfaitement à 90°, et donc freinera énormément la dérive !

Pour épurer une plume de saddle, mettre les barbes à 90 ° du rachis, puis éliminer le côté de l’enroulement.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

2. Choix du hackle pour éviter le vrillage

Une question revient très souvent, quel fil utiliser pour éviter le vrillage ? Prenons le problème à l’envers, qu’est-ce qui occasionne le vrillage ? C’est le fait que la mouche tourne pendant le lancer, du fait de son hackle qui fait effet d’hélice et qui n’est pas bridé par le fil car trop fin ou trop souple. Deux solutions, jouer sur le fil en augmentant le diamètre ou en utilisant un nylon (ou fluorocarbone) plus rigide. Jouer sur le hackle pour qu’il ne fasse pas l’hélice. C’est de cette seconde solution dont on va parler. Par facilité, on utilise beaucoup de plumes issues de saddle de coq génétiquement sélectionnés. Longues, fines et régulières, elles permettent de monter plusieurs mouches avec une seule plume. Mais attention. Ces plumes sont hyper chargées en barbes, ce qui fait qu’elles ont beaucoup d’appui dans l’air. De plus, les barbes ne sont pas parfaitement droites et extrêmement rigides, de ce fait, elles ne se couchent pas sur le corps durant le lancer, mais font l’effet hélice, et dont entraîne la mouche à tourner et donc font vriller la pointe. Deux solutions : soit se passer de leur utilisation au bénéfice des plumes de cou, plus courtes, moins longues, plus coniques, mais moins chargées en barbes et dont celles-ci sont plus droites. Soit utiliser une plume de saddle, mais en éliminant le côté de la plume qui sera face au fer de l’hameçon à l’enroulement. On divisera donc la densité des barbes par 2 ce qui limitera l’effet hélice. Attention cependant à ne pas doubler le nombre d’enroulements pour autant, la « combine » n’en serait qu’annulée ! Cou ou saddle, quel que soit votre choix pour la réalisation de belles mouches sèches à flottaison haute, privilégiez toujours l’achat de la qualité sur celui de la quantité. Vous serez toujours gagnant en nombre de mouches parfaitement pêchantes, alors que l’inverse vous fera peut-être faire plus de mouches, mais de bien moindre qualité, et je pèse mes mots ! Vos mouches vous remercieront… moins les truites.

À droite, émergente en CDC sortant de la boîte, à gauche, la même, mais nettoyée et prête à pêcher.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

3. Augmenter la durée de vie et de flottaison des mouches en CDC

 Un des membres de l’équipe de France m’a montré, il y a quelques années, sa boîte de CDC… Horrible ! Toutes les plumes étaient collées, ça faisait de gros amas parfaitement informes et complètement répugnants… surprenant pour ce pêcheur extrêmement fin et soigneux. Il y avait forcément une raison à cela. Le fait est que, lors du montage de ses mouches, et ce plusieurs mois avant leur utilisation, une fois la mouche rangée dans sa boîte, il la noyait dans de la graisse de CDC ! De ce fait, la mouche avait tout le temps de s’imprégner et la plume, grasse naturellement, conservait toutes ses qualités et ne se desséchait pas ! Une fois au bord de la rivière, il accrochait sa mouche, la rinçait à grande eau et elle se retrouvait parfaite, tant visuellement qu’en action de pêche et résistait à un nombre de poissons incalculables avant d’être obligé de la nettoyer et de la regraisser !

Boîte de boobies typique, avec des mouches déclinées en différentes tailles d’yeux.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

4. Diamètre des yeux des bobbies

Ah le booby… toute une histoire ! Parfois décrié (par méconnaissance), parfois adulé, il peut être décliné en une infinité de montages, pour une plage d’utilisation immense. S’en passer revient à se mettre des barrières au bord de l’eau et de s’ajouter des contraintes limitant le plaisir de la pêche en réservoir. Je suis un militant (NDLR : on s’engage chez Pêche Mouche !) pour la réhabilitation de ce type de montage, dont l’image meurtrière des années 1990-début des années 2000, persiste encore dans certains réservoirs. Car oui, le booby des années 2020 n’est plus une simple pêche avec une soie S7 posée sur le fond en attendant qu’une truite affamée engame jusqu’à l’intestin… mais ça, c’est une autre histoire. Ici, ce qui nous intéresse, c’est son montage, et le point particulier, la taille de ses yeux. Car oui, au même titre que la taille des billes sur une nymphe, la taille des yeux sur un booby garantira sa réussite. Afin de coller au comportement du poisson, nous utiliserons des mouches plus ou moins grosses d’une part, mais avec une vitesse d’ascension variable d’autre part. En effet, en fonction de la saison et de l’activité des poissons on choisira soit un bob parfaitement équilibré, un autre qui remonte doucement, ou encore un qui remonte très vite. Pour ce faire, nous avons deux solutions. Soit, nous taillerons des yeux dans des mousses de densité différentes afin d’avoir des mouches ayant parfaitement la même forme, mais des vitesses différentes, soit, tout comme dans le choix des billes de nos nymphes, nous utiliserons une seule et même matière, mais que nous découperons en différents diamètres.

Nous respecterons ce rapport taille d’hameçon/diamètre des yeux, afin de garantir un ferrage efficace. Il est à noter ici, que l’on peut faire varier la taille de l’hameçon, et donc des yeux, sans trop impacter la taille de la mouche, ceci en conservant exactement les mêmes cotes de montage sur la version en H12, sur la version H8, sans pour autant avoir une mouche déséquilibrée.

Une boîte de nymphes simple et efficace. 2 modèles, 3 tailles d’hameçon, 5 tailles de billes, 3 couleurs de billes. Rationnel, mais capable de couvrir un très large spectre de conditions de pêche.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

5. Déclinaison de son modèle de nymphe préféré

Il est très plaisant de monter beaucoup de mouches différentes en laissant aller son imagination ou en adaptant les observations de la sortie précédente pour parfaire la suivante. Cependant, force est de constater que bien souvent nous revenons souvent à la mouche qui nous apporte le plus de résultat. Je ne vous donnerais pas ici LA mouche miracle, pour une simple raison… je ne la connais pas ! Ou plutôt, vous le connaissez mieux que moi ! Je m’explique. La meilleure mouche au monde à un instant T sera toujours moins efficace que votre modèle préféré, et pour cause ! Des modèles de mouches, il y en a une infinité. Le temps de pêche dans une condition définie, lui, ne l’est pas ! Il est donc illusoire de croire à la mouche idéale et ça serait une vraie perte de temps impactant de ce fait la réussite, le résultat, et le plaisir. Il vaudra donc mieux une mouche, un peu moins parfaite, mais qui passe son temps dans l’eau, plutôt que de faire tourner 200 modèles différents en réduisant drastiquement leur temps effectif à pêcher. Je vous recommanderai donc ici de décliner vos deux ou trois modèles préférés en toutes les tailles toutes les couleurs et toutes les densités (pour ce qui est des nymphes). Vous respecterez donc au bord de l’eau un rapport garantissant votre réussite : Confiance dans la mouche / respect de l’aspect global des insectes présents. Rappelons-nous d’un principe fondamental des pêcheurs en réservoirs en Angleterre, parfaitement adaptable chez nous, que ce soit en lac ou en rivière : La réussite se décompose en l’association de 4 paramètres : 1/3 pour le lieu, 1/3 sur la profondeur, 1/3 sur la technique, Le reste sur les mouches ! À méditer !

Les chenilles synthétiques, particulièrement difficiles à travailler à sec, se positionnent très simplement grâce à la technique du sirop
Crédit photo : Grégoire Juglaret

6. Orientation des matériaux vers l'arrière, la combine de Sébastien Vidal, membre de l'équipe de France

Ceci est une toute petite astuce mais tellement efficace, qu’elle simplifie grandement nos vies de monteurs de mouches. Dans le cadre du montage des mouches immergées, nymphes, streamers, mouches noyées… on a bien souvent l’obligation d’orienter les matériaux vers l’arrière. À chaque enroulement il faudra alors forcer les matériaux à s’incliner en direction de la courbure, sans quoi il est impossible de soigner l’enroulement suivant. Classiquement, si vous êtes droitier, servez-vous de votre pouce et index gauche pour guider l’enroulement vers l’arrière. Il n’est pas forcément évident que les matériaux secs ne se redressent pas immédiatement après. C’est ici qu’intervient la combine de Sébastien. À vos côtés, utilisez une petite soucoupe avec du sirop. Humidifiez vos doigts pour effectuer l’opération précédente. Les fibres seront alors immédiatement "collées' et maintenue en position souhaitée durant le montage. Pas d’inquiétude, le sucre n’altérera pas les matériaux et disparaîtra à la première utilisation !

Avec un outil adapté comme le splitter Petitjean, il est très simple de fendre le fil
Crédit photo : Grégoire Juglaret

7. Dubbing Loop ou fil fendu ?

Deux techniques permettent de réaliser un dubbing aéré pour créer un faux hackle. Le dubbing loop, qu’on réalise à l’aide d’un twister sur un fil doublé ou le fil fendu à l’aiguille. Il y a des partisans de chacune des deux méthodes. Mais il est bon de maîtriser les deux techniques afin de pouvoir affiner ses montages selon les besoins. En effet, fendre le fil nécessite l’emploi de matériaux particuliers. Soit un bi-thread, soit un fil type 6/0 ou 8/0 faiblement tissé. Si votre montage permet l’emploi d’un de ces deux fils, n’hésitez pas, le dubbing sera facile à réaliser, et le montage très propre. Si vous utilisez des fils mono (type nanofil), des 8/0 très tissés ou des fils encore plus fins (12/0, 14/0…) il sera très difficile de les dédoubler. De ce fait, il est nécessaire de maîtriser la technique du dubbing loop.

Secrets et astuces de montage font bien souvent la différence en compétition au bord de l'eau.
Crédit photo : Hervé Hamon

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