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Œillet, pointe, ardillon, forme, composition... bien choisir ses hameçons

Vous ne regardez plus vos hameçons de la même façon après la lecture de cet article de Grégoire Juglaret...

Crédit photo Thomas Woelfle
On trouve aujourd’hui sur le marché une multitude de marques d’hameçons spécifiques au montage des mouches. Chaque marque bénéficie d’un nombre de modèles relativement important, ce qui permet d’ouvrir le champ des possibles à un monteur aguerri, mais qui peut vite perdre un pêcheur plus novice. Nous allons essayer, dans ces lignes, de rationaliser l’offre techniquement, afin qu’ensuite, chaque monteur puisse faire son propre choix pour n’en retirer que les références les plus adaptées à ses propres créations.

Généralités sur les hameçons

Quelles que soient la forme ou l’utilisation de l’hameçon, on va retrouver les mêmes organes.


Crédit photo :

Quand on dessine un hameçon, on cherche à combler un manque dans les références existantes, pour obtenir l’hameçon « idéal » répondant à un problème donné. C’est pour cette raison que certains hameçons, très spécifiques, ne sont déclinés que dans très peu de tailles, alors que certains autres, plus standards, auront une plage de tailles plus importante. Pour sa conception, on partira d’une taille X qui définira la forme et les proportions souhaitées de chaque organe, puis les différentes tailles seront déterminées par homothétie, afin d’obtenir une image exacte de la forme de base, dupliquées aux autres tailles que l’on souhaitera affecter à la référence.

1. L’œillet

La première vocation de l’œillet est de relier le fil de la pointe du bas de ligne à la mouche, mais il n’est pas une simple boucle, placée au hasard. Son angle impliquera une bascule au moment du ferrage, ce qui augmentera la qualité de pénétration. Dans l’absolu, plus la pointe sera rentrante, plus l’inclinaison de l’œillet devra être marquée. Son diamètre sera proportionnel à la taille de l’hameçon. Sans ça, son poids, étant un organe externe au montage, risquerait de déséquilibrer la mouche.

2. La hampe (appelée également « tige »)

C’est la partie qui nous concerne le plus pendant le montage. C’est elle dont la forme et la longueur impacteront directement le type d’imitation que l’on va monter, mais qui définira également les proportions de la courbure et la longueur de la pointe. En ce qui concerne le lien entre longueur de la hampe et type de montage, on essayera généralement d’utiliser une hampe correspondant à la longueur du corps de l’insecte imité, mais parfois on pourra monter plus petit pour obtenir une petite « proie » sur un « gros » hameçon, afin de limiter les ratés au ferrage et le décrochage au combat. Ces montages sont dits « anorexiques ». Pour ce qui est de la forme de la hampe, elle devra être adaptée à celle de l’insecte imité, évidemment, mais également respecter les contraintes mécaniques, un hameçon courbe servant également de « quille » afin de stabiliser la mouche dans l’eau. Un hameçon ayant une hampe longue devra avoir une pointe suffisamment longue et/ou rentrante, et une ouverture suffisamment importante pour ne pas décrocher.

Deux billes de 3 mm montées sur deux hameçons de 14. On voit très distinctement que l’ouverture restante est très différente en fonction de la forme de l’hameçon. Dans ce cas précis, la forme caddis sera à proscrire, la bille fermant beaucoup trop l’ouverture !
Crédit photo : DR

3. La courbure et l’ouverture (appelée également « forme »)

La forme de l’hameçon (c’est-à-dire, le rapport entre courbure et ouverture) est un des facteurs les plus importants lorsqu’on le choisit. C’est lui qui assurera la qualité du ferrage et la tenue du poisson. Si une forme un peu « fermée » peut être bonne en sèche, elle est rédhibitoire en nymphe, le lest, qu’il soit sous forme de bille ou d’un enroulement de plomb, fermant encore plus cette ouverture, ce qui rendra l’hameçon inefficace au ferrage ! Plus la forme de l’hameçon sera ouverte, plus sa stabilité dans l’eau sera importante. Attention cependant à ne pas exagérer cette proportion sur les sèches, car il sera extrêmement difficile de compenser le poids de l’hameçon par des matériaux de montage servant à la flottaison.

4. La pointe (longueur et profil)

A) LES POINTES DROITES

Pointe de référence sur les hameçons avec ardillon, elles le sont beaucoup moins sur les barbless (BL) où les ardillons sont remplacés par les pointes rentrantes et les formes wave. Autant la longueur d’une pointe droite pourra être courte sur un hameçon avec ardillon, autant il se devra d’être plus long sur un barbless, et mesurant au minimum un tiers de la longueur de la hampe, sans quoi le taux de décroche sera relativement élevé.

B) LES POINTES FLÈCHES (SP)

Sur un hameçon court et fort de fer, une pointe classique aura un cône trop prononcé pour être efficace. La pointe de flèche améliorera la pénétration et garantira l’efficacité du ferrage.

C) LES POINTES RENTRANTES

C’est le type de pointe qui compensera parfaitement l’absence d’ardillon. Légèrement rentrante, la pointe ne contraindra pas le ferrage, notamment si l’œillet est parfaitement orienté. Les pointes rentrantes sont aujourd’hui la norme sur une très large sélection de modèles d’hameçons « barbless ».

Attention à bien choisir ses pointes rentrantes. Si l’angle est trop marqué, notamment sur un hameçon de petite taille, on aura tendance à rater une bonne partie de nos ferrages.

D) LES POINTES WAVE (W)

Les pointes wave (que l’on retrouve notamment chez le fabricant Hanak Competition) forment une vague et se terminent parfaitement parallèles à la hampe. La forme de vague se veut compenser l’absence d’ardillon, et force est de constater qu’elle est vraiment efficace !

5. L’ardillon

Le sujet de l’ardillon peut occasionner un débat idéologique quant au respect du poisson, aux risques qu’il peut engendrer, etc., thème qui mérite à lui seul un article complet, mais thème qui a déjà été maintes fois abordé. Ici, nous allons nous attacher à définir uniquement l’aspect technique des deux versions. Là où un hameçon BL (sans ardillon) occasionne une piqûre (comme avec une aiguille), un hameçon avec ardillon crée une coupure (comme avec une lame). De ce fait, l’un ou l’autre se doit d’être utilisé différemment. Un hameçon BL devra forcément rester en tension lors des combats, notamment si l’on utilise une mouche à bille. La masse déportée créera un balancier et, si on ne maintient pas la tension, on décrochera systématiquement. Un hameçon avec ardillon, quant à lui, risquera la décroche, en particulier si l’on tire fort sur des poissons qui se débattent beaucoup comme le font les poissons de taille modeste. Il existe aujourd’hui des références avec des micro-ardillons qui limitent l’effet coupure et assurent une très bonne tenue du poisson. L’idéal sera donc d’utiliser des hameçons avec des petits ardillons quand on vise principalement les gros poissons, et les hameçons BL dans la plupart des autres cas.

Certaines mouches, notamment avec des pointes courtes ou destinées à des espèces spécifiques, sont très majoritairement montées avec des hameçons à ardillon.
Crédit photo : DR

Les deux types d’hameçon étant étudiés très distinctement, on comprend parfaitement pour quelles raisons un hameçon manufacturé BL sera toujours bien plus efficace que l’immense majorité des hameçons à ardillon que l’on écrasera à l’aide d’une pince ! Pendant des années, il était difficile de trouver des équivalents avec et sans ardillon, de ce fait, pas d’autres choix que de les écraser. Aujourd’hui, il est possible de trouver des équivalences de formes avec et sans ardillon, alors, si vous choisissez un hameçon à ardillon car il répond à vos attentes de monteurs, ne l’écrasez surtout pas !

Mes conseils

Testez la pointe de pointe de votre hameçon dès le moindre accroc, et régulièrement pendant la partie de pêche. Même s’il est possible d’affûter certains hameçons, la plupart des modèles à affûtage chimique ne le supportent pas! On devra donc forcément mettre cette mouche de côté et en changer! Pour tester un hameçon rapidement, rien de plus simple. En faisant glisser la pointe sur votre ongle à un angle de 90°, s’il accroche, c’est que tout va bien. S’il glisse, c’est poubelle! Concernant les hameçons de petites tailles à pointe rentrante, veillez bien à ce que l’axe de votre pointe se prolonge bien à l’extérieur de l’œillet. Sans ça, vous risquez de rater un nombre important de poissons au ferrage.

Les formes d'hameçons

1. Les hameçons droits

Ils représentent à eux seuls plus de 60% de l’offre du marché, et pour cause ! Mouches sèches, nymphes, streamers, boobies, mouches mer, mouches à brochet… Toutes nos imitations préférées peuvent se monter sur hameçons droits. Monter sur hameçon droit, c’est s’assurer une très grande polyvalence !

2. Les hameçons courbes

L’auteur sait parfaitement choisir son type d’hameçon en fonction de sa technique de pêche.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Les hameçons à hampe courbe (généralement appelés caddis) sont principalement utilisés dans le cadre de montages destinés à pêcher sous la surface, comme les larves, les nymphes et les émergentes. Cependant, on peut également aller chercher ce type d’hameçon pour leur qualité mécanique. En effet, pour le montage de mouches sèches volumineuses à flottaison basse (comme la plupart des sedges), un hameçon caddis aura la faculté d’ancrer la mouche à la surface, comme une quille vis-à-vis d’un bateau, et stabilisera parfaitement l’imitation à la surface.

Une imitation efficace passe obligatoirement par le choix d’un hameçon précis
Crédit photo : Grégoire Juglaret

3. Les hameçons jig

Les hameçons jig sont apparus sur le marché de la pêche à la mouche il y a maintenant une quinzaine d’années et sont destinés aux pêches en nymphes. Pendant longtemps, ils ont été considérés comme un hameçon parmi tant d’autres, sans pour autant définir leurs caractéristiques propres, le seul argument étant qu’ils s’accrochent beaucoup moins que les autres hameçons… Faux ! S’ils ont cette forme, c’est pour une raison très simple : dans les conditions correctes d’utilisation, ils prennent simplement beaucoup plus de poissons qu’un hameçon droit ! Je m’explique : ils ne sont faits que pour ne pêcher à « rouler » ! C’est-à-dire sur le fond et avec la ligne parfaitement tendue. De ce fait, c’est la bille qui tapera le fond, protégeant la pointe de l’hameçon qui ne se présentera jamais côté sol, mais surtout exposant la pointe de l’hameçon à la bouche du poisson. Le poisson sera du fait systématiquement piqué sur le palet supérieur, et le taux de décroche sera négligeable. Au contraire, l’effet sera inverse si l’on s’en sert pour pêcher dans la couche d’eau, le poisson se présentera côté hampe et se piquera beaucoup moins facilement. Il existe plusieurs angles d’œillet allant de 45° à 90° de la hampe, l’œillet devant être dans le prolongement de la ligne. Dans l’idéal, un œillet à 90° est donc fait pour pêcher parfaitement à la verticale, celui à 45° à l’oblique. Dans cette plage de possibilité, celui le plus performant à l’utilisation sera à 60° ! Cette forme d’hameçon se doit obligatoirement d’être associée à une bille tungstène fendue, correctement positionnée, afin, d’une part, de libérer au maximum l’ouverture de l’hameçon, d’autre part de déporter au maximum le centre de gravité de la mouche pour que la pointe soit parfaitement exposée à la bouche du poisson.

En nymphe, le fer de l’hameçon devra être plus épais que celui d’une mouche sèche.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Les différents types de fer

1. Les « fers »

Le terme « fer » est relativement impropre, car un hameçon est constitué d’acier, c’est-à-dire un alliage de fer et de carbone. On peut trouver différents aciers dont la différence se fera principalement en fonction de leur teneur en carbone. Plus elle sera élevée, plus on pourra obtenir des hameçons fins, légers, et durables.

2. Les forts de « fers »

La force du fer est liée à son diamètre. Il sera à choisir lors de vos séances de montage en fonction de deux paramètres : le type de mouches à monter, et la taille du fil que vous utiliserez en action de pêche. Pour le montage, plus vous chercherez à faire flotter vos mouches, et notamment en utilisant très peu de matériaux, plus vous chercherez des hameçons fins de fer (le TMC 103BL est le parfait exemple). Au contraire, dans le cadre de montages submersibles, on utilisera des fers plus forts afin que le poids du fer augmente la densité de l’imitation et puisse s’immerger rapidement. Pour ce qui est de la pêche, il vous faudra trouver un équilibre dans votre matériel. Une canne trop puissante avec un fil trop fort risquera de déformer un hameçon trop fin de fer. Au contraire, une canne douce avec un fil fin ne garantira pas une pénétration correcte au ferrage. À vous d’équilibrer correctement ces paramètres en fonction de la puissance des poissons ciblés et de l’environnement pêché !

Avec de petits hameçons bien choisis, les prises sont assurées ! ©TH
Crédit photo : Thomas Woelfle

3. Les tailles

Les tailles d’un hameçon sont dégressives, plus le numéro est grand, plus la taille est faible. De manière générale, ils sont numérotés en paire de deux en deux ; seules quelques références, comme le légendaire 103Bl de chez Tiemco, ont une numérotation impaire. L’industrie de la pêche n’a jamais établi de norme concernant les déclinaisons de tailles des hameçons, choix laissé à la discrétion des manufactures. C’est pour cette raison qu’il y a très souvent une différence de taille entre un H16 d’une marque et celui d’une autre, voire entre deux références de la même marque.

4. Les affûtages

Deux affûtages existent dans l’industrie des hameçons. L’affûtage mécanique et l’affûtage chimique. Par exemple, chez VMC, leader mondial en matière de fabrication d’hameçon, l’affûtage mécanique sera fait par « frottement » dans un bain de gaude de maïs. Les références ayant cet affûtage peuvent facilement être réaffûtées à la lime en action de pêche, ce qui n’est pas le cas de l’affûtage chimique. Ce dernier sera réalisé dans des bains d’acides qui durciront la pointe de l’hameçon et le rendront beaucoup plus résistant à long terme.

Mon choix d'hameçons

  • Hameçons hampe droite pour les petites sèches : TMC 103BL de 17 à 21
  • Hameçons hampe droite pour les sèches de tailles moyennes et les nymphes : JMC DR40BL de 12 à 18
  • Hameçons hampe courbe pour nymphes : Hanak 300BL du 12 au 16
  • Hameçons hampe courte pour boobies et streamers : TMC 2499 SPBL en 10 et 12
  • Hameçons hampe longue pour streamers : Ahrex NS105 en 6 et 8 et FW503 en 10 et 12

 

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