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La perche à la mouche en été

Lorsque l’on évoque la pêche des carnassiers à la mouche, le brochet puis le black arrivent clairement en tête de course. La perche, qui est à l’heure actuelle certainement le carnassier le plus commun sur notre réseau, passe au troisième plan très certainement à cause d’a priori très souvent erronés. La belle saison est pourtant un point de départ exceptionnel pour découvrir la pêche de ce poisson aussi beau que passionnant !

La perche est un poisson un peu à part pour les pêcheurs qui ne voient pas en elle une cible mais une espèce d’accompagnement. Elle vit aujourd’hui dans l’ombre de beaucoup d’autres carnassiers plus à la « mode ». Ses mensurations y sont très certainement pour beaucoup, car souvent c’est un carnassier que l’on ne cherche pas en priorité mais sur lequel on se rabat lorsque les prédateurs vedettes ne sont pas au rendez-vous… La pêche de la perche doit être abordée comme un véritable challenge technique. Sa stratégie d’approche est tout sauf le fruit de l’opportunisme ! La preuve : il est très rare de prendre des perches en pêchant le brochet. L’approche est spécifique d’autant plus que notre percidé et sa livrée exotique nous offrent une approche qui s’accorde parfaitement à la pêche au fouet.

Ce magnifique poisson de rivière était embusqué derrière une pile de pont.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Un prédateur infatigable

Ce percidé est un hyperactif infatigable qui ne tient jamais en place très longtemps, et qui a pour principale stratégie de quête alimentaire la technique de la poursuite. La perche n’attaque jamais seule ! Elle a cette particularité de ne pas aller vers l’économie d’énergie (à la différence du brochet, jouant sur l’affût), ce qui explique en partie le fait qu’elle batte beaucoup de terrain notamment dans une quête alimentaire quasi permanente. La vie en banc (parfois très dense) l’oblige à chercher des quantités suffisantes de nourriture pour subvenir aux besoins de sa communauté. Son comportement peut alors subitement changer suivant les occasions et la saisonnalité. Les cyprinidés de l’année maintenant vieux de quelques mois ont atteint la taille standard parfaite pour les belles zébrées. Elles ne lâcheront plus cette ressource et se focaliseront dessus durant plusieurs semaines. Sur certains grands plans d’eau, c’est à cette époque qu’il est possible d’observer de belles chasses de surface. Plus jeune, les chasses de perche étaient un rendez-vous annuel que je ne ratais jamais ! J’ai pris mes premières perches à la mouche il y a presque vingt ans, dans les innombrables bras du lac de Saint-Cassien dans le Var. La réussite repose sur la réactivité et la rapidité d’exécution. Le premier objectif étant de concentrer ses efforts pour trouver le poisson fourrage et d’arriver à le suivre. On peut assez bien anticiper leurs déplacements en observant la direction des chasses. Le plus souvent, les lancers sont inutiles voire déconseillés tant que rien n’a éclaté en surface. Les chasses les plus brèves sont souvent annonciatrices de gros poissons. Les lancers doivent s’exécuter puis les posés doivent s’effectuer de façon très délicate pour ne pas trop recouvrir les poissons évoluant dans la couche superficielle avec la soie. Le bas de ligne peut-être considérablement allongé (4 mètres environ). Durant la chasse, le groupe de perches est pris dans une euphorie telle que l’analyse d’un montage passe au second plan. Le plus compliqué n’est pas ici de faire mordre le poisson. Le streamer doit simplement être visible et disposer des bonnes proportions (généralement entre 5 et 7 centimètres). Privilégier l’argent, le bleu, le blanc, etc.

Une perche de bonne taille est aussi un vaillant combattant
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Certains jours, la pêche profonde prend le relais, sans pour autant envisager de balader un streamer dans quinze mètres d’eau, les soies plongeantes ouvrent de belles opportunités pour prolonger le plaisir. Les modèles de soie type S5 et S7 permettent de pêcher correctement dans la colonne puis de descendre jusqu’à près de 6 à 8 mètres. Place aux animations lentes et aux modèles planants animés par petits strips au-dessus du fond. Privilégier les structures, hauts fonds, les herbiers profonds. Comme pour la pêche aux leurres, l’utilisation d’un sondeur peut faciliter la localisation des perches. Durant ces périodes, les bancs sont plus sédentaires et occupent des postes récurrents. Les couleurs fluo, reflétant la lumière UV, sont des valeurs sûres pour prospecter les couches inférieures. La taille du streamer est à revoir à la hausse avec des modèles de 10 centimètres. L’intégration d’un petit rattle en verre stimulera les carnassiers en produisant des ondes à hautes fréquences. Ce petit détail peut faire de grandes différences, surtout dans les eaux sombres et mâchées des rivières en période de crue.

La perche est un infatigable poisson, sa recherche à la mouche est un vrai jeu de piste.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Pêches de surface

La fin du printemps sonne aussi le début de la période de reproduction de la perche. Cet événement influe bien évidemment sur l’activité alimentaire des poissons qui, durant quelques semaines, fonctionne en dents de scie. Bien qu’aucune fermeture spécifique ne concerne la perche, cette espèce mérite aussi du respect. À la fin du printemps, les femelles souvent pleines à craquer sont plus fragiles et méritent un minimum de délicatesse durant les manipulations, suivies d’une remise à l’eau rapide. Personnellement, c’est une période où j’évite de les solliciter. Cette étape achevée, on observe quelques pics frénétiques provoqués par la fraie de nombreuses espèces de cyprinidés. Ces rassemblements, le temps de quelques jours, sont une véritable aubaine pour débusquer quelques gros spécimens venus profiter de ces fortes densités de proies pour combler leur déficit énergétique suite à la fraie. Seule ombre au tableau : les brochets. Souvent en embuscade, ils viennent couper les montages… D’ailleurs, c’est assez récurrent lorsque l’on pêche spécifiquement la perche. L’arrivée de l’été s’accompagne d’une augmentation significative des eaux superficielles. L’impact sur le comportement des perches est inévitable avec un retour vers les profondeurs. En journée, les poissons ne sont quasiment plus à portée d’une canne à mouche et surtout beaucoup plus apathiques très certainement repus par l’abondance de nourriture. Mais tout ne s’arrête pas pour autant, car deux belles fenêtres s’ouvrent aux extrémités de la journée. Entre l’aube et le crépuscule, la pêche à la mouche prend tout son sens avec une traque exclusive en surface! Les perches étant des carnassiers lucifuges (fuyant la lumière), les lumières rasantes du soleil estival agissent sur leur comportement, et elles quittent leurs postes de repos pour venir chasser dans les eaux superficielles. C’est un véritable compte à rebours avec un temps d’action souvent très court où l’on joue avec les heures limites légales… Mais quel plaisir ! Les petits poppers animés rapidement à la surface déclenchent les beaux sujets qui arrivent lancés pour venir éclater la surface de façon parfois spectaculaire. Nous faisons face à des perches euphoriques très maladroites, qui doivent s’y reprendre à plusieurs fois pour s’emparer de l’imitation. Avec les hameçons simples, les décroches sont monnaie courante et le ferrage ne se fait qu’après une vraie prise de contact. En surface, les couleurs noires contrastent bien avec les nuances du ciel d’été et facilitent leur visualisation. Certains jours, lorsque le comportement des poissons ne suit pas ou après quelques ratés, le changement pour de la « subsurface » devient judicieux. Les poissons n’ont pas de postes de prédilection et bougent en permanence. Il ne faut pas hésiter non plus à prospecter la pleine eau, les cassures d’herbiers et les plages en pentes douces qui sont d’excellentes voies circulatoires. Les poissons bougent en permanence et suivent le même circuit presque quotidiennement.

Montage de streamers sur hameçon texan pour aller explorer les cassures d’herbiers.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

En rivière

Je pêche presque exclusivement en eau dormante, j’ai découvert assez récemment la pêche en rivière. La pêche y est quand même assez différente. Sur ce type de secteur où le courant est régulièrement plus soutenu, l’occupation spatiale des perches s’organise souvent près des bordures. Elle impose d’apprendre à jouer entre l’encombrement général des berges et du courant. Parfois d’aval vers amont, parfois en latéral, parfois ¾ aval, l’adaptation doit être permanente pour se retrouver dans des conditions d’approche optimales. Le mending est un geste à devoir maîtriser, puisqu’il permet de maîtriser le contact tout en facilitant la coulée du streamer vers le fond. Le courant central devient même un allié pour les débutants puisqu’il permet de compenser certaines approximations de précision. Personnellement en rivière, quelle que soit la taille et quelle que soit l’espèce ciblée, j’aime pêcher court en respectant la plupart du temps un rayon d’une dizaine de mètres seulement. Le choix du streamer est très important puisqu’il doit pouvoir pêcher vite afin d’arriver le plus rapidement possible dans la zone de vérité. Pour cela, un streamer monté en fibres synthétiques et lesté en tête possédera une excellente qualité de pénétration dans l’eau. Le poids vers l’avant et les fibres synthétiques favorisent une descente rapide.

Une seconde soie plongeante vous permettra de débusquer quelques perches plus en profondeur.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Texan

Les hameçons texans à la base utilisés pour la pêche au leurre sont de plus détournés par les monteurs de streamers. Leur utilisation prend tout son sens sur les pêches en milieux encombrés. Lorsque les perches d’humeur feignante occupent le cœur des structures ou des herbiers, les montages texans deviennent redoutables.

Saumâtre

Un autre secteur bien souvent délaissé et pourtant localement intéressant se situe au niveau des eaux estuariennes amont. Beaucoup de monde sous-estime la présence de prédateurs d’eau douce comme la perche, qui s’accommode bien aux eaux saumâtres et n’hésite pas à côtoyer le bar et le mulet pour profiter du poisson fourrage qui abonde. Le domaine public maritime remonte parfois assez loin dans les terres, ouvrant ainsi légalement des secteurs de pêche très proches de ce que l’on retrouve en seconde catégorie. Lorsque tout est fermé… Pensez-y!

S'équiper

•1 canne de neuf pieds soie de 8
•Un moulinet large arbor avec Backing en 20 lbs et une soie flottante WF 8+1 bobine supplémentaire soie plongeante.
•Bas de ligne en direct de 2,5 mètres à 4 mètres en fluoro en 26/100.
•Choix des streamers : taille comprise entre 5 et 10 cm, montés sur des hameçons de 6 à 2/0 dans différents coloris.
•Un panier de lancer.

 

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