Chaque année, pour nous, le besoin de reprendre rapidement des sensations prend le pas sur celui de prendre une grosse truite. C’est alors, en torrent de montagne, que nous irons dépoussiérer nos waders, au placard depuis la dernière fermeture. Même après de fortes crues automnales, il y a de grandes chances cette année que les niveaux restent bas et que l’eau soit claire à l’ouverture. Il faudra alors soigner nos approches pour espérer leurrer nos truites fario alpines. Pour cela, nous pêcherons très amont en évoluant lentement sur les abords directs du cours d’eau. Nous éviterons de monter trop haut au-dessus de la surface, sous peine d’effrayer tous les poissons du coin. En effet, ces derniers font preuve d’une méfiance accrue lorsqu’ils se retrouvent dans peu d’eau… En torrent, les poissons peuvent se nourrir à intensité variable tout au long de la journée, et ce, malgré les faibles températures. Ils « ont l’habitude » des rudes conditions imposées par ce type de milieux et doivent, dans tous les cas, se refaire une santé après une période de fraie éprouvante. Ce jour-là, même si on sait pertinemment que l’activité sera maximale entre 11 h et 14 h, nous serons dès 8 h au bord de l’eau. On aura alors de grandes chances d’être les premiers sur le parcours. Ce point est à prendre en compte, car sur ces petits cours d’eau clairs et peu profonds, passer derrière un moucheur peut réduire considérablement les chances de réussite.
Crédit photo : Bernard Galliano
Les postes à privilégier
En mars, nos partenaires de jeu doivent emmagasiner un maximum de calories tout en réduisant leurs dépenses. Ils ne se saisiront que des proies dérivant lentement dans la couche d’eau. Dans un premier temps, nous nous concentrerons alors sur les zones calmes avec peu de courant, notamment les bordures qui se réchauffent rapidement. Ici, quelques degrés de plus suffisent pour mettre les poissons en activité. Ces postes lents et peu profonds offrent à nos zébrées une nourriture facile à repérer et à saisir. Dans ces eaux particulièrement froides de début de saison, c’est évidemment dans la couche d’eau que nous déclencherons les premières touches. On pratiquera une pêche en nymphe au fil en veillant, dans un premier temps, à ce que nos artificielles dérivent le plus lentement possible proches du fond, là où la force du courant est quasi-nulle. Pour cela, les montages jigs seront les plus appropriés. Ils seront équipés de collerettes en perdrix ou cul de canard qui ralentiront au maximum les dérives. Quant aux tailles et coloris, ils varieront en fonction des insectes présents à l’instant T. Ces derniers sont généralement peu nombreux à l’ouverture. J’aime alors utiliser des nymphes avec des tags orange, rouge ou rose, placés à l’arrière ou en tête, qui ont ici un rôle plus incitatif qu’imitatif.
Crédit photo : Bernard Galliano
Côté matériel
On utilisera deux nymphes espacées d’une cinquantaine de centimètres sur les postes les plus longs au courant régulier. Le jig restera en pointe et sera surplombé par une nymphe sur hameçon droit en potence. Sur les petits postes courts, une seule nymphe percera mieux la couche d’eau et atteindra plus rapidement la zone où les poissons se nourrissent. Cette pêche spécifique de début de saison force l’utilisation d’un matériel adapté. C’est donc avec des cannes de 10,6 pieds pour soie de 2/3 que nous débuterons la partie de pêche. Outre leur longueur idéale permettant aux nymphes de dériver proprement à l’aplomb du scion d’un point A à un point B, elle leur permet aussi de rester le plus longtemps possible à la profondeur souhaitée sans draguer. Nous placerons un indicateur fluo bicolore en 14 centièmes d’une cinquantaine de centimètres suivi d’une pointe en fluorocarbone en 12 centièmes.
L'ouverture de nos journalistes
- Jean-Baptiste Vidal : chercher la tranquilité
- Thierry Millot : objectif arc-en-ciel
- Bernard Galliano : en montagne, en nymphe au fil
- Didier Magnan : au streamer, puis en sèche (à venir)
- Herlé Hamon : au streamer en attendant les gobages