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Ouverture truite : savoir anticiper pour réussir !

Crédit photo Eric Hamon
Le compte à rebours est lancé, les waders commencent à démanger, la dernière ligne droite est engagée ! Malgré tout, attention à ne pas trop se précipiter ! Les journées précédant l’ouverture peuvent conditionner sa réussite, tant la préparation peut être déterminante dans les conditions saisonnières de la mi-mars. Les phases d’activité sont généralement très courtes, il serait dommage de les rater par manque de préparation en amont.

Nous vous proposons ici quelques pistes qui vous permettront d’optimiser cette journée tant attendue. À vos marques, prêt !

Le choix de sa rivière

S’il y a un moment dans la saison où le choix de la rivière à une importance capitale, c’est bel et bien celui de l’ouverture ! Deux choix principaux s’offrent à nous : soit les rivières de plaine, soit les cours d’eau d’altitude. Même si des cours d’eau de moyenne montagne peuvent offrir une belle surprise, ils seront bien souvent plus capricieux en début de saison, notamment ceux coulant sur des sols granitiques. Dans les deux cas, si possible, on choisira des rivières dites « précoces ». Ce sont généralement des rivières avec de faibles variations de température d’eau durant la saison, telles que les résurgences, ou les rivières prenant leur source à partir d’un glacier. Les poissons y sont habitués à une température donnée, ce qui les conditionne à se nourrir. Si vous souhaitez ouvrir le bal en plaine, contrôlez la météo et les débits les jours précédents. Assurez-vous que la rivière soit bien stable et qu’il n’y ait pas une forte chute des températures extérieures qui contribuerait à faire tomber celle de l’eau et donc à stopper les éclosions et l’activité du poisson. Si les conditions sont bonnes, vous pourrez enregistrer des touches régulièrement avec différentes techniques, et même espérer une activité en surface aux heures chaudes sur des baetis et autres march brown ! Si votre choix se porte sur les rivières de glacier, contrôlez également la météo et les débits les jours précédents. Si les températures restent basses au cours de la journée, et les débits stables, vous ne risquez pas trop de vous tromper. Il y aura peu de fonte de neige qui occasionne deux phénomènes distincts et catastrophiques pour la pêche : la baisse de l’oxygène dissous et une augmentation rapide du taux de salinité de l’eau (due au ruissellement sur les routes salées l’hiver). Si ces deux facteurs varient rapidement (en l’espace de quelques heures), ils ont la fâcheuse tendance à clouer systématiquement le bec des salmonidés !

Les coulées calmes et les faibles pentes auront les faveurs des poissons à cette saison.
Crédit photo : Eric Hamon

Choix des postes et des techniques

Quelle que soit la rivière, rappelons-nous que les truites sortent de leur léthargie hivernale pour reprendre progressivement une activité alimentaire. Les poissons étant des animaux à sang froid, ils vont se concentrer dans les postes où ils dépenseront le moins d’énergie possible pour se nourrir. De ce fait, la différence entre calories emmagasinées et calories dépensées sera positive et donc le poisson sera actif. Si, au contraire, ils dépensent plus d’énergie qu’ils n’en gagnent à s’alimenter, ils se mettront en léthargie pour survivre. Partant de ce constat, on pourra conditionner notre pêche par deux approches. D’une part le choix du poste. On privilégiera les zones où la vitesse du courant est la plus modérée, soit par une profondeur plus importante, soit par une pente plus faible. D’autre part, on essayera de pratiquer une technique où la vitesse de dérive sera extrêmement lente, afin de ne pas avoir des mouches se déplaçant trop vite. L’inverse engagerait une dépense d’énergie trop importante pour la truite, et serait donc parfaitement inapproprié !

L’auteur vous conseille de bien anticiper afin, comme lui, de réussir le jour J.
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Quel matériel choisir ?

Pour faire très simple, je vais décrire exactement les combos qui m’accompagneront lors de cette journée.

Plan A. Comme à mon habitude, je vais pêcher normalement, si les conditions désignées plus haut le permettent, une rivière de plaine assez large et à pente faible. Je vais passer une bonne partie de la journée à pêcher des veines lentes et assez creuses, en nymphe, et de ce fait, j’utiliserai une canne typée pêche en nymphe au fil, de 11’ et assez puissante, car il y a de fortes probabilités qu’il faille pêcher lourd, donc sa puissance idéale sera de 3/4. Au plus chaud de la journée, je me rapprocherai des zones hauts-fonds en anticipant une phase d’activité estimée autour de 13h, afin de cibler des poissons actifs. Pour cela, je pratiquerai une pêche de prospection type noyée aval, afin de couvrir rapidement du terrain, tout en gardant ma concentration à l’observation de la surface de l’eau afin de repérer quelques gobages. J’utiliserai une canne de 10’ pour soie de 5, équipée d’une soie à pointe intermédiaire ou S3. Dès les premiers gobages repérés, je changerai juste de soie sur ma 10’ soie 5 pour passer en sèche. Cette phase passée, je reviendrai à une pêche plus lente et plus précise avec le premier ensemble, en ciblant à nouveau les zones de repos.

Plan B. Si les conditions en plaine sont mauvaises ou trop variables, je me rabattrai sur une tête de bassin haute en altitude. Pour ce genre de rivières, je partirai plus léger qu’en plaine avec un seul ensemble très polyvalent qui permettra de passer rapidement d’une technique à une autre en modifiant juste mon bas de ligne. Une 10’ ou 10’6 soie 3/4 fera parfaitement l’affaire ! Afin d’être efficace, il n’est pas nécessaire que le bas de ligne soit compliqué. Une queue-de-rat sera, par excellence, très polyvalente et modulable à souhait. 

Il suffira de raccorder à la queue-de-rat, par l’intermédiaire du « micro-ring », un des montages suivants, préparés la veille à la maison.

Faire une check-list

Afin de ne rien laisser dans un placard ou au garage, il est très simple d’avoir les jours précédant la date fatidique, un petit carnet afin de noter toutes les idées « matériel » vous passant en tête, et de contrôler votre sac avant de le glisser dans votre coffre. Voici une check-list non exhaustive à compléter selon vos choix personnels : Gilet, Casquette, Lunettes, Veste de pluie, Waders, Chaussures de wading, Canne nymphe, Canne polyvalente, Moulinet nymphe, Moulinet sèche, Moulinet noyée, Bas de ligne, Fils Nylon 10/12/14/16, Fil fluoro 10/12/14/16, Fil bicolore 18, Micro-ring, Graisse, Dégraissant, Graisse de couleur, Coupe-fil, Pince ardillon, Colle rapide, Colle waders, Aiguilles, Fil à ligature, Ciseaux, Couteau...

Vérifiez ses boîtes de mouches avant l’ouverture évite les déconvenues
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Contrôle des fils

Nylon ou fluorocarbone, il est très important de contrôler ses fils après une longue période au placard. Sur les diamètres les plus fins, sacrifiez 1 ou 2 m de fil en faisant quelques tests. Généralement, vous n’aurez pas beaucoup de surprises en testant la solidité même du fil, mais le risque se posera sur les nœuds. Faites donc plusieurs essais avec vos nœuds préférés, tant au niveau du raccordement de la mouche que sur les jonctions entre deux brins de fil. Vous pouvez aussi profiter d’être à la maison pour tester de nouveaux nœuds à tête reposée. Nombre d’entre eux sont expliqués en vidéo sur notre page YouTube ! Le meilleur des nœuds n’est pas forcément le plus résistant sur le papier, mais celui qui vous réussit le mieux !

En rivière de haute montagne, les bordures sont de très bons postes de repos. L’expert Jean Oulion en action !
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Faire le plein de consommable (graisses…)

On se retrouve trop souvent au milieu de la rivière à vouloir graisser son fil, en se retrouvant en panne sèche ! Vérifiez donc bien tout votre petit matériel nécessaire à la réussite de vos sorties. Il serait dommage de se rendre compte le jour J que nous sommes à court de graisse ou de tout autre produit indispensable, ce qui nous gâcherait une belle journée !

Entretien des moulinets

Sans être un as de la mécanique, il est très simple d’entretenir un moulinet mouche, quel qu’il soit, juste avec un spray lubrifiant et un Coton-Tige ! Ne cherchez pas à désosser complètement votre moulinet jusqu’au plus petit de ses roulements. Ôtez juste la bobine, pulvérisez le lubrifiant sur les différentes pièces et supprimez l’excès de produit avec le Coton-Tige. Reproduisez l’opération jusqu’à ce que l’état soit convenable. Si quelques petits morceaux de fil restent coincés dans les engrenages, saisissez une extrémité à la pince, et faites tourner les engrenages à la main. 99 % du temps vous vous en débarrasserez sans être obligé de les démonter. En dernier recours, notamment dans le cas d’un moulinet un peu complexe, n’hésitez pas, quelques semaines avant l’ouverture, à le faire entretenir par un professionnel. Il fera une révision complète, beaucoup plus détaillée, et vous n’aurez plus de mauvaises surprises une fois au bord de l’eau.

Si les conditions en plaine sont mauvaises ou trop variables, vous devrez miser sur une tête de bassin haute en altitude
Crédit photo : Grégoire Juglaret

Nettoyage des soies

Même s’il est préférable d’entretenir une soie avant de la stocker pour une longue période, il ne lui fera pas de mal d’être un peu bichonnée avant de reprendre du service. Pour cela, exit tous les produits agressifs comme les liquides vaisselle et autres savons. Une lingette en microfibre, de l’eau tiède, et le tour est joué ! Sortez l’ensemble de votre soie, nettoyez-la à l’aide de la lingette humide, puis une fois bien nettoyée, retendez-la en l’étirant à l’aide de la même lingette ! Attention, une soie flottante synthétique est auto-flottante, c’est-à-dire que c’est sa faible densité qui lui permet de flotter, et non le fait qu’elle soit imprégnée de graisse comme le sont les soies naturelles. De ce fait, ne les graissez jamais ! Ce serait contreproductif, car la graisse fixerait toutes les impuretés sur votre soie, ce qui la ferait à terme… couler !

Une pré-ouverture

Une idée de petite sortie détente avant l’ouverture, qui vous permettra de peaufiner votre préparation du jour J, est de faire une pré ouverture, non pas en réservoir, mais en rivière… Les pêcheurs pyrénéens, frontaliers avec l’Espagne, connaissent bien le système des parcours dit « intensifs » de l’autre côté de la frontière. Ces secteurs de rivières, correspondant à de la seconde catégorie chez nous, sont généralement dégradés et dépeuplés de poissons de souche. Ils sont alors entretenus et mis en no-kill puis fortement empoissonnés en truites issues de pisciculture, pour permettre aux pêcheurs à la mouche de continuer à pratiquer en dehors de la saison d’ouverture, sans passer par la formule pêche en réservoir. Ce système tend à se démocratiser dans certains départements français, sur des parcours de seconde catégorie, et permet une petite sortie rivière hors saison, sans impacter les poissons sauvages tout juste sortis des frayères. Vous trouverez en annexe une petite liste non exhaustive de parcours de ce type dans plusieurs régions. Avec tous ces petits conseils, nous vous souhaitons que votre ouverture se passe dans les meilleures conditions, et avec des résultats optimisés ! Bonne saison à tous !

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