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Pablo Castro Pinos, el Bombero !

Cette saison, j'ai eu la chance de découvrir le Leon, en Espagne, et cela avec un maître de la pêche à la mouche, Pablo Castro Pinos ! Le Leon, c'est tout d'abord des milliers de kilomètres de rivière de première catégorie avec une majorité de parcours en No-Kill ! Un paradis, donc, pour le moucheur, dont le roi est sans conteste Pablo. Il connaît la plupart de ces cours d'eau comme le fond de sa poche et pêche plus de trois cents jours par an.

Avec pas moins de vingt-trois médailles nationales et internationales et quatorze participations aux championnats du monde, Pablo est simplement une légende vivante de notre sport ! Il est hyperactif, en pleine forme physique, et constamment en mouvement comme je vais le voir en essayant tant bien que mal de le suivre au fil des rivières ! Cette année, Pablo a monté une école de pêche avec un camarade du Leon, Juan, et son ami de toujours en équipe d’Espagne, David Garcia Ferreras. Malgré son immense expérience et ses nombreux titres, l’homme n’en reste pas moins très accessible et humble. Interview d’un des plus grands champions de pêche à la mouche encore en activité.

Comment, où, et à quel âge avez-vous commencé la pêche à la mouche ?

Pablo Castro Pinos : J’ai commencé à pêcher à la mouche quand j’avais 16 ans seulement, dans ma chère rivière Orbigo, parce que je voyais beaucoup de gens pêcher au fouet dans la rivière alors que moi je ne pêchais qu’en spinning… La technique de la pêche à la mouche avait l’air très agréable et je regardais voler les soies tandis que les petites imitations d’insectes se posaient sur l’eau. J’ai donc décidé d’essayer et, dès le premier jour, j’ai été étonné et conquis ! J’avais seize ans alors, et je n’ai jamais arrêté depuis.

Pablo a été le premier à commencer à pêcher au fil à « l’Espagnol » dans le monde.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quand et pourquoi avez-vous commencé la compétition ?

J’ai commencé la compétition entre les années 1995 et 1996. À l’époque, j’arrivais du Pays basque où je pratiquais l’aviron. J’ai été plusieurs fois vice-champion d’Espagne dans cette discipline et, sans le savoir encore, j’étais un compétiteur né ! J’adorais donc la compétition et quand je suis arrivé à León (la plus grande ville de la région du même nom), j’ai immédiatement rejoint un club de pêche à la mouche. J’ai commencé à concourir et, bien sûr, les résultats étaient très mauvais, horribles même ! Je n’avais vraiment pas le niveau pour rivaliser, mais comme je suis très têtu, j’ai continué. La pêche est alors devenue presque un sport semi-professionnel pour moi dans ma façon de l’appréhender. Je me suis mis à m’entraîner beaucoup et à progresser petit à petit. Finalement, les résultats ont commencé à arriver.

Le champion est aux prises avec une très belle truite.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quels sont votre palmarès et votre évolution en compétition ?

Ma carrière en compétition a vraiment débuté par les championnats provinciaux. En effet, en Espagne, avant de pouvoir passer au haut niveau national, il faut d’abord participer et gagner le championnat local, puis le championnat provincial, ensuite faire un bon résultat dans le championnat régional, et enfin accéder au championnat national ! Puis, il faut finir dans les premiers au niveau national pour pouvoir être sélectionné dans l’équipe faisant le championnat du monde. Je suis passé par toutes les sélections qui venaient à moi et je suis enfin arrivé en équipe nationale. Depuis, j’ai participé à 14 championnats du monde et obtenu 23 médailles avec l’équipe nationale, dont quatre fois le bronze en individuel, une fois champion d’Europe et une fois vice-champion, etc… Ces compétitions sont devenues mon territoire, mon jardin, comme toutes les compétitions au niveau national d’ailleurs. Au niveau de mon évolution dans la compétition, j’ai toujours été une personne « très agitée » et j’ai toujours cherché à développer des techniques très innovantes comme la pêche au fil dite à « l’espagnole », mais aussi la pêche avec des « Perdigones ». Cela m’a donné un certain avantage à une époque. Mais finalement, tout le monde apprend et la plupart des compétiteurs se sont mis à pêcher comme ça. Cela fait qu’aujourd’hui, le niveau général de l’équipe nationale espagnole, et du championnat d’Espagne en particulier, est vraiment très élevé.

Pablo est dans une forme physique incroyable et ne laisse aucune chance aux poissons, même aux gros. Il profite de la surprise du ferrage pour fondre sur les truites et les mettre immédiatement à l’épuisette. Cela ne fonctionne pas toujours, mais je l’ai vu prendre plusieurs beaux poissons en quelques secondes seulement.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quel est votre surnom en équipe d’Espagne et pourquoi ? 

Le surnom sous lequel tout le monde dans la compétition me connaît est : « El Bombero », « Le Pompier », tout simplement parce que je suis pompier de profession !

Quel est votre meilleur et votre pire souvenir en compétition ? 

Mon meilleur et pire souvenir dans la compétition ? Eh bien, je vais commencer par le meilleur ! C’est sans aucun doute quand nous avons été champions du monde par équipe pour la première fois avec l’Espagne en Bosnie. Il y a aussi le souvenir de mon titre de champion d’Europe individuel en Slovaquie. Pour le pire, c’est sûrement quand j’allais finir médaille d’or au championnat du monde en Italie au lac de Braies. Lors de la dernière manche, je n’ai pas pu faire une seule prise, pas un poisson ! Et j’ai fini quatrième, au pied du podium. C’est vraiment mon pire souvenir car, avec un poisson, je gagnais ce championnat, mais je peux aussi dire que j’en suis finalement sorti plus fort.

Pablo est un fervent défenseur du « No-Kill » et de ses vertus. Dans le Leon, les populations de truites ont été multipliées parfois par cinq sur certaines rivières en moins de dix ans de mise en « No-Kill ». Un exemple qu’il faudrait vraiment suivre chez nous !
Crédit photo : Herlé Hamon

 

Et hors compétition ? 

Mon meilleur souvenir, c’est une truite qui m’a marqué. J’étais en train de tourner une vidéo pour la chaîne de chasse et pêche en Espagne. Après une matinée entière sans rien voir, j’ai réussi à attraper à vue une truite d’environ 80 cm avec une toute petite nymphe hameçon de 20 ! C’est un souvenir absolument indélébile après cette matinée entière passée avec une caméra braquée sur moi et la pression que cela vous met ! J’étais vraiment content de ce coup de ligne et pouvais souffler un peu ! Et le pire souvenir… C’est difficile car, en pêche hors compétition ou de loisir, je n’ai pas de mauvais souvenir. Simplement, il y a des jours difficiles où il faut parfois crapahuter beaucoup et se battre pour, enfin, piquer une belle truite qui finit par se décrocher ou nous casser. Mais sincèrement, pour moi, ce ne sont pas de mauvais souvenirs, c’est simplement une expérience de plus à la pêche !

Sa technique de pêche préférée est sans aucun doute la pêche en mouche sèche car elle est beaucoup plus technique qu’il n’y paraît.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quelle est votre technique de pêche préférée et pourquoi ? 

Malgré le fait d’avoir été le premier à commencer à pêcher au fil à « l’Espagnol » dans le monde, ma technique de pêche préférée est sans aucun doute la pêche en mouche sèche car c’est beaucoup plus technique qu’il n’y paraît. C’est très compliqué de réaliser des dérives parfaites. Dernièrement, j’ai adoré m’entraîner à ce que j’appelle « la pêche du premier coup », où j’essaye d’attraper le poisson au premier lancer, cela donne une satisfaction incroyable lorsqu’on y arrive ! Bien sûr, lorsque je pêche en sèche, j’aime utiliser du fil très fin 7X, 8X, 9X, c’est-à-dire du 10 au 7/100 environ. Non pas parce que cela est toujours nécessaire pour attraper plus de poissons, mais plutôt pour le défi personnel de leurrer une belle truite sans avoir le droit à l’erreur. C’est ça qui me procure le plus de satisfaction.

Une grosse oreille de lièvre CDC avec un toupet en Glow Brite orange que Pablo utilise pour pêcher l’eau, les postes et les bordures en l’absence de gobage.
Crédit photo : Herlé Hamon

Avez-vous une ou deux mouches fétiches qu’il est possible de présenter aux lecteurs ? 

Quand on me demande mes mouches préférées, je dis toujours la même chose : pour les mouches sèches, il s’agit d’une simple oreille de lièvre CDC que j’ai inventée. Je la monte aussi bien en grande qu’en petite taille d’hameçon de 12 à 22, et l’utilise autant sur les poissons que l’on voit gober à la surface que pour pêcher l’eau quand il n’y a pas d’activité. J’ai été le premier, je pense, à ajouter un brin de « Glow Brite » orange entre les ailes que je monte en V. Cela permet de voir la mouche dans toutes les situations. En nymphe, ma mouche préférée est aussi un classique et ce n’est autre qu’une « Pheasant Tail » casquée. Année après année, ce modèle continue de me montrer qu’il est irremplaçable et cela, comme je l’ai dit, malgré le fait d’avoir été le premier au monde à pêcher avec des « Perdigones ». La « Pheasant tail » est toujours ma nymphe favorite. 

Une petite olive CDC montée toujours avec des ailes en V et qui s'avère très efficace lors des éclosions de petites éphémères.
Crédit photo : Herlé Hamon

Quel est votre coin de pêche préféré en Espagne et à l’étranger ? 

Mon lieu de pêche préféré en Espagne est sans aucun doute ma rivière bien aimée : l’Orbigo, et plus particulièrement les parcours autour de ma ville natale Villoria de Órbigo. C’est simplement MA rivière, la rivière qui m’a vu naître en tant que personne et en tant que pêcheur. En plus, j’y ai pêché de très grosses truites ! En été, cela devient un authentique art d’y pêcher la truite et donc un parfait entraînement pour moi. À l’étranger, loin de ma terre d’Espagne, l’endroit qui m’a le plus marqué et que j’ai vraiment aimé c’est la Green River dans l’Utah. Une rivière incroyable, pleine de poissons, de truites fario et d’arc-en-ciel. Un vrai paradis sur Terre pour moucheurs !

Quel voyage rêvez-vous de faire, ou quel poisson de capturer ? 

Mon voyage de rêve est, sans aucun doute, celui que veulent faire tous les pêcheurs de truite au monde, je pense, c’est-à-dire pêcher en Nouvelle-Zélande ! Mais bon, cette destination est malheureusement très loin pour nous ! Le poisson que j’aimerais le plus pêcher pour son combat, pour sa beauté et aussi pour sa taille, ce serait le tarpon…

Avec pas moins de vingt-trois médailles nationales et internationales et quatorze participations aux championnats du monde, Pablo est simplement une légende vivante de notre sport !
Crédit photo : Herlé Hamon

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ? 

Que peut-on me souhaiter pour l’avenir ? Eh bien, que je puisse continuer la pêche à la truite qui me donne tant de satisfaction. Je pense malheureusement que beaucoup de rivières auront des problèmes dans le futur à cause de ce foutu réchauffement climatique ! On voit déjà que les eaux des rivières se réchauffent et les salmonidés souffrent. Donc, je ne demande rien de plus qu’une pêche durable qui ne peut être faite que « Sin Muerte », « sans tuer » les poissons, et que tous comprennent que les truites sont nos partenaires dans ce sport et qu’il faut donc les préserver et surtout ne pas les tuer !

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