Les prix des moteurs électriques s’étalent de 170 à plus de 4000€, en fonction des performances et des fonctionnalités. Il y en a donc pour tous les budgets, mais aussi pour tous les besoins. Ceux-ci dépendent bien sûr du bateau, le critère le plus simple à gérer puisque ça se résume à une histoire de puissance ou plutôt de poussée exprimée en livres. Plus le bateau est lourd plus la poussée doit être importante. En réalité, c’est surtout le type d’utilisation qui est déterminant : modes de pêche, type de déplacements (auxiliaire ou moteur principal) et types de plans d’eau fréquentés (eau douce, mer, vent, courant).
La fameuse poussée
La force de poussée constante qu’un moteur applique au bateau est exprimée en livres (lbs). Pour un moteur situé à l’avant on devrait plutôt parler de traction mais ça revient au même. De quelle poussée avez-vous besoin ? Il y a la théorie et la pratique. Minn Kota donne la règle théorique suivante pour calculer la poussée minimale en fonction du poids de l’embarcation (avec passagers, matériel) : 2 livres de poussée pour 100 livres (45,4kg) de bateau, soit environ 0,45lbs de poussée pour 10kg (voir tableau).
Poids du bateau | Poussée du moteur |
670 kg | 30 lbs |
900 - 1000 kg | 40 - 45 lbs |
1100 - 1200 kg | 50 - 55 lbs |
1500 kg | 70 lbs |
1750 kg | 80 lbs |
2200 -2500 kg | 100 - 110 lbs |
Mais cet ordre d’idée ne tient pas compte des conditions d’utilisation, même si ça peut convenir pour une utilisation minimaliste (une barque sur un petit étang, par exemple). Dans la pratique, et pour une utilisation basique (action de pêche et petits déplacements), il convient à mon avis de réserver les moteurs de 30lbs aux embarcations légères (float-tube, kayak, barques jusqu’à 3m) et de décaler tout le tableau d’au moins un rang : 40-45lbs pour 670kg, 50-55lbs pour 900-1000kg et ainsi de suite.
Reste les cas exigeants tels que courant soutenu, zones très venteuses ou navigation uniquement à l’électrique. Courant et vent augmentent beaucoup le besoin de puissance, le risque étant réel de ne plus avancer du tout. Les grandes distances augmentent le besoin d’autonomie. Or, à effort égal, un 110 lbs qui fonctionne en 36V consomme moins qu’un 80 lbs en 24V, qui lui-même consomme moins qu’un 55lbs en 12V. Si vous êtes dans un de ces cas (vent, courant, 100% électrique avec longues distances), sauf à faire très attention et à ne pas sortir les jours ventés, vous devez envisager l’achat d’un 80lbs pour un bateau de 4 à 5m et d’un 110lbs pour 5m ou plus. Avec les batteries au lithium, monter un 24 ou 36 V sur un petit bateau n’est plus un problème (en dehors du prix) puisqu’on peut n’utiliser qu’une seule batterie au bon voltage au lieu de devoir coupler deux ou trois batteries au plomb de 12 V. Plus le voltage est élevé plus le moteur est économe à vitesse égale, étant entendu qu’utiliser à fond un 36 V consommera plus puisque plus puissant, mais ira aussi plus vite. D’une manière générale, le moteur doit être dimensionné pour qu’on n’ait pas l’obligation de l’utiliser à fond, sauf évidemment besoin impératif ou sur de courtes distances, car alors la consommation explose. D’où l’intérêt d’éviter les puissances minimales.
Avant ou arrière
Autre critère important en matière de consommation : le variateur de vitesse. Il peut être à rhéostat (plusieurs vitesses en marche avant et en marche arrière) ou électronique (modulateur de largeur d’impulsion). Le second est nettement plus économe, en plus de permettre un réglage très fin de la vitesse appréciable en action de pêche. En simplifiant à l’extrême, les moteurs arrière sont surtout utiles en déplacement mais peu pratiques en action de pêche (hors traîne ou backtrolling), ne serait-ce que parce qu’ils obligent à un contrôle constant de la main. Mais ils sont peu chers et légers, facilement démontables. Si vous pêchez moteur arrêté (ancré ou en dérive), ils conviennent. Les moteurs avant sont conçus pour une utilisation en action de pêche. Il est plus facile de contrôler un bateau tiré plutôt que poussé car il ne cherche pas à tourner en cas de vent de face. De plus ces moteurs ont une commande au pied ou une télécommande qui permet de garder les mains libres pour pêcher. Revers de la médaille, ils sont lourds, plus chers et se révèlent en général assez peu pratiques à démonter. Commande de direction par câble ou électrique (servo-moteur), c’est affaire de goût et de style de pêche. La commande par câble est plus réactive, consomme moins et laisse les deux mains libres : c’est l’idéal pour longer la berge en lançant sans relâche. Mais elle est assez fatigante car on est en permanence en appui sur une seule jambe.
La télécommande
La direction électrique est moins réactive mais permet d’utiliser une télécommande (qui mobilise fréquemment une main) et une gestion de cap automatique par GPS (autopilote) : parfait pour les dérives rectilignes et l’ancrage électronique. Enfin, nec plus ultra, les moteurs haut de gamme combinant les deux systèmes: pédale à câble plus télécommande. C’est l’idéal mais, évidemment, ces moteurs coûtent très cher !
Mer et eau douce
À noter que la plupart des moteurs existent en version eau douce ou salée. Un modèle marinisé peut être utilisé en eau douce, mais l’inverse n’est pas vrai. Il existe également, pour certains modèles avant, différentes longueurs d’arbre disponibles pour tenir compte de la hauteur de la proue. Pour la mer ou les grands lacs ventés, il faut compter large car, s’il y a des vagues, le moteur risque de sortir de l’eau ou caviter quand le bateau se cabre