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Clément Mazouffre, une passion de facteur

Crédit photo Nicolas Bensussan
Sa réputation dépasse déjà les frontières de son Limousin. Clément Mazouffre s’est en effet lancé avec talent, il y a quelques années, dans la fabrication de cannes. Responsable d’un rayon pêche Decathlon, président d’une AAPPMA, il cumule ces casquettes pour vivre sa passion à 100%.

J ’aurais pu rencontrer Clément Mazouffre dans un laboratoire. Ce jeune homme de 34 ans est en effet titulaire d’un doctorat de recherche en cancérologie, mais doté d’un esprit à l’humeur un peu vagabonde… « Avec un collègue, on ne faisait que parler pêche, se souvient Clément. En outre, l’ambiance ne me plaisait pas…» Clément tape alors à la porte chez Decathlon. Le salaire n’est pas le même, loin de là, mais il y évolue vite. Entré en tant que simple vendeur, le voilà aujourd’hui référent et leader des rayons pêche des deux magasins de Limoges. Il pilote les équipes, forme les vendeurs, choisit les produits, analyse le marché local pour proposer la meilleure offre.

Depuis 6 ans, Clément travaille chez Decathlon. Il est aujourd’hui leader pêche des deux magasins de la région de Limoges. Référent, il forme aussi les vendeurs pour les autres magasins.
Crédit photo : Nicolas Bensussan

Cycliste et fan de Kiss

Mais c’est dans son sous-sol, son nouveau labo, que Clément passe peut-être le plus de temps. Chaque objet y évoque ses différentes passions, bandes dessinées notamment ainsi que deux guitares, dont une relique ayant appartenu au groupe Kiss. De son passé de cycliste d’un bon niveau régional, des maillots et des gourdes bien alignés. Sur des cintres, une collection de vêtements de chasse et de pêche. Dans une vitrine trônent des moulinets mouche, spinning, casting. Et un peu partout, du sol au plafond, des cannes qu’il a lui-même confectionnées. Sa toute première création date de ses cinq ans, conçue à partir du scion d’une longue canne en bambou de son père et flanquée d’un petit moulinet en alu. C’est avec elle qu’il prend ses premières truites sur la Maulde, un affluent de la Vienne. Il traîne alors souvent dans l’arrière-boutique de Jacky Boileau, à Limoges, facteur de cannes renommé disparu en 2013.

L’atelier de Clément, avec différents espaces pour chaque passion. Clément a construit lui-même son établi. C’est d’ici que vont sortir toutes ses créations. 
Crédit photo : Nicolas Bensussan

Du bon et du mauvais

« Il a été ma référence, glisse Clément. Ensuite, comme en laboratoire, j’ai fait des dizaines de tests pour valider mes essais. J’ai très peu regardé Internet où il y a du bon et du mauvais !» Mais si Clément s’est lancé dans la fabrication de cannes, c’est aussi parce que le marché, esthétiquement et qualitativement, ne répondait pas à ses attentes. En fait, il élabore sa véritable première canne il y a une douzaine d’années, mais le résultat ne lui plaît pas. La seconde est la bonne : une canne à mouche de 10 pieds, surnommée Violine en référence à la couleur violet qu’il affectionne. Beaucoup de ses cannes portent un surnom : Rêverie à Vassi fait référence au lac de Vassivière tout proche, l’un de ses terrains de jeu favoris. Super papa est un cadeau pour son père qui lui a transmis le virus de la pêche, Black Diamond, une canne toute noire !

Allier esthétique et technicité, voilà le type de travail haut de gamme qu’aime réaliser Clément pour ses clients, qui sont de ce fait de plus en plus nombreux.
Crédit photo : Nicolas Bensussan

Du monde entier

Clément se met ainsi peu à peu à fabriquer des cannes pour des amis et le bouche-à-oreille fonctionne. Il cherche pendant des mois à dénicher les meilleurs blanks, qu’il fait maintenant venir d’Europe, des États-Unis ou de Nouvelle-Zélande. Il travaille les plus beaux lièges portugais pour les poignées. Cannes à mouche, spinning, casting, carpe… le terrain de jeu est quasi infini. Clément travaille la nuit, chaque canne nécessitant une trentaine d’heures, enchaînant les ligatures et alignant les anneaux comme personne. Le carnet de commandes ne désemplit plus. En juin 2019, il lance enfin Les Cannes du Limousin. «Quand quelqu’un m’appelle, on discute énormément, raconte Clément Mazouffre. Je veux savoir son budget bien sûr, mais surtout les poissons qu’il recherche, son environnement, l’esthétique. J’aime aussi connaître sa morphologie de pêcheur. Mon but n’est pas d’aller vite mais de faire propre ! »

Les gestes sont nets, précis, chirurgicaux. Il ne faut guère plus de quelques secondes aujourd’hui à Clément pour réaliser une ligature absolument parfaite. Le fruit de milliers d’heures d’essais et de perfectionnement
Crédit photo : Nicolas Bensussan

La démonstration

On peut tabler sur un budget moyen de 340 € pour une bonne canne mais il n’y a bien sûr pas de limite. Clément ne fait pas de cette passion un gagne-pain, ses marges sont limite insignifiantes. « Ça me plairait de gagner ma vie avec mon entreprise, avance Clément. Mais c’est risqué. J’ai deux enfants, un crédit… Un jour peut-être ?» Évoquant une éventuelle passerelle avec Caperlan, la marque pêche de Decathlon, Clément est clair : « C’est compliqué, ils ont des ingénieurs qualifiés pour ça, reconnaît-il. Mais donner mon avis, mon expertise, ce serait évidemment avec un grand plaisir. » En attendant, Clément nous a démontré l’efficacité de ses créations. Ce pur Limousin connaît les rivières de sa région comme sa poche. Il est d’ailleurs depuis deux ans et demi le président de l’AAPPMA La Pelaude, située à Eymoutiers, une association forte d’un demi-millier d’adhérents.

Clément dispose à proximité de chez lui d’un très appréciable et très pratique centre d’essai grandeur nature. C’est sur ce petit affluent de la Vienne géré par l’AAPPMA La Pelaude, dont il est devenu le président, qu’il vient tester toutes ses cannes.
Crédit photo : Nicolas Bensussan

Au courant de tout

 « J’y passe du temps, c’est de l’investissement, il y a beaucoup de sollicitations, de paperasses, fait remarquer Clément. Mais je suis le premier au courant de tout ce qu’il se passe ! » Il continue le travail de ses prédécesseurs: pas de déversement, gestion patrimoniale, avec des truites fario endémiques et plus de 100km de première catégorie à gérer. Clément a accepté de nous faire une petite démonstration, à la mouche, sur la Vienne, avec une de ses cannes, une 9 pieds pour soies n°4, 5 et 6 qui a nécessité 35heures de travail. Résultat : « Son action est rapide mais à tendance douce, décrit Clément qui sait mettre les mots sur chacune de ses cannes. Elle est très nerveuse et peut même paraître un peu rude. Mais quand on sort la soie, on se rend compte de sa douceur. Je pose à 20m sans effort, sans aucun problème !» Sur ces derniers mots, il me tend son jouet et, en effet, c’est un vrai plaisir. Les truites sont difficiles aujourd’hui. Pourtant, à force d’insister, sur ce linéaire qu’il connaît comme sa poche, il ferre un poisson de 25cm. Mais ses copines boudent, on ne s’attarde pas. Changement de stratégie et de technique sur un petit affluent barré par des branches. Il faut se frayer un chemin, en mode Sioux, se mettre à genoux, et pêcher en lancers courts et précis, avec une petite cuiller tournante n°1, dans 10 à 40cm d’eau.

Cette jolie truite fario d’une trentaine de centimètres sera relâchée après un rituel bien réglé: un petit bisou sur le museau. Une habitude prise quand il était enfant et pêchait la carpe
Crédit photo : Nicolas Bensussan

Belles sensations

Clément me montre ainsi une autre de ses cannes, une spinning de 2m… Si le rouge est purement esthétique, les autres critères ne doivent rien au hasard. Clément n’aime en effet pas les cannes très courtes sur ce style de ruisseau. Son action est rapide et, avec un bas de ligne de 4m en fluorocarbone, il estime que les sensations sont incomparables à la touche. « J’ai passé une vingtaine d’heures dessus. À l’origine, elle est conçue pour la pêche aux poissons-nageurs, sur des petites animations, précise-t-il. Elle est montée avec dix anneaux Fuji SIC, une rampe en micro-guides avec les premiers très éloignés du blank, pour être le plus possible dans l’axe du fil quand il sort du moulinet. »

Six brins, 6,8 pieds et 38,5cm d’encombrement! Ce format de poche a été développé d’abord pour un ami guide et motard. À glisser dans un sac à dos, pour pêcher les spots escarpés ou sous les frondaisons. Neuf mois de tests ont été nécessaires pour développer le blank avec un fournisseur américain et ne pas se tromper d’un millimètre dans l’espacement et l’alignement des anneaux. Conçue pour des soies n°4 et 5, la canne permet des lancers rapides, à 10-15m.
Crédit photo : Nicolas Bensussan

Incroyable résonnance

Cette fois, les prises s’enchaînent avec une douzaine de poissons, dont un 30 cm, et autant de décrochés en une heure. Pour avoir testé cette canne, j’ai été vraiment stupéfait par sa légèreté, son incroyable résonance, sentant chaque caillou, chaque brindille sur le fond. À chaque truitelle, les coups de tête ressentis dans tout le bras me font croire au miracle. Quelque chose me dit que je vais devoir repenser ma collection…

Contact

Les Cannes du Limousin
12, chemin du Petit Puy Mathieu
87110 Le Vigen
Tél. 06 47 16 56 92
Site : https://cannesdulimousin.wixsite.com/lcdl

 

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