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Comment faire du pré-fishing

La reconnaissance, ce que d’aucuns appellent pré-fishing, consiste à effectuer, sur un spot de pêche donné, une ou plusieurs sorties préliminaires pour essayer de cerner quelles sont les meilleures approches du moment, c’est-à-dire l’espèce, la technique et le type de poste à privilégier. On la pratique notamment avant une compétition. Une bonne méthodologie s’impose aux pêcheurs.

Il faut le savoir: reconnaître un spot ou un parcours, c’est passer plus de temps à chercher et tester qu’à réellement pêcher, le but n’étant pas de scorer ni de se faire plaisir mais de réunir un maximum d’informations pour des pêches futures. En fait, deux catégories de pêcheurs, compétiteurs et guides de pêche, sont principalement concernées. Tous essaient de trouver des solutions pour prendre du poisson, les premiers lors d’un futur concours, les seconds pour en faire prendre à leurs chers clients. Mais ce type d’investissement peut être aussi intéressant pour tout un chacun entamant sa saison après une longue interruption, ou voulant dégrossir les choses pour une session intensive de plusieurs jours (séjour à l’étranger, vacances). Consacrer une journée à cette reconnaissance peut faire gagner beaucoup de temps.

Les guides sont bien sûr intéressés au plus haut point à disposer de prédictions assez fiables.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Quel objectif ?

L’objectif peut être de trouver de quelle façon obtenir un maximum de touches ou de cibler les gros poissons. Les compétiteurs essaient généralement d’assurer un quota dans un premier temps, avec une tactique privilégiant donc le nombre de touches. Ce quota étant atteint, ils cherchent à l’améliorer avec des poissons plus gros, parfois avec une approche plus risquée car moins productive. On retrouve ce dilemme en guidage quand les clients veulent à la fois les touches et les beaux poissons, ce qui n’est pas toujours compatible. Idéalement, un guide doit pouvoir répondre à ces deux attentes, quitte à mettre le client devant ses responsabilités en expliquant le choix à faire.

Prévoir la rentabilité future des zones de pêche les plus profondes reste assez aléatoire.
Crédit photo : Michel Tarragnat

La pêche aux infos

Une première étape, la collecte d’informations, peut faire gagner beaucoup de temps. Si l’on peut en obtenir de récentes de quelqu’un qui pêche régulièrement le secteur, c’est autant de temps gagné et de pistes à privilégier. Ça peut être une connaissance, un confrère (quoique les guides sont généralement avares d’informations entre eux), un détaillant qui reçoit des infos de ses clients ou même un quidam bavard croisé au bord de l’eau. Les infos que l’on recherche sont du genre : qu’est-ce qui mord en ce moment, quand il y a plusieurs carnassiers ? Sur quel type de secteur, de profondeur, et avec quel genre de technique ? Si l’on ne connaît pas du tout les eaux en question, quels sont d’habitude les bons secteurs ? Ne vous attendez pas à recevoir des données précises et de grande valeur, ça peut arriver mais c’est rare ! Évitez le piège qui consiste à se fier aveuglément à des pistes parcellaires, toutes les sources ne sont pas fiables. Simplement, toute info même secondaire est bonne à prendre, c’est un point de départ. Regardez également s’il existe des cartographies téléchargeables, notamment sur votre traceur GPS ou votre Smartphone. L’idéal est d’avoir à la fois la carte des contours et la carte bathymétrique, très utile pour la navigation sur des eaux inconnues, pour repérer des secteurs prometteurs, marquer au GPS les zones où revenir, etc.

Les bons détaillants sont souvent très bien informés. Pensez-y !
Crédit photo : Michel Tarragnat

Faire un plan

La deuxième étape consiste à élaborer un plan, en fonction des objectifs et des infos glanées : par où commencer, quelles pistes privilégier, etc. ? Dans un premier temps, sauf si l’on a des infos très précises et fiables, on ne va pas chercher à creuser une hypothèse en profondeur, c’est-à-dire s’obstiner sur une zone ou avec une technique, mais plutôt se faire une vision d’ensemble et multiplier les essais. En compétition, on n’est jamais sûr à 100% de pouvoir profiter d’une zone intéressante, elle peut être prise par des concurrents.

Les zones de bordure, en général assez peu profondes, permettent d’obtenir facilement de solides informations. 
Crédit photo : Laurent Madelon

Plusieurs journées

En guidage, c’est pareil, et on ne va de toute façon pas faire pêcher un client toute la journée ou semaine sur le même secteur. Il faut donc avoir plusieurs cordes à son arc, plusieurs spots ou zones d’intérêt et même plusieurs types de pêche. Par exemple, dans les herbiers pour le brochet (toutes tailles), plus en profondeur pour le sandre, en pélagique pour les gros poissons, etc. Trouver tout ça en une journée est une gageure, surtout sur un grand biotope. Bien souvent, une bonne reconnaissance exige plusieurs journées. En tout cas, ça suppose de bouger beaucoup et d’insister assez peu sur chaque secteur. La chance peut jouer un grand rôle mais le flair aussi et bien sûr l’électronique. Sondeur ou imagerie instantanée permettent de voir ce qui se passe sous l’eau. Si un secteur est plus poissonneux, ça se voit vite, même si ça ne mord pas on y reviendra plus tard. Si on fait bouger, ou simplement si on observe, d’assez gros poissons sur un type de poste, c’est une info de qualité même si on n’arrive pas pour l’instant à concrétiser.

Très efficace en zones profondes, la verticale est néanmoins une technique d’exploration qui pèche par sa lenteur.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les techniques

Comme j’ai eu l’occasion de l’expliquer dans mes articles sur la recherche de la bonne profondeur (NDLR : voir la première partie dans notre n°921 et la deuxième partie dans notre n°922), la verticale est une technique de choix en mode reconnaissance, parce qu’elle permet d’observer les réactions de carnassiers que l’on fait bouger, ce qui n’est pas le cas en pêche à distance. Son défaut est d’être lente et donc chronophage. Plombez très lourd pour pouvoir avancer plus vite, et n’insistez pas longuement sur un secteur. Mais verticale et électronique ne permettent pas de valider ou invalider certaines options essentielles type bordure ou herbiers. Là, pas d’autre solution que d’essayer vraiment. L’avantage est que les pêches peu profondes permettent de comprendre relativement vite ce qui se passe car les poissons postés dans ces spots-là sont plus souvent actifs. Entre les prises, les ratés et les suivis, on se fait assez vite une idée.

Les cartographies modernes font gagner un temps considérable, en particulier sur les spots que l’on explore pour la première fois.
Crédit photo : Michel Tarragnat

Le bon timing

Le problème, en session de reconnaissance, est qu’il ne suffit pas de passer sur de bonnes zones pour les valider, il faut y passer au bon moment. Le timing est donc important. Il est plus logique de tester les zones peu profondes en début de journée, les plus profondes ultérieurement, parce que les probabilités de trouver du poisson actif en bordure sont plus grandes au lever du jour, surtout si l’eau est claire. Mais ce n’est pas une règle absolue, on voit souvent le brochet s’activer dans les herbiers en fin de matinée, ou quand le vent se lève en milieu d’après-midi. C’est là que l’expérience et le sens de l’eau peuvent faire la différence, mais la règle est de ne pas insister sur une belle zone où rien ne bouge, et d’y revenir une ou deux fois dans la journée si on la sent vraiment.

Sur un grand biotope, une grosse journée de reconnaissance peut imposer de parcourir des dizaines de kilomètres
Crédit photo : Michel Tarragnat

Les bonnes questions

On n’insiste pas plus d’une demi-heure, on essaie des secteurs éloignés et très différents. Si cet herbier n’a rien donné, faut-il en essayer un ou deux autres ou vaut-il mieux essayer des tombants, des pointes profondes, scruter au large des falaises pour chercher des pélagiques, quitte à retenter les herbiers plus tard ? En fait, se poser toutes ces très bonnes questions, c’est déjà y répondre.

Multi-techniques

Si l’on part sans a priori, il faut prévoir un peu de tout, surtout pour une approche multi-espèces. S’il est une circonstance où trimballer un maximum de matériel se justifie, c’est bien celle-ci. Mais vu le peu de temps imparti pour chaque poste, privilégiez les pêches rapides et les approches type drop-shot, wacky, finesse en dernier recours seulement, en présence de poissons qu’on n’arrive pas à déclencher. Il sera temps d’affiner plus tard.

Eloge de la bougeotte

Une extrême mobilité est de mise. Sur un grand biotope, ça peut se traduire pas une centaine de kilomètres de déplacements dans la journée. Ça peut sembler énorme mais avec un bateau rapide ça équivaut à deux heures de navigation pour huit ou dix heures de pêche. L’objectif est de s’assurer qu’on ne laisse pas trop de zones d’ombre, de secteurs entiers non évalués. Car il n’est pas rare que l’activité se concentre sur une partie d’un grand lac ou d’une grande rivière.

 

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Magazine n°923 - Avril 2022

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