Ouverture : le témoignage de Nicolas Doudeuil

1 Alain Maragou et Nicolas Delabarre : "A deux, c'est mieux"
2 Nicolas Doudeuil : "Je vise les grands brochets du fleuve"
3 Valentin Bernichon : "une chouette période pour la mouche"
4 Laurent Petit : "en surface, tout est possible"

Nicolas Doudeuil : "Je vise les grands brochets du fleuve"

Nicolas, tu officies en qualité de guide professionnel sur la basse Seine depuis bientôt 12 ans. Quelle est ton expérience sur les mois de mai et juin ?
Nicolas Doudeuil  : Elle est généralement très bonne, même si les années se suivent mais ne se ressemblent pas. À cette période, il y a beaucoup de sandres sur les bordures même s’il convient bien entendu de ne pas les déranger durant le temps du frai. Depuis 5 ou 6 ans, j’observe une belle évolution des populations de brochets, avec aujourd’hui des spécimens exceptionnels, au détriment du grand percidé. Même si les densités de sandres restent très satisfaisantes, je pense que l’espèce stagne. L’eau de la Seine, de plus en plus claire, est un facteur d’explication. Les belles perches ne manquent pas. Leur pêche au crankbait puis aux leurres de surface au fur et à mesure que l’eau se réchauffe offre de grands moments. Bien entendu, concernant le silure, bien que la pyramide des âges soit encore relativement jeune, il aime jouer le trouble-fête a fortiori lorsqu’on ne le recherche pas spécifiquement.

Comment s’est présentée ton ouverture précédente ?
N.D. : L’an passé, la température de l’eau n’a cessé de fluctuer avec des variations parfois surprenantes. Elle commençait à se réchauffer lorsqu’un épisode de froid survenait. Résultat, les sandres n’avaient pas encore frayé début mai. La fraie déjà tardive s’est ensuite interrompue pour reprendre en juin. Début juillet, il y avait encore des géniteurs sur les frayères. La météo était particulièrement instable. Le brochet et la perche ont en revanche bien répondu présents.

Quelle est la bonne température d’eau selon toi pour que les carnassiers soient installés et actifs ?
N. D. : À partir de 12 degrés notamment pour les brochets, les conditions deviennent très bonnes. Ils ont généralement frayé mi-mars et quittent assez rapidement les zones « shallows » pour redescendre entre 3 et 3,50 mètres de profondeur, au niveau du premier tombant. Bien entendu, ces poissons sont mobiles. Un coup d’eau, la fraie des brèmes et des rotengles, et on les retrouve à nouveau de façon intermittente sur les hauts-fonds pour festoyer. Il faut alors être dans le bon timing.

Tu recherches aussi les grosses perches dès l’ouverture ?
N.D. : Si les eaux sont en ordre, je les trouve dans les berges creuses, dans les bois immergés, les entrées de darses là où le courant change de rythme. Ce sont aussi autant des postes à sandre que mes clients remettent systématiquement à l’eau. Pratiquer avec des cranks de 8 à 9 cm, plongeant jusqu’à 4 m, permet une pêche sélective et rapide. Il faut chercher les grosses perches pour les trouver ! Ensuite, dès que l’eau se réchauffe, on rencontre de plus en plus de bancs de perches de taille moyenne qui montent en surface pour attaquer un popper ou un stick bait. Juin est un super mois pour opérer ainsi. Après le déchaînement collectif dans les alevins, les chasses sont parfois spectaculaires, il ne faut pas oublier de pêcher la couche d’eau intermédiaire ou sur le fond : les « grosses perchaudes » sont là pour ramasser les restes !

Pour en revenir au brochet, en début de saison, quel est ton mode opératoire ?
N.D. : Comme je le précisais, je touche l’essentiel des beaux poissons aux environs de 3,50 m. C’est à partir du mois de mai que je fais des pêches régulières. C’est principalement une prospection dans les milieux encombrés. J’opère alors avec des montages texans de grande taille qui équipent des shads de 20 cm. De grosses bouchées qui n’effraient pas les sandres non plus. En juin, je le recherche d’ailleurs spécifiquement avec ce type de leurres.